Les banques en zone euro ont fait état d'une forte baisse nette de la demande de prêts des entreprises au deuxième trimestre, tombée à son plus bas niveau depuis 2003, signe que la hausse des taux pèse toujours plus sur l'économie, a indiqué mardi la Banque centrale européenne.

La baisse a été « nettement plus forte que prévu par les banques au trimestre précédent », et atteint son « plus bas depuis le début de l'indicateur » explique la BCE dans son enquête trimestrielle sur le crédit bancaire.

La différence entre le pourcentage de banques ayant répondu que la demande de prêts a augmenté et celles ayant répondu qu'elle a diminué a atteint la valeur record de 42%, après 38% au premier trimestre.

Une nouvelle baisse nette encore attendue

La hausse des taux d'intérêt et la baisse des besoins de financement des investissements fixes « ont été les principaux moteurs de la baisse de la demande de prêts », constate la BCE.

Pour le troisième trimestre 2023, les banques s'attendent à une nouvelle baisse nette de la demande de prêts aux entreprises, mais « beaucoup plus faible qu'au deuxième trimestre », selon ce document qui tombe deux jours avant la prochaine réunion de politique monétaire de la BCE, qui doit déboucher sur une nouvelle hausse des taux d'intérêt.

Les banques sondées ont également fait état d'une forte baisse nette de la demande de prêts au logement, quoique moins prononcée que lors des trimestres précédents, dans un contexte où les ménages rechignent à investir dans la pierre.

La demande de crédit à la consommation a aussi été en berne, alors que le climat de confiance est bas.

Pour ces deux catégories de crédits le trimestre en cours devrait voir la tendance se poursuivre, selon la BCE.

D'avril à juin les critères d'approbation des prêts et lignes de crédit aux entreprises et aux ménages se sont durcis à nouveau, ajoute l'enquête.

« Le resserrement net cumulé depuis le début de 2022 a été substantiel », selon la BCE, les banques ayant commencé à durcir les conditions de crédit quand la guerre russe en Ukraine a fait grimper l'incertitude et que la BCE a entamé le resserrement de sa politique monétaire face à la flambée des prix.

La hausse des taux d'intérêt a représenté 4,0 points de pourcentage en cumul depuis un an. Cette politique conduit à un renchérissement des conditions de prêts accordés par les banques à l'économie, pour faire baisser la demande et l'activité économique, et donc in fine l'inflation.

Au troisième trimestre les banques de la zone s'attendent à un nouveau durcissement des conditions de crédit, conclut l'enquête