Bon samaritain proposant de vous prêter gratuitement de l’argent, usurpation de l’identité d’une banque ayant pignon sur rue, offre de crédit sans justificatif de revenus ni de domicile… Les arnaques au crédit bancaire fleurissent sur internet. Notre mode d’emploi pour éviter de tomber dans le panneau.

« J’étais au fond du trou… Mère célibataire, je venais d’être licenciée. Sans revenus, je ne pouvais plus payer mon loyer ni nourrir mes 2 enfants. Mais j’ai réussi à m’en sortir par l’intermédiaire d’un ami qui m’a mise en relation avec un vieux monsieur qui s’est donné pour mission d’aider les personnes en difficultés, comme moi, à retrouver leur dignité. Il m’a prêté 50 000 euros, ce qui m’a permis de souffler et de me concentrer sur ma recherche d’emploi ». Sur les forums, dans votre boite e-mails ou en commentaire d’articles, vous avez probablement déjà lu ce type de témoignage.

Systématiquement, il se termine par le numéro de téléphone ou l’adresse mail de ce bon samaritain. Ne vous laissez pas prendre au piège, il s’agit assurément d’une escroquerie. Jamais vous n’obtiendrez de prêt. Et, au contraire, l’escroc va en profiter pour vous demander de l’argent, soi-disant comme prérequis au versement des fonds. Outre ce mode d’action, d’autres moyens, comme la création de faux sites internet, sont utilisés pour escroquer les personnes n’arrivant plus à joindre les deux bouts. Voici 4 indices qui doivent vous alerter.

1. Un interlocuteur mal identifié

Le crédit fait l’objet d’un cadre légal strict. Même les prêts entre amis sont réglementés. Cela évite les abus et facilite l’identification des tentatives d’escroquerie. En effet, pour être autorisée à proposer du crédit, une entreprise doit obligatoirement disposer d’un agrément. Avant de donner suite à une proposition commerciale, il est donc impératif, notamment si vous ne connaissez pas l’enseigne, de vérifier qu’elle est répertoriée dans le registre des agents financiers agréés (Regafi) ou sur le site internet de l’Orias qui référence notamment les plateformes de prêts entre particuliers autorisées en France.

Mais pour endormir votre vigilance, les escrocs peuvent usurper l’identité d’une enseigne ayant pignon sur rue. En principe, les banques et les régulateurs sont vigilants. Toutefois, il est possible qu’entre l’apparition d’un site internet falsifié et sa fermeture, quelques emprunteurs tombent sur ces arnaques. Pour les repérer, portez attention à la présentation de ces sites. Les erreurs sont particulièrement fréquentes : fautes d’orthographe dans le texte, adresse internet, adresse e-mail et autres dénominations qui ne correspondent pas totalement avec la banque usurpée. Exemple du site frauduleux BforFinance, repéré par l’Autorité des marchés financiers (AMF), dont le nom peut rappeler BforBank, la banque en ligne du Crédit Agricole. Ces cas d’usurpation épinglés par l’AMF sont à retrouver dans la liste noire des sociétés et sites non autorisés. L’absence de mentions légales, qui doivent décrire la société proposant l’offre de prêt, son capital social et ses coordonnées, est aussi le révélateur d’un intermédiaire frauduleux.

S’agissant du prêt entre particuliers, sans intermédiaire agréé, il y a aussi des règles, notamment la signature d’une reconnaissance de dette pour un emprunt supérieur à 1 500 euros et la rédaction d’un contrat de prêt. Par ailleurs, le prêteur ne peut agir que de façon occasionnelle. Mais la règle numéro 1 est évidemment de s’adresser à une personne de confiance. Or, un inconnu, contacté sur internet ou par téléphone, n’est probablement pas la personne la plus fiable. Méfiance donc.

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2. Un taux d’intérêt défiant toute concurrence

Pour débusquer une tentative de fraude au crédit, l’un des premiers conseils est évidemment de se méfier des offres trop alléchantes, vous promettant un taux d’intérêt proche de 0% avec une durée de remboursement longue et flexible. Problème, la nouvelle donne des taux bas peut brouiller vos repères. Comment savoir si ce prêt à 1% est une arnaque quand, au même moment, des reportages télé, des articles de presse ou encore l’affichage promotionnelle sur les devantures des banques mettent, eux aussi, en avant des taux d’emprunt à 1% voire moins ? Il est vrai que ces dernières années les banques ont largement baissé les taux d’intérêt de leurs prêts… mais essentiellement de leurs crédits immobiliers.

En revanche, s’agissant des prêts à la consommation – c’est-à-dire les financements qui ne se destinent pas à l’achat d’un logement -, les conditions d’emprunt ont peu évolué. D’après les dernières données compilées par la Banque de France, le taux d’intérêt moyen d’un prêt personnel est aujourd’hui de 3,5% soit, peu ou prou, la même moyenne depuis 2016. Il est vrai que certains établissements de crédit à la consommation mettent ponctuellement en avant des offres promotionnelles. Mais, en pratique, ces crédits conso à moins de 1% sont réservés aux emprunteurs aisés, capables de sortir l’équivalent d’un Smic par mois pour payer leurs mensualités. C’est pourquoi, avant de vous engager, il est important de vous renseigner sur ce que vous proposerait la concurrence. Pour ce faire, les outils de comparaison de crédit en ligne peuvent être une manière rapide d’y parvenir.

Conservez ces deux conseils en tête : méfiez-vous et ne vous précipitez pas, même si votre interlocuteur joue la montre. En effet, les arnaqueurs proposent généralement des taux d’intérêt particulièrement attractifs accompagnés d’une date limite de souscription proche, vous empêchant ainsi d’effectuer un certain nombre de vérifications : ne tombez pas dans le piège !

3. Des conditions d’octroi simplifiées à l’extrême, sans justificatif de revenus

Vous savez qu’il est nécessaire de comparer. Mais le fait est qu’à chaque fois votre situation financière est jugée trop faible ou trop précaire par les banquiers pour obtenir un financement. En cause, des ressources instables, insuffisantes, ou encore un taux d’endettement trop élevé. Ce sont ces refus en chaîne qui vous ont poussé à taper dans votre moteur de recherche « obtenir rapidement un crédit sans justificatif ». Et là, surprise, vous vous rendez compte que Cofidis, Oney Bank ou encore Younited Credit, établissements de crédit agréés, proposent des crédits sans justificatif, avec un déblocage des fonds en quelques jours. Mais voilà, le « sans justificatif » ne désigne alors pas ce que vous pensez, à savoir « sans justificatif de revenus ». Il désigne des crédits qui ne nécessitent pas de justifier à la banque de l’utilisation des fonds.

C’est normal, les banques et les établissements de crédits spécialisés sont tenus de vérifier votre solvabilité, c’est-à-dire votre capacité à rembourser votre emprunt. C’est pourquoi ils vous demandent les copies de vos dernières fiches de paie, de vos avis d’imposition, de vos relevés de compte... L’octroi trop rapide d’un financement doit, de fait, immédiatement attirer votre attention. Une acceptation de votre dossier sans présentation de documents probants et l’obtention d’un accord, avec des conditions d’emprunt très attractives, alors que toutes vos autres demandes se sont soldées par un refus, doivent vous mettre la puce à l’oreille.

4. Des frais réclamés de manière urgente et insistante

En contrepartie d’un crédit, les établissements financiers peuvent demander le paiement de frais de dossier et, éventuellement, de frais de garantie. Ces frais seront prélevés après le déblocage des fonds. Des frais réclamés avant d’obtenir un quelconque accord ou même avant le versement effectif du crédit sur votre compte sont révélateurs d’une arnaque.

Témoins et victimes d’une offre de crédit frauduleuse : vos recours

Cas n° 1 : vous avez subi un préjudice, par exemple en réglant des frais sans obtenir de crédit. Conservez un maximum de preuves : documents, échanges de mail, captures d’écran du site internet, etc. Contactez le service Info Escroqueries au 0 805 805 817. Cette plateforme téléphonique est joignable du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures 30. Votre interlocuteur vous suggérera alors probablement de vous rendre sur le site internet du gouvernement « pré-plainte-en-ligne.gouv.fr » pour porter plainte.

Cas n° 2 : vous êtes témoin d’une tentative de fraude. Vous pouvez dès lors signaler cette escroquerie afin d’éviter que d’autres utilisateurs en soient victimes. Pour cela, deux services distincts :