Compte tenu du contexte économique très favorable au prêt immobilier, les banques ont ces dernières années assoupli les conditions d'octroi : apport plus faible, durée d'emprunt plus longue... De quoi faciliter l'acquisition à la propriété des jeunes primo-accédants. Nos conseils pour obtenir un taux compétitif et des conditions d'emprunt optimales.

Même si devenir propriétaire avant 30 ans ans reste peu fréquent, la part des jeunes emprunteurs progresse. « On observe une tendance à la réalisation du premier achat immobilier de plus en plus tôt. Chez LCL, les moins de 30 ans représentent ainsi 15% de notre volume de crédits immobiliers, contre 10% il y a encore quelques années », explique ainsi Patrick Cuvillers, chef de produit crédit immobilier chez LCL. Une évolution que constatent également les courtiers. Chez Vousfinancer par exemple, les moins de 25 ans représentent 6% des emprunteurs en 2018, contre 4% en 2017. Mais l'achat immobilier et notamment le fait de s'endetter sur 20 ans, 25 ans voire au-delà peut faire peur... Les jeunes pouvant, qui plus est, se sentir moins armés que leurs aînés devant un banquier. Voici donc quelques conseils pour leur permettre de pousser la porte des agences bancaires un peu plus en confiance.

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Ne vous adressez pas uniquement à la banque de vos parents

Vous avez entre 20 et 35 ans ? Félicitations, vous êtes la principale cible des banques ! Ces dernières voyant en vous une clientèle d'avenir qu'elles pourront accompagner sur le long terme. Du coup, pour vous attirer, la plupart des établissements bancaires se livrent une concurrence accrue, en allant parfois jusqu'à octroyer aux jeunes des conditions d'emprunt réservées habituellement aux couples de cadres, observe Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer. Décote de taux pouvant atteindre 0,30 point, apport personnel facultatif, prêt à taux zéro spécifique, frais de dossier offerts et indemnités de remboursement anticipé gratuits... Autant d'avantages que vous pouvez aisément négocier en tant que jeune primo-accédant. Surtout si la banque anticipe que vos revenus vont rapidement grimper. D'où l'intérêt de consulter plusieurs enseignes et donc de ne surtout pas vous limiter à votre établissement actuel.

Obtenez un coup de pouce de votre ville

Pour rajeunir leur population et soutenir l'accession à la propriété des jeunes, nombreuses sont les municipalités à octroyer des aides aux primo-accédants. C'est le cas par exemple à Marseille avec son « Chèque premier logement ». Ce dispositif, destiné aux ménages modestes, permet d'obtenir une subvention de 2 000 à 4 000 euros, un prêt à taux zéro pouvant atteindre 20 000 euros et un crédit bancaire à un taux encadré dans un établissement partenaire. Autre exemple : à Toulouse, le « Pass accession toulousain » permet aux primo-accédants de la ville rose d'obtenir un crédit sans intérêts pouvant atteindre 10 000 euros. En conséquence, avant de rencontrer votre conseiller bancaire, rapprochez-vous de votre mairie pour connaître les éventuelles aides auxquelles vous avez droit.

Négociez l'assurance emprunteur

Si vous avez la trentaine ou moins, vous avez également tout intérêt à vous montrer exigeant quant à l'assurance emprunteur. Population moins à risque oblige, vous gagneriez en effet à prendre une protection individuelle plutôt que le contrat groupe de la banque. « En passant par la banque, les moins de 30 ans obtiennent un taux d'assurance entre 0,20% et 0,30%, alors qu'en délégation, il se situe autour de 0,10% », souligne Sandrine Allonier. Conscients de cela, les établissements bancaires s'adaptent, soit en abaissant leur taux annuel effectif d'assurance (ou TAEA), soit en acceptant plus facilement les demandes de délégation d'assurance. Confirmation au Crédit Agricole. « Si notre futur client vient avec une proposition de délégation qui couvre les risques que nous souhaitons a minima voir couverts, nous jouons la carte de la délégation », détaille Delphine Longuet, responsable marketing clients à la caisse d'Ile de France.

Soignez votre dossier de prêt immobilier

Même si les banques vous accueillent à bras ouverts, cela ne signifie pas qu'elles ne seront pas regardantes sur la tenue de votre compte courant. « Mieux vaut avoir un profil fourmi que cigale, rappelle ainsi Sandrine Allonier. Sur les trois derniers relevés de compte, il faut éviter les grosses dépenses de loisir et de se retrouver à découvert ». De plus, si vous habitez actuellement chez vos parents, il est judicieux d'augmenter votre effort d'épargne pour prouver à la banque que vous êtes en capacité de rembourser un prêt. En pratique, trois mois avant de demander un financement, la porte-parole du courtier recommande de « mettre de côté chaque mois au moins l'équivalent d'un loyer ».

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Anticipez votre reste à vivre et son évolution

Le reste à vivre, c'est ce qui reste sur votre compte, une fois payées les charges fixes (factures d'énergie, transport, remboursement des emprunts...), pour l'alimentation, les loisirs et l'épargne. Pour vous permettre d'assumer vos dépenses du quotidien, la banque tient compte de ce reste à vivre avant de vous faire une proposition de crédit. Ainsi, elle n'accorde souvent pas de prêt s'il se traduit par une mensualité qui dépasse un tiers de vos revenus mensuels.

En pratique néanmoins, les jeunes n'ayant pas toujours une situation financière et familiale stabilisées – ils vont peut-être avoir un enfant ce qui va augmenter les charges incompressibles – les banques peuvent préconiser une mensualité plus basse. Cela peut passer par un allongement de la durée de remboursement. En ce sens, certaines banques, à l'image de LCL, proposent d'amortir sur 30 ans le crédit immobilier. Une solution qui ne fait toutefois pas consensus parmi les banquiers. « Vous trouverez toujours un établissement ou un courtier qui sera d'accord pour vous prêter plus. Mais le montage qui en découle peut représenter une charge trop importante et vous mettre en difficulté », met ainsi en garde Delphine Longuet, responsable marketing clients au Crédit Agricole Ile de France.

En d'autres termes, la mensualité proposée par la banque peut ne pas correspondre à votre situation personnelle et vos habitudes de consommation. Par conséquent, avant d'accepter une offre de prêt, assurez-vous par vous-même que votre reste à vivre sera suffisant.

Est-ce nécessaire d'avoir de l'épargne de côté quand on est jeune ?

Dans la quête au prêt immobilier, les jeunes primo-accédants peuvent souvent faire l'impasse sur l'apport personnel. « L'apport s'analyse au cas par cas et n'est pas un critère pour obtenir le financement de sa résidence principale. Il n'influence pas non plus le taux d'intérêt proposé », nous exposait récemment Patrick Cuvillers de LCL. Toutefois, disposer tout de même d'un petit matelas de sécurité, ne serait-ce que 1 000 à 2 000 euros, est fortement conseillé voire indispensable. Car cette épargne de précaution vous permet de faire face en cas de dépenses imprévues ou de travaux supplémentaires dans votre nouveau logement.