Les valeurs bancaires gagnaient entre 5 et 6% vendredi matin à la Bourse de Paris, les investisseurs saluant la mise en place d'ici la fin de l'année d'un mécanisme permettant aux fonds de secours européens de recapitaliser directement les banques européennes en difficulté.

A 09h39, le CAC 40 prenait 2,64% à 3.132,63 points, grâce notamment aux valeurs bancaires. BNP Paribas s'envolait de 6,11% à 29,34 euros, Société Générale de 5,53% à 17,66 euros et Crédit Agricole de 5,17% à 3,36 euros.

A l'issue d'un sommet de la zone euro qui s'est achevé au petit matin vendredi, le président de l'UE Herman Van Rompuy a notamment annoncé la mise en place d'ici la fin de l'année d'un mécanisme permettant de recapitaliser directement les banques, sous certaines conditions, via les fonds de secours Fonds de secours de stabilité financière (FESF) et Mécanisme européen de stabilité (MES). « Si les fonds alloués sont suffisants, cela permettra de dresser une barrière entre les difficultés bancaires et budgétaires d'un pays », une avancée fondamentale, soulignent les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC.

La possibilité pour les fonds de secours de recapitaliser directement les banques était une demande forte de l'Espagne, qui cherchait à éviter que le plan de sauvetage de ses établissements financiers n'alourdisse sa dette publique au point de la rendre insoutenable.

« Quand ce sera prêt, le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourra avoir la possibilité de recapitaliser directement les banques », a déclaré M. Van Rompuy lors d'une conférence de presse. Un mécanisme unique de supervision financière sera établi, dans lequel « la Banque centrale européenne jouera pleinement son rôle », a expliqué de son côté le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Décision « capitale »

La zone euro est également prête à faire un usage plus « souple » de ces mécanismes financiers afin qu'ils puissent acheter directement de la dette étatique. Le soulagement était immédiat sur le marché obligataire, là où s'échangent les titres de dette déjà émis par les Etats. Les taux espagnols à 10 ans reculaient sous les 6,5% et ceux de l'Italie sous les 6%.

Autre avancée pour les opérateurs : le statut de créancier préférentiel devrait être retiré au MES pour rassurer les investisseurs qui rechignent à acheter de la dette espagnole de peur de passer après ce fonds de sauvetage en cas de défaut de paiement de la quatrième économie de la zone euro. Pour les analystes de Saxo Banque, cette décision est « capitale ».

« Un des problèmes majeurs de la Grèce était que les prêteurs officiels désiraient être prioritaires par rapport aux créanciers existants et cela avait immédiatement affecté les obligations souveraines grecques », soulignent-ils. Enfin, les marchés saluent le fait que l'Espagne et l'Italie ont finalement levé leurs réserves et donné leur accord au pacte de croissance d'un montant de 120 milliards d'euros.