Comment les Français aisés réagissent-ils face à la crise ? Adaptent-ils, et comment, leurs stratégies de placement ? Le 4e Observatoire annuel de l’UFF (1) passe au crible les préoccupations de la clientèle patrimoniale des banques.

« Lucides » et plutôt « pessimistes », les Français aisés ont, selon le communiqué de l’UFF, « intégré durablement l’environnement [économique] difficile (…) ». Ils sont ainsi 57% à avoir modifié cette année leur comportement d’investissement contre 51% l’an dernier et 45% en 2009.

Principale victime de ces arbitrages liés à la crise : l’assurance-vie en euros. « En 4 ans, l’appétence pour [ce produit] décroît très nettement », constate l’UFF. 57% seulement des personnes interrogées estiment que c’est le bon moment pour y investir leur épargne. Elles étaient 73% en 2009. Cette chute concerne également l’assurance-vie en unités de comptes et les actions, alors que l’attrait pour les obligations, au contraire, remonte fortement.

Le rendement, critère majeur

Que reproche la clientèle patrimoniale à l’assurance-vie ? Ses faibles rendements principalement. « Le rendement s’impose comme un critère majeur de choix », aux côtés du risque mais aux dépens de la régularité de la performance, explique ainsi l’UFF. Une évolution liée, selon elle, à la perspective d’une pression fiscale accrue en 2013 : « 22% [des Français patrimoniaux] disent vouloir reconsidérer fondamentalement la répartition de leur patrimoine, [un chiffre qui] passe à 41% pour les détenteurs d’un patrimoine global (immobilier compris) supérieur à 700.000 euros. »

Les Français aisés sont également de plus en plus nombreux (40% en 2012, contre 23% en 2009) à vouloir des produits « simples » et « lisibles » : en un mot, rassurants. Tous, toutefois, ne plébiscitent pas le Livret A, pourtant sûr et liquide : « Seulement 56% des patrimoniaux déclarent souhaiter utiliser [le relèvement du plafond du Livret A], ce chiffre descend à 45% pour les foyers disposant d’un revenu supérieur à 75.000 euros. »

Curiosité pour le « Duflot »

Parmi les placements qui les séduisent, l’UFF note par contre un intérêt croissant pour les « produits ancrés dans l’économie réelle » : PME non cotées (32%) mais aussi achat de forêts (24%) ou de vignes (20%). Mais c’est l’immobilier qui remporte toujours la majorité des suffrages.

44% des Français interrogés se déclarent ainsi intéressés par le futur « dispositif Duflot », du nom de l’actuelle ministre du Logement, qui devrait offrir en 2013 des réductions d’impôts en échange d’investissements locatifs dans le logement social. Mais leur préférence reste dans l’immédiat aux résidences pour les seniors (63%) et aux EHPAD (59%).

(1) Baromètre réalisé par l’Ifop pour l’UFF, banque spécialisée dans le conseil en gestion de patrimoine, à partir des réponses de 303 Français détenant des valeurs mobilières ou de l’assurance-vie, disposant d’un patrimoine (hors immobilier) de plus de 30.000 euros et ayant l’intention de réaliser un placement financier dans les deux ans.