Le gouvernement réunit jeudi après-midi à Bercy des parlementaires de la majorité et de l'opposition pour tenter de trouver des économies après l'envolée du déficit de la France à 5,5% du PIB en 2023, mais certaines oppositions ont d'ores et déjà annoncé boycotter le rendez-vous.

Mercredi soir, le Premier ministre Gabriel Attal a réaffirmé sur TF1 le « cap » de son gouvernement : ramener le déficit en dessous de 3% en 2027, un effort chiffré à 50 milliards d'euros par la Cour des comptes.

Pour ce faire, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire « va rencontrer les parlementaires, les élus, les partenaires sociaux » jeudi et « faire des propositions » en vue du budget 2025, qui sera présenté « fin juin », a indiqué le Premier ministre.

L'exécutif a prévenu début mars qu'il faudrait économiser au moins 20 milliards d'euros en 2025. La réunion au ministère de l'Economie et des Finances doit aussi permettre de réfléchir aux « économies supplémentaires » nécessaires selon Bruno Le Maire dès 2024, en plus de 10 milliards d'euros de coupes déjà actées en février.

L'exécutif subit la double pression des agences de notation, qui devraient actualiser la note de crédit française au printemps, et des oppositions politiques. Mercredi, l'agence Moody's a estimé « improbable » que le gouvernement atteigne son objectif de déficit de 4,4% du PIB en 2024 et de moins de 3% en 2027.

C'est pour trouver des économies « réalistes, documentées et significatives » que Bruno Le Maire et ses collègues Thomas Cazenave (ministre délégué aux Comptes publics), Catherine Vautrin (Travail) et Frédéric Valletoux (Santé) ont convié députés et sénateurs jeudi à Bercy.

Parmi les invités figurent les présidents et les rapporteurs généraux des commissions des Finances et des Affaires sociales des deux chambres du Parlement. En outre « tous les groupes parlementaires ont été invités », a indiqué Bercy.

Mais plusieurs formations ont décliné l'invitation, à commencer par le groupe LR. Seule exception : le sénateur Jean-François Husson, qui sera bien présent mais en sa qualité de rapporteur général de la commission des Finances. « Je n'y vais pas pour recevoir des leçons », a-t-il déjà averti.

Le chef des députés Liot Bertand Pancher a lui aussi indiqué qu'il boycottait la réunion, en l'absence d'engagement de l'exécutif à présenter un budget rectificatif devant le Parlement, dénonçant un « simulacre de concertation ».

« Plutôt qu'une réunion dans les arcanes de Bercy, nous demandons une loi de finances rectificative au plus vite pour que le Parlement ne soit pas mis à l'écart du débat budgétaire », ont aussi fait valoir dans un communiqué les sénateurs communistes et les députés du groupe GDR-Nupes, « un gouvernement qui décide seul doit assumer seul ».

Ils expliquent être en désaccord avec les pistes évoquées par l'exécutif, qui choisit de porter atteinte au « modèle de protection sociale » plutôt que de faire marcher la « justice fiscale » via une taxation des superprofits. « Nous ne participerons pas à cette mascarade », ont-ils affirmé.

Une seconde réunion à Bercy est annoncée pour le 9 avril, afin de chercher avec les associations d'élus locaux des pistes d'économies au sein des collectivités territoriales.