Le Livret d'épargne populaire va bientôt rapporter deux fois plus que son cousin le Livret A. Des millions de Français sont éligibles mais ne l'ont toujours pas demandé à leur banquier. Avec un taux de 4,6%, le LEP est pourtant un placement sans risque imbattable.

C'est un produit d'épargne qui souffle cette année ses 40 bougies. Et malgré son âge, le Livret d'épargne populaire (LEP), accessible sous condition de ressources, est encore loin de rencontrer le succès qu'il mérite. Pourtant, il offre une rémunération aujourd'hui imbattable pour un placement défiscalisé, dont le capital est garanti à 100% par l'Etat. Le taux du LEP, aujourd'hui à 2,2%, va passer à 4,6% à compter du 1er août.

En théorie, 18,6 millions de Français peuvent en ouvrir un auprès de leur banque. Pourtant, à la fin 2021, seules 37% des personnes éligibles détenaient un LEP, soit 6,9 millions, révèle ce mardi la Banque de France. « Le taux de détention du LEP, en dépit d'une rémunération relative plus attractive, est encore trop bas », a insisté son patron, François Villeroy de Galhau. En effet, pour les ménages dont le montant des revenus ne dépasse pas certains plafonds (20 297 euros pour un foyer fiscal d'une personne), le LEP est beaucoup plus intéressant que le Livret A, détenu aujourd'hui par plus de 8 Français sur 10, contre un sur 10 pour le LEP . En effet, le taux du livret A atteindra 2% le mois prochain. C'est donc une rémunération plus de 2 fois inférieure au 4,6% à venir du LEP, au moment où l'inflation devrait atteindre 5,5% sur l'ensemble de l'année.

Le LEP, le bouclier du pouvoir d'achat

« Le vrai produit d'épargne populaire doit être le LEP », a insisté François Villeroy de Galhau, alors que la hausse des prix mine le budget des ménages. En effet, selon l'article L221-13 du Code monétaire et financier, le livret d'épargne populaire est destiné à aider les personnes disposant des revenus les plus modestes à placer leurs économies dans des conditions qui maintiennent leur pouvoir d'achat. Ce n'est plus le cas pour le Livret A dont le mode de calcul a été révisé en 2018.

Pour la Banque de France, le message est clair : si vous y avez droit, ouvrez un LEP pour protéger votre épargne plutôt que de la laisser sur un Livret A. Alors que l'encours moyen sur un livret A est de 5 800 euros, il est possible de déposer jusqu'à 7 700 euros sur un LEP.

2022, l'année du LEP ?

Depuis le début de l'année, la Banque de France constate un frémissement. Les ouvertures de LEP se multiplient : 824 000 entre janvier et mai. Un afflux lié à plusieurs mesures : les conseillers bancaires peuvent désormais interroger directement le fisc afin de savoir si les conditions de détention sont remplies par le titulaire ou la personne qui en demande l'ouverture. Jusqu'ici, les ménages devaient transmettre leur avis d'imposition sur le revenu à leur banque pour justifier de leur éligibilité.

De plus, l'administration fiscale a envoyé un mail au mois de janvier aux Français éligibles au LEP pour leur présenter les principaux avantages et modalités de ce livret ( taux attractif, l'absence de prélèvements sociaux, la protection par l'État...). Résultat, en 2022, le nombre de LEP ouverts ne devrait plus diminuer. En 2008, 13,2 millions de particuliers avaient un LEP, contre 6,9 millions à la fin 2021.

Le gouvernement a d'ailleurs annoncé que la direction générale des Finances publiques va renvoyer un mail aux Français éligibles au LEP. « La mobilisation de tous, y compris des réseaux bancaires, doit se poursuivre », afin d'ouvrir « des millions de LEP supplémentaires dans les années qui viennent », souligne le patron de La Banque de France.

Les secrets du Livret A