Comme le reste du marché immobilier, le secteur du neuf voit ses ventes baisser en 2022, touché notamment par la hausse des taux de crédit, le durcissement des conditions d'octroi mais surtout l'explosion des tarifs des matériaux.

Alors que le marché de l'immobilier ancien se prépare à une année plus que correcte (1 100 000 transactions) bien qu'en légère baisse par rapport à 2021 (1,17 million de biens vendus), les craintes concernant le marché du neuf sont nombreuses. En cause : en plus de la hausse des taux d'intérêts, d'un nombre de dossiers refusés en augmentation et de la suspension de la production de crédits immobiliers par certaines banques, le secteur du neuf souffre de la flambée des coûts de construction. Une hausse provoquée par l'explosion des tarifs des matériaux (acier, bois, aluminium, produits PVC, tuiles, menuiseries, carrelage...) et qui fait forcément augmenter les prix des biens.

Résultats, le Pôle Habitat FFB (Fédération Française du Bâtiment) explique dans un communiqué publié ce jeudi 20 octobre que « le marché de la maison neuve connaît une chute brutale depuis début 2022, avec des ventes à fin août s'écroulant de 16,8% sur un an, de 28% sur trois mois et de 26,8% sur huit mois (en glissement annuel). » Plus précisément, avec 114 800 ventes brutes sur douze mois à fin août 2022, le secteur est bien en dessous des 139 600 unités de 2021, et même sous sa moyenne de long terme (124 000 unités). Une mauvaise nouvelle, alors que l'espace extérieur reste l'un des principaux critères pour les futurs propriétaires.

Des projets difficiles à mettre en œuvre

Sans surprise, le logement collectif est lui aussi en recul. Les ventes pâtissent des mêmes contraintes que les maisons individuelles, avec toutefois une particularité selon Pôle habitat FFB qui note une « contraction de l'offre, en raison des difficultés rencontrées tant pour concrétiser les projets (obtenir des permis purgés de tout recours) que pour lancer les travaux (trouver des entreprises et maintenir les équilibres économiques). »

Interrogé il y a quelques jours par MoneyVox sur la question du logement, hilippe Buyens, fondateur et expert Immo de CapiFrance, mettait déjà en avant ces difficultés : « Entre le foncier qui reste cher, les matériaux qui augmentent, et des normes environnementales contraignantes qui alourdissent la facture, la situation est difficile aujourd'hui pour les promoteurs et constructeurs. »

Dans le détail, le logement collectif voit à fin juin 2022 ses réservations par les particuliers reculer de 9% sur deux trimestres en glissement annuel. Et la tendance est la même pour les mises en vente : après un rebond de 21,1% en 2021, elles s'inscrivent en recul de 9,8% sur les six premiers mois de l'année.

Face à ces difficultés, Pôle habitat FFB souhaite de son côté « soutenir les opérateurs, fragilisés par la crise des matériaux », mais appelle également le gouvernement à « relancer l'accession à la propriété », en renforcçant par exemple le PTZ grâce au rétablissement de sa quotité de 40% sur l'ensemble du territoire.