Et si la bourse devenait un jeu ? C’est la promesse de BUX ou d'Invstr. Dans le sillage de Robinhood, la fintech américaine valorisée plus de 10 milliards de dollars, ces applications boursières d’un nouveau genre font le pari de rendre la bourse plus accessible et plus ludique.

Comment intéresser les jeunes à la bourse ? Pour les start-ups de la finance, dont l’américaine Robinhood, la britannique Invstr ou la néerlandaise BUX dont l’offre est disponible en France, la solution consiste à reprendre certains codes du jeu vidéo. Oubliez le jargon financier et l’interface austère des sites de trading classiques, ces « néo-courtiers », comme ils se présentent, proposent de boursicoter d’abord sans risque en jouant de l’argent virtuel, via une application mobile.

Dans un univers graphique aux couleurs vives, les joueurs s’affrontent dans des batailles de portefeuilles pour tenter de se hisser au sommet du classement et de débloquer des récompenses. Bien entendu, l’affaire ne s’arrête pas là. Une fois qu’il s’estime prêt, le joueur peut en effet délaisser les crédits virtuels pour placer de l’argent, bien réel celui-là.

Cette « gamification » de la bourse cible une nouvelle clientèle, plus jeune. Les utilisateurs de BUX, par exemple, ont en moyenne 30 ans. C’est nettement moins que la moyenne d’âge des détenteurs d’actions en direct. D’après l’Autorité des marchés financiers, 71,4% des actionnaires ont en effet plus de 45 ans.

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Des frais de courtage plus accessibles

Autre recette pour attirer les jeunes investisseurs : abaisser la barrière à l’entrée en proposant des frais de courtage bas. BUX et Invstr misent sur des commissions faibles. Comptez ainsi entre 0,08% et 1,08% de frais de courtage chez BUX, en fonction de l’abonnement choisi, du montant de l’ordre, du type d'ordre ou encore de la place boursière. Quant à Invstr, cette fintech facture 2,99 dollars par action. Elle propose aussi à ses clients d’acheter des fractions d’actions. Les frais tombent alors à 0,99 dollars par ordre. Moins onéreux que ceux facturés par les banques, les frais prélevés par ces « néo-courtiers » sont comparables à ceux des courtiers en ligne, comme Degiro.

De quoi réconcilier une génération marquée par la crise des subprimes avec les arcanes de la finance ? C’est en bonne voie, à en croire l’arrivée massive de jeunes investisseurs sur le marché au cours des derniers mois, attirés par la chute des bourses au printemps. Aux États-Unis, l’application Robinhood revendique avoir acquis plus de 3 millions de nouveaux membres pendant le confinement de mars, se hissant ainsi à la 16ème place des applications les plus téléchargées sur l’AppStore.

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Ces nouveaux investisseurs, souvent inexpérimentés, sont à l’origine de mouvements parfois surprenants sur les marchés financiers. Par exemple, début juin, l’entreprise immobilière chinoise Fangdd, pourtant peu connue, avait vu son action flamber de 400% en l’espace de quelques heures. Tout cela à cause du fait que plusieurs milliers d’apprentis investisseurs sur Robinhood auraient confondu le nom de l’entreprise avec l’acronyme FAANG, qui désigne les géants de la tech : Facebook, Amazon, Apple, Netflix, et Google, comme l’ont rapporté plusieurs traders et analystes cités par Reuters.

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Les risques restent bien réels

Les aberrations financières ne sont toutefois pas le seul risque soulevé par les récents succès de BUX, Invstr ou Robinhood. La gamification de la bourse pose en effet la question de l’accoutumance. Plus dangereux encore, elle brouille parfois les pistes entre le jeu et la réalité. Avec des conséquences parfois tragiques. Le 12 juin 2020, un étudiant américain de 20 ans s’est suicidé après avoir atteint un solde négatif de 730 165 dollars sur son compte Robinhood. « Avec le recul, je me rends compte que je n’avais aucune idée de ce que je faisais », constate le jeune homme dans une lettre expliquant son geste.

Si les applications boursières peuvent contribuer à démocratiser la finance et servir d'outils pédagogiques pour se familiariser avec le fonctionnement des marchés, la vigilance reste donc de mise pour éviter les dérives. D’autant que ces solutions s’adressent à une population jeune, parfois tout juste majeure, peu au fait des principes de diversification et d’investissement progressif à respecter en bourse. Des notions que d’autres fintechs à destination des jeunes investisseurs tentent de diffuser de manière tout aussi ludique. Citons notamment Ismo qui propose d’arrondir les paiements par carte à l’euro supérieur et d’investir chaque semaine ces petites sommes économisées sur des fonds d’investissement.

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