Selon les données de l'Observatoire Crédit Logement CSA du 2e trimestre 2022, les ménages les plus modestes ont plus de mal à acheter, que ce soit dans le neuf ou dans l'ancien. Ces derniers n'ont d'autres solutions que de s'endetter sur des durées de plus en plus longues.

Qui peut encore emprunter en juillet 2022 pour acheter un logement ? Face à la hausse des taux de crédit immobilier et un taux d'usure qui peine à suivre le rythme, le marché est de plus en plus tendu, à en croire l'Observatoire Crédit Logement CSA, qui a sorti ce mardi son analyse trimestrielle du marché immobilier.

La hausse des prix, ainsi que la guerre en Ukraine, sont deux facteurs mis en avant pour expliquer ces transformations du marché. Avec une inflation sur un an estimée à 5,8% en juin, les ménages perdent en effet du pouvoir d'achat immobilier. Et le conflit entre la Russie et l'Ukraine a également un impact, notamment sur les coûts des matériaux dans le neuf.

Le prix de l'immobilier continue de grimper, avant un ralentissement attendu

Ainsi, le coût des opérations réalisées dans le neuf progresse de +6,4% au premier semestre 2022. Dans l'ancien, si les prix ont tendance à se stabiliser, la baisse attendue n'a toujours pas eu lieu. Résultats : les emprunteurs doivent emprunter plus, présenter un apport personnel plus conséquent, ou bien accepter de chercher un bien avec une surface plus faible.

Des prêts de plus en plus longs

Résultat de ces différentes tensions, « les ménages disposant d'un faible apport n'ont plus d'espace sur le marché », analyse Michel Mouillart, économiste en charge de l'Observatoire. Ce dernier note d'ailleurs que le profil des emprunteurs change. Ils disposent désormais d'un apport personnel plus élevé (+28,8% depuis fin 2019), empruntent des montants plus importants, et ce pour acquérir des logements plus coûteux.

Si les personnes aisées peuvent continuer à emprunter, une partie de la population, notamment les ménages avec les revenus les plus faibles, est donc peu à peu exclue du crédit immobilier. « Le nombre de prêts accordés s'est affaibli depuis le début de l'année », confirme l'Observatoire. La production mesurée à fin juin en niveau trimestriel glissant recule à -12,5%, comme le nombre de prêts accordés (-9%).

Pour tenter de faire passer leurs dossiers, les emprunteurs les moins aisés se tournent alors vers les durées les plus longues. Ainsi, au 2ème trimestre 2022, 65% des prêts bancaires à l'accession à la propriété ont été octroyés sur une durée comprise entre plus de 20 ans et 25 ans, une proportion jamais constatée par le passé, note l'Observatoire Crédit Logement CSA. À l'inverse, la part des prêts les plus courts (15 ans et moins) diminue toujours : 13,6% du total de la production, soit le pourcentage le plus bas jamais relevé.

Crédit immobilier : 3 exemples de (bons) dossiers qui ne passent plus auprès des banques