Depuis que le Black Friday a été importé en France, novembre est devenu un mois de promotions sur les crédits à la consommation, et donc de baisses des taux moyens. L'année 2022 fait exception, avec même de fortes hausses ces dernières semaines.

Attention, dernière période de soldes avant Noël ! Ces dernières années, le Black Friday, importé des Etats-Unis, a réussi à s'imposer en France comme un temps fort de consommation, au même titre que les plus traditionnels soldes d'été et d'hiver. Un phénomène que les établissements de crédits ont pris l'habitude d'accompagner en affichant, dans les semaines précédant l'événement, des promotions sur les taux de leurs prêts personnels. Résultat : la courbe d'évolution des taux moyens des crédits à la consommation connait habituellement un fort creux durant la première quinzaine de novembre.

Mais 2022 n'est décidément pas une année comme les autres. Les relevés effectués par notre partenaire, le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr, en effet, ne montrent rien de tel. Au contraire. Déverrouillé par la hausse, début octobre, des seuils de l'usure, le taux moyen des prêts personnels, tous projets, montants et maturités confondus, est passé de 4,24% à 4,56% à fin octobre. Sur les deux premières semaines de novembre, il a encore pris 14 points de base pour s'établir à 4,70%. En clair, il n'y a pas eu d'effet Black Friday cette année.

Chaque mois, MoneyVox vous propose, en partenariat avec le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr, son baromètre des taux. Il présente les taux moyens pratiqués dans une trentaine de banques, assurances et organismes de crédits, selon le type de projet, le montant du financement et la durée de remboursement souhaitée.

Le baromètre des taux - Novembre 2022
Automobile
(neuf et occasion)
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent2,79%3,85%4,35%5,56%
Taux moyen7,68%7,77%7,14%6,75%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,77%2,95%3,54%4,14%
Taux moyen3,43%4,42%4,67%5,02%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,67%2,88%3,55%4,19%
Taux moyen3,17%4,22%4,50%4,86%
TravauxSur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent3,50%3,87%4,34%4,65%
Taux moyen7,82%7,87%7,24%6,68%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,78%2,88%3,33%3,62%
Taux moyen3,53%4,46%4,70%4,94%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,68%2,80%3,43%3,76%
Taux moyen3,18%4,20%4,48%4,75%
Autres prêts
personnels
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros
Taux excellent3,31%4,35%4,98%5,70%
Taux moyen8,31%8,34%7,70%7,43%
Jusqu'à 15 000 euros
Taux excellent0,78%3,16%3,83%4,41%
Taux moyen3,79%4,69%4,93%5,17%
Jusqu'à 40 000 euros
Taux excellent0,71%3,10%3,86%4,39%
Taux moyen3,41%4,45%4,71%4,99%

Taux relevés au cours de la semaine du 14 novembre 2022. Données fournies par le comparateur de crédits à la consommation CheckmonCredit.fr

Les établissements préservent leurs marges

L'explication de cette exception 2022 tient en un mot : prudence. Les banques et les sociétés de financement spécialisées font actuellement face à deux sources de tension. La première est liée à l'adaptation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui entraîne une hausse des coûts de refinancement des prêts qu'elles distribuent. La seconde est une conséquence de l'inflation, qui fragilise sur le budget des ménages et augmente les risques d'impayés. Dans ce contexte incertain, « elles font le choix de préserver leurs marges », analyse Sergio Monteiro, fondateur de Checkmoncredit.fr, plutôt que de se lancer dans une surenchère concurrentielle.

Ce choix de la prudence est d'autant plus aisé à faire que le marché du crédit à la consommation, par ailleurs, se porte bien. Selon les chiffres de l'Association française des sociétés financières (ASF) à fin septembre, la demande est toujours au rendez-vous, notamment pour les crédits de trésorerie. La production de prêts personnels est en hausse de 14,1% sur les 9 premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 2021.

Le crédit renouvelable fait encore mieux (+15,3%). Longtemps en déclin, ce dernier retrouve une seconde jeunesse. « Cette hausse de la production est sans doute à relier aux difficultés financières ressenties par certains ménages en raison de l'inflation », analyse Sergio Monteiro. Des ménages fragilisés par la hausse des prix, qui peuvent être tentés d'utiliser le crédit renouvelable comme béquille budgétaire lors de fins de mois difficiles. Au risque d'accentuer encore leurs difficultés, étant donné le coût très élevé de ce type de crédits.