Le CAC 40 a atteint son plus haut historique ce lundi. Un record intouché depuis la bulle internet des années 2000. Mais l'euphorie des marchés est-elle justifiée, ou faut-il tout vendre avant qu'il ne soit trop tard ? Décryptage.

Plus rien ne l'arrête. Mardi 2 novembre, le CAC 40 dépassait le cap des 6 922,33 points pour la première fois depuis le 4 septembre 2000, soit 21 ans auparavant. Depuis, l'indice vedette de la Bourse de Paris poursuit sa folle ascension. Ce lundi 8 novembre, il atteint ainsi un nouveau plus haut historique (7 067,10 points en séance) au terme de 6 séances consécutives dans le vert.

La vie du CAC 40 n'a pourtant rien d'un long fleuve tranquille. Au cours des 20 dernières années, l'indice a chuté à deux reprises sous la barre des 3 000 points, d'abord en mars 2003 puis début 2009. Sans compter que son niveau avait dégringolé à 3 632,06 points le 16 mars 2020, au plus fort de la crise sanitaire. Aujourd'hui, l'heure est donc à la fête pour les marchés financiers. Mais pour combien de temps ?

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Comment expliquer la flambée du CAC 40 ?

Il y a d'abord le soutien exceptionnel des Etats et des banques centrales à l'économie réelle. Près d'un an et demi après le début de la pandémie, la stratégie du « quoi qu'il en coûte » semble pour l'instant porter ses fruits.

La politique monétaire accommodante des banques centrales et les multiples plans de relance ont en effet permis un afflux massif de capitaux sur les marchés. Résultat : des taux historiquement bas, qui permettent aux entreprises de se financer à moindre coût. Sans compter que dans un environnement de taux dépréciés, la faible rentabilité des obligations renforce l'attractivité du marché des actions.

Les marchés ont également été dopés par l'arrivée des vaccins contre le Covid-19, qui ouvrent la voie à une reprise de l'économie mondiale après la pandémie.

L'année 2021 aura par ailleurs été marquée par l'arrivée d'une nouvelle génération d'investisseurs, plus jeune et imprévisible, avec la montée en puissance d'applications qui « ludifient » la Bourse, à l'image de Robinhood.

Pour compléter le tableau, les entreprises affichent d'excellents résultats au troisième trimestre 2021, dépassant ainsi les attentes du marché. Les valeurs bancaires, par exemple, enregistrent des hausses spectaculaires sur l'année : +129% pour Société Générale, +89% pour le Groupe Crédit Agricole et +79% pour BNP Paribas. De même, le secteur du luxe, qui représente à lui seul plus d'un quart de la cote, enregistre de belles performances sur les 10 derniers mois : +76% pour HERMES, +63% pour LVMH ou encore +39% pour L'Oréal.

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Quels sont les facteurs de risque ?

Cependant, tout n'est pas rose. Plusieurs facteurs sont susceptibles de tempérer l'euphorie des marchés financiers au cours des prochaines semaines.

Le spectre de la crise sanitaire, pour commencer, continue à faire planer le risque de nouveaux ralentissements économiques sur plusieurs régions du monde. La circulation du virus s'accélère notamment en Europe. L'Allemagne aurait ainsi vu son taux d'incidence sur 7 jours atteindre un niveau record.

Par ailleurs, avec les dernières annonces de la Fed, l'ère des liquidités illimitées semble toucher à son terme. La banque centrale américaine a annoncé mercredi qu'elle réduirait ses achats d'actifs de 15 milliards de dollars par mois. La nouvelle a toutefois été bien accueillie par les marchés, l'institution ayant garanti que le rythme de la baisse serait modulable selon la situation économique.

Enfin, en dépit du ton rassurant des banques centrales, l'inflation fait bel et bien son grand retour en 2021. L'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a récemment atteint son niveau le plus haut depuis cinq ans en France, mais aussi en Allemagne, en Italie et en Espagne.

Faut-il pour autant s'attendre à un krach ?

Interrogé par Le Monde, Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuilles chez Mirabaud estime que « Le risque majeur, c'est d'avoir, à un moment donné, de l'inflation forte et une dérive des taux d'intérêt qui remonteraient trop vite, trop fort et pourraient faire des dégâts sur le marché ».

Toutefois, le gérant se veut rassurant. Pour lui, il n'y aura pas de nouvelle bulle spéculative : « La grosse différence par rapport à 2000, c'est que le marché était concentré sur quelques valeurs technologiques, dont certaines ont disparu depuis. On achetait plutôt une perspective. Aujourd'hui la situation est différente, ce qui tient le marché est du réel. »

Un avis que tous les experts ne partagent pas. Dans une interview pour Capital, Charles Monot, co-fondateur et gérant de Monocle Asset Management s'inquiétait ainsi que « Les investisseurs en actions pensent qu'en cas de forte chute des cours, les banques centrales arriveront systématiquement à la rescousse. Mais désormais, après avoir tiré leurs cartouches pendant la crise du Covid-19, les grands argentiers semblent manquer de munitions en cas de nouveau choc. Les marchés d'actions sont donc actuellement très dangereux ».

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