Le Livret A a encore engrangé presque quatre milliards d'euros d'épargne en mai, après avoir déjà battu des records en avril avec une collecte de plus de cinq milliards, selon des chiffres publiés mardi par la Caisse des dépôts.

En mai, la collecte nette réalisée par ce placement - très populaire, défiscalisé et accessible à tout moment - a atteint 3,98 milliards d'euros précisément, un montant record pour ce mois, après 5,5 milliards un mois plus tôt.

Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), qui contribue au financement de l'économie sociale et solidaire, n'a pas non plus été en reste avec une collecte nette de 1,16 milliard d'euros. En avril, il avait enregistré une collecte historiquement élevée de près de deux milliards d'euros.

Au total, la collecte nette totale moissonnée par le Livret A et le LDDS réunis s'est élevée en mai à plus de 5 milliards d'euros. Cumulé sur les cinq premiers mois de l'année depuis janvier, elle a atteint déjà plus de 22 milliards d'euros, contre 13,7 milliards sur la même période en 2019. Cette activité très soutenue a porté fin mai l'encours total d'épargne placée sur les deux produits à 433,4 milliards d'euros, dont 316 milliards pour le seul Livret A.

Source des données : communiqués mensuels de la Caisse des Dépôts sur les flux et les encours du Livret A, du LDDS et du LEP.

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Cet embellie n'est pas le résultat d'une rémunération attractive : le taux de rémunération du Livret A et du LDDS a été abaissé en février de 0,75% à 0,5%, soit son plus bas niveau historique. En France, les mesures sanitaires mises en place pour lutter contre le Covid-19 ont entraîné la fermeture pendant plusieurs semaines des commerces non-essentiels, empêchant de facto les ménages de consommer. À cette épargne forcée s'est ajoutée une autre épargne, volontaire celle-ci, placée en réserve par certains ménages inquiets.

« Le côté épargne a prévalu sur celui de la consommation »

À cet égard, le mois de mai a été un mois d'entre-deux avec 11 jours de confinement suivis de 20 jours de déconfinement. « La réouverture des commerces aurait pu conduire les ménages à sortir de l'argent du Livret A pour réaliser les achats qui avaient dû être reportés. Il n'en fut rien. Le côté épargne a prévalu sur celui de la consommation », souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.

« Les ménages auraient pu laisser leur argent sur leurs comptes courants. Ce choix [des Livret A et LDDS] témoigne de la volonté de renforcer l'épargne de précaution, de se créer une cagnotte constituant une réserve en cas d'imprévu », ajoute cet analyste, estimant que cette situation « illustre un fort niveau d'inquiétude ». Selon lui, « les menaces pesant sur l'emploi et sur les revenus expliquent ce comportement de prudence » et « Le dégonflement de la cagnotte suppose la restauration d'un climat de confiance ».