5% en auto, un peu plus en habitation et près de 10% en santé... Les primes d'assurance vont peser lourd dans le budget des ménages en 2024. MoneyVox vous détaille ces hausses attendues, la manière dont elles sont justifiées par les professionnels et comment le gouvernement espère obtenir une forme de modération tarifaire.

Plus que jamais, en 2024, les clients auto, habitation et santé des compagnies d'assurance vont devoir se poser des questions sur leurs contrats. Pourquoi ? Parce que tous, en moyenne, vont voir leur prime augmenter. Et dans un tel cas de figure, commençons par le rappel essentiel : reprenez les garanties de vos engagements une à une pour savoir si elles vous sont toujours utiles, analysez le tarif demandé et comparez-le avec ceux de la concurrence, sans oublier que, souvent, des rabais sont proposés aux nouveaux venus.

Sans obligation d'aller plus loin, les experts conseillent de le faire tous les deux ans environ et, encore plus, depuis que la loi Hamon permet de résilier son contrat à tout moment après un an et de confier les démarches administratives au nouvel assureur. Et si vous pensez que MoneyVox exagère, face aux hausses attendues des primes d'assurance en 2024, même le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire appelle les Français à « faire jouer la concurrence » après leur avoir réclamé, sans succès, aux assureurs de faire preuve de modération tarifaire.

Assurance auto : mêmes causes, mêmes effets

Selon les estimations de plusieurs spécialistes du secteur comme assurland.com, Facts & Figures, Addactis et le courtier Meilleurtaux, les tarifs de l'assurance automobile devraient augmenter de 3,5 à 4%. Des pics à 5% pourraient même être enregistrés. Et ce en raison notamment de la répétition de sinistres climatiques, et de l'inflation du prix des pièces détachées (+10% sur un an).

« En deux ans, le coût total des réparations a augmenté de 14%, et il n'y a pas de raisons de s'attendre à une baisse des coûts des matières premières en 2024 », analyse de son côté Addactis. Et ce, malgré la libéralisation du marché des pièces détachées entrée en vigueur en janvier 2023 qui n'a pas produit d'effet immédiat car elle ne concerne que les véhicules âgés de plus de 10 ans.

« Plus de technologies embarquées, plus de voitures électriques sur les routes, une main d'œuvre qui se raréfie... en cas de dommage matériel, le prix des réparations s'envole », complète Olivier Moustacakis de chez Assurland auprès de MoneyVox. Selon le comparateur, le tarif moyen des contrats d'assurance auto atteint aujourd'hui 630 euros par an, avec des disparités entre les formules tiers, tiers étendu et tous risques.

Assurance auto : cette astuce pour payer moins cher quand on est jeune

Selon un sondage du comparateur Les Furets, cette hausse à venir est perçue comme injustifiée pour près de 3 Français sur 4 (74%), et plus encore chez les professions intermédiaires (83%) et les sondés sans activité professionnelle (83%). De leur côté, les assureurs ont obtenu pour avril 2024, la suppression de la carte verte d'assurance, espérée depuis de longs mois.

Assurance habitation : la hausse la plus importante depuis 10 ans

Selon les estimations des spécialistes du secteur assurland.com et Facts & Figures, les tarifs de l'assurance habitation devraient bondir de 5 à 6% en 2024. Une hausse qui n'avait pas été constatée depuis plus de dix ans. « Les violentes intempéries qui ont frappé la France cet automne vont peser sur les tarifs, explique Olivier Moustacakis. Les dégâts dus aux tempêtes et aux inondations sont estimés à près de 2 milliards d'euros (1,3 milliard pour Ciaran et Domingos, 550 millions pour les inondations). »

Face à cette situation le pire est à venir. Le gouvernement pourrait prendre la décision de rehausser le niveau de surprime « Catnat » qui représente en moyenne 27 euros par an sur un contrat d'assurance habitation. Sa revalorisation ferait passer le prélèvement à près de 41 euros, et donc le prix moyen d'un contrat à 268 euros par an. « Après une stagnation post-crise Covid, les tarifs d'assurance habitation grimpent. On atteint près de 40% d'augmentation depuis 2010 », commente Olivier Moustacakis. Les prévisions les plus pessimistes tablent sur des hausses de 130% d'ici 30 ans. « Au Royaume-Uni, les hausses constatées sont déjà de + 70% », souligne Christophe Dandois, le fondateur de l'insurtech Leocare.

Assurance santé

Mais le pire concerne les contrats d'assurance santé. Des hausses de l'ordre de 8 à 12% sont annoncées par les experts.

Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a demandé mi-décembre aux trois grandes familles de complémentaires santé (mutuelles, assureurs, institution de prévoyance) de limiter les hausses de cotisations.

Florence Lustman, la présidente de France Assureurs a estimé que des hausses étaient nécessaires pour préserver les équilibres économiques des complémentaires, dans un contexte de hausse inexorable des dépenses de santé. « Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse nationale, et cela s'accélère », a confirmé Eric Chenut, le président de la Mutualité française qui envisage sur une hausse de 8,1% pour 38 mutuelles, qui protègent 18,7 millions de personnes au total.

Le ministère de la Santé estime, lui, pouvoir « s'expliquer » des hausses « de 5 à 7% », mais pas plus...

Alors pourquoi ces pics de tarifs chez les assureurs ? « Ce secteur fait face de façon inéluctable au vieillissement de la population et à l'amélioration des technologies médicales, ainsi qu'à l'augmentation du prix des soins (+ 4,8% en 20223) », analyse Olivier Moustacakis qui table de son côté sur une augmentation moyenne de 4%.

En 2023, les complémentaires santé ont également dû absorber un transfert de dépenses de la Sécurité sociale de 500 millions d'euros sur les soins dentaires. Depuis octobre, les actes de soins sont remboursés à hauteur de 65% ou 55% du tarif conventionnel de l'assurance maladie, contre 70% jusqu'ici. De plus, elles estiment avoir à régler 1,4 milliard d'euros de dépenses supplémentaires l'an prochain alors que « la réforme du 100% Santé n'a pas diminué les dépenses de santé, bien au contraire », analyse Samuel Bansard du courtier Meilleurtaux.