Après deux années noires, la Bourse de Paris a gagné 15,23% en 2012, rassurée par la survie de la zone euro, et la nouvelle année s'annonce bien, avec le goût retrouvé des investisseurs pour les placements en actions, en dépit de l'environnement économique fragile.

Entre le 1er janvier et le 31 décembre, l'indice CAC 40 a gagné 481,26 points pour terminer lundi à 3.641,07 points, proche de ses plus hauts de l'année. En 2011, le marché avait lâché 16,95%, après -3,34% en 2010.

« On pousse un ouf ! de soulagement », lâche Renaud Murail, gérant de portefeuille au sein de Barclays Bourse, qui prévoit une année boursière 2013 bien orientée et surtout « plus normale ». Un sentiment partagé par de nombreux investisseurs qui rappellent, à l'instar de ceux d'Edmond de Rothschild AM, que « l'année s'est bien déroulée, alors que c'était loin d'être gagné au départ ! ».

2013 devrait être placée sous le signe de la confiance retrouvée et de la prise de risque, avec un objectif de 4.000 points pour l'indice phare. Les douze mois qui viennent de s'écouler peuvent se partager en deux périodes : avant et après le discours du président de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

Avant le 26 juillet, le marché broyait du noir, sous la menace d'une implosion de la zone euro. Mais un tournant a eu lieu quand M. Draghi s'est engagé à tout faire pour sauver l'euro. A partir de là, les investisseurs ont repris progressivement confiance, voyant s'éloigner les risques d'un effondrement de la monnaie unique. Le rebond a été par la suite alimenté par des politiques monétaires favorables des deux côtés de l'Atlantique. Cette évolution était d'autant plus significative qu'elle est intervenue dans un environnement mondial détérioré et dans une zone euro en récession.

Pour une fois, le CAC 40 s'est mieux comporté que le Dow Jones américain (+7,34%) et les banques, baromètres de la confiance des milieux financiers, sont parmi les grandes gagnantes de l'année (+40%).

Fin 2012, la Bourse de Paris reprend goût au risque

L'année qui s'ouvre sera donc celle « d'une nouvelle donne européenne », pour Edmond de Rothschild AM. Car les investisseurs, désormais rassurés sur la zone euro, pourront se focaliser sur des données macroéconomiques mondiales et sur la santé des entreprises. « Fin 2012, le goût du risque revient sur les places boursières, élément moteur pour le marché actions », souligne M. Murail. Mais est-ce que cet appétit pour les actifs risqués résistera en cas de dégradation plus importante que prévu de la conjoncture ?, s'interroge-t-il. Une question qui reste ouverte mais n'empêche pas les gérants de se déclarer prêts à acheter des titres de groupes européens, d'autant que leurs faibles prix sont très séduisants. « L'espoir l'emporte sur la crainte », fait-on remarquer à KBL Richelieu.

Investissez dans la Bourse au meilleur prix ! 7 offres comparées

Pour Philippe Uzan, directeur des gestions de Rothschild AM, « c'est certainement le moment de saisir les opportunités dans les actifs risqués », comme les actions. « Les entreprises regorgent de liquidités, et devraient avoir une politique de dividende plus ambitieuse pour fidéliser leurs actionnaires. Elles pourraient également être tentées de se lancer dans des opérations de fusion-acquisition, ce qui est un vecteur de hausse de la Bourse », ajoute-t-on au sein du gérant.

Les valeurs minières et industrielles devraient être bien orientées après avoir souffert en 2012 du ralentissement mondial et sont actuellement peu chères, souligne le gérant Schroeder. Parmi les titres préférés des investisseurs figurent les groupes ayant des activités hors des frontières européennes mais également les entreprises qui ont des projets de « spin off » (scission) ou d'acquisitions.

Vivendi, qui est en train de restructurer son portefeuille, est cité comme disposant d'un fort potentiel de hausse, tout comme PPR qui veut se séparer prochainement de la Fnac, Lagardère qui va se désengager de Canal+ ou encore Carrefour dont la stratégie implique de céder de nombreux actifs.