En cette période de hausse des prix, de nombreux ménages rencontrent des difficultés financières. Pourtant, des solutions existent, parfois très simples, pour alléger son budget. Moneyvox vous propose 9 idées, concrètes et pratiques, pour réduire ses dépenses ou même récupérer des liquidités.

C'est devenu un sujet majeur. Le pouvoir d'achat est en berne, alors que le coût de la vie explose. Difficile de joindre les deux bouts quand ses revenus ne sont pas très importants. « Mais il ne faut pas culpabiliser », lance Soisic Rivoalan, chargée de mission à l'Unaf, spécialiste des questions de budget familial. « Il n'y a pas de solution magique, mais on peut trouver des souffles budgétaires. »

L'Unaf et le réseau des Udaf, agréés pour la défense des consommateurs, sont réputés pour aider les ménages en difficulté. « Il y a tout un tas de choses à mettre en place, mais beaucoup de gens n'y pensent pas », avertit l'experte. Pour Moneyvox, elle détaille un éventail de solutions, parfois méconnues, pour adoucir la situation.

1 - Scruter ses relevés bancaires

Avec la dématérialisation, on perd l'habitude de contrôler son relevé de compte mensuel. D'ailleurs, Soisic Rivoalan suggère de revenir au papier. « Bien sûr, quelqu'un qui regarde son appli bancaire tous les jours n'en a pas besoin. Mais avec l'immatériel, on peut avoir l'impression que les problèmes sont loin, même s'ils sont bien réels. » Bien que ce relevé papier soit parfois payant s'il n'est pas mensuel, elle juge que cela en vaut la peine : « Le gain que l'on peut avoir par rapport au coût peut être important. »

Parce qu'en explorant un relevé de compte, on peut trouver une mine d'informations précieuses. Le premier souci constaté, ce sont les abonnements oubliés. Streaming vidéo et musical, accès à la presse, au sport, aux jeux vidéo, à la lecture, bouquets TV... les offres se multiplient. « L'abonnement devient central dans notre mode de consommation, notamment pour les biens culturels...Ce sont à chaque fois de petites sommes, 10 ou 15 euros. Mais en cumulé, cela peut faire beaucoup », souligne la spécialiste.

Elle suggère donc de réfléchir à ses besoins : « On a peut-être des abonnements dont on n'a plus besoin. C'est comme la salle de gym : on paye le service, mais on ne l'utilise plus. » Problème : il faut réussir à résilier. « Ce n'est pas toujours facile de retrouver l'option dans son espace client, de savoir qui contacter... Tout le monde n'a pas la souplesse ou l'agilité numérique. » C'est ce « découragement » qui a tendance à rendre captif la clientèle.

Pourquoi vos relevés de compte bancaire sont incompréhensibles

Le relevé dévoile parfois tout un tas de prélèvements et micropaiements par carte bancaire. « Il y en a de plus en plus, générés par les applis et jeux sur smartphone. Cela peut être l'enfant qui active des options, utilise la carte des parents... », constate Soisic Rivoalan.

Scruter son relevé, c'est aussi la possibilité de détecter des arnaques et fraudes qui se développent massivement. En cas de doute, il faut prévenir sa banque pour éventuellement se faire rembourser. Et faire opposition à sa carte pour que les paiements cessent.

Il y a aussi les dons récurrents aux associations. Si la générosité est une qualité, quand les finances sont en berne, « cela peut être pertinent, même temporairement », de mettre en pause ces versements, suggère la chargée de mission à l'Unaf.

Enfin, le relevé de compte doit désormais afficher clairement les montants de frais d'incidents bancaires. « Cela permet de réaliser les choses », souligne Soisic Rivoalan.

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2 - Éplucher ses factures

« Gratuit le premier mois. » Qu'il s'agisse des offres internet, de téléphonie ou d'énergie, les options « offertes » se multiplient. Or cela dissimule une stratégie marketing éprouvée : beaucoup de clients ne pensent pas à les résilier, même s'ils ne les utilisent pas ! Un coup d'œil sur la facture peut permettre de les dénicher, et d'économiser de précieuses sommes.

Parmi ces options, on compte notamment des assurances (pannes, fuites, casse du téléphone...). « Le sujet de l'assurance est une des premières choses que l'on regarde. » Après avoir contrôlé si l'on disposait bien des couvertures obligatoires (habitation, voiture...), il convient de vérifier les doublons. « On est très souvent couvert plusieurs fois pour le même risque, ce qui n'a aucune utilité : on ne sera pas mieux couvert », souligne Soisic Rivoalan.

Ainsi, les contrats multirisques habitation incluent beaucoup de garanties : responsabilité civile, assurance scolaire... Inutile d'y souscrire une seconde fois ! Il en va de même pour les extensions de garantie ou assurances d'objets high-tech : l'assurance habitation couvre parfois ce besoin ! Des offres bancaires et cartes couvrent d'ailleurs d'office certains problèmes : perte des clés, assurances voyage, assistance rapatriement... Même si c'est fastidieux, il faut donc lire les « petites lignes » de ses contrats.

3 - Repenser son offre bancaire

Il est important de comparer les banques. Certaines offres, notamment en ligne, proposent des tarifs imbattables, et parfois la gratuité pour la carte bancaire et les principaux services. Parfois même sans condition de ressources. Et en plus, ces offrent incluent souvent une prime à l'ouverture de compte. De quoi inciter à changer de banque !

Choisir une offre adaptée est un élément crucial pour limiter les difficultés. Soisic Rivoalan n'est ainsi pas convaincue par les cartes à paiement différé. Bien sûr, l'opportunité de réunir et retarder ses paiements peut être intéressante pour limiter les incidents bancaires. Mais le jour où ils arrivent sur le compte, cela peut être très difficile. « Cela demande une grande rigueur budgétaire, une stabilité des ressources. C'est plus risqué que cela ne comporte d'avantages ! »

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Elle s'interroge aussi sur les cartes à autorisation systématique, type « Electron ». « Cela va convenir à certaines personnes, pour se rassurer et n'être jamais à découvert. Mais pour des personnes aux revenus instables, cela peut être vraiment bloquant. » Pour ces derniers, elle suggère même que l'usage du découvert « peut apporter un peu de souplesse ». Sans en abuser, bien sûr !

En cas de difficultés régulières, il existe l'offre « client fragile », encadrée par l'État. Pour 1 euro par mois, on bénéficie d'une carte à autorisation systématique, sans chéquier ni droit au découvert. En contrepartie, on reçoit des alertes et les frais d'incidents sont plafonnés. Une solution pour éviter d'être dépassé.

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4 - Limiter les crédits

Payer en 3, 4 ou 10 fois sans frais, cela peut sembler alléchant. Au-delà de l'électroménager ou des biens électroniques, on peut même payer ses courses ou ses vêtements par mensualités ! « C'est une forme de paiement différé, annonce Soisic Rivoalan. Cela pose la question de reporter le problème au futur. » Car elle prévient : « Attention à ce que ces offres ne s'accumulent pas... »

Si cela lui semble pertinent quand son frigo tombe en panne, l'experte de l'Unaf s'interroge sur le fait de régler à crédit son smartphone ou ses courses. « Là encore, cela demande une grande rigueur budgétaire. En matière d'économie familiale, on aura toujours une préférence pour le présent. »

Depuis des décennies, les grandes enseignes proposent des cartes de paiement. Ce sont les fameux crédits renouvelables, ou « revolving ». « Ils font partie des causes du surendettement », assure Soisic Rivoalan. Car ce crédit repose souvent sur un taux démesuré. Et à mesure que l'on puise dedans, on ne rembourse quasiment que des intérêts ! « Ces crédits sont difficiles à comprendre. Le risque est important. » En bref : cela doit être exceptionnel, et non pas une facilité pour faire du shopping !

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5 - Faire le point sur ses aides

RSA, prime de précarité, allocations familiales... En moyenne, on estime que 30% des personnes éligibles aux « aides légales » ne les demandent pas. Car beaucoup de Français ignorent qu'ils sont concernés.

« Un site est extrêmement bien fait pour cela : mesdroitssociaux.gouv.fr, certifie Soisic Rivoalan. Ce simulateur de droits sociaux permet d'avoir d'estimer ses droits aux prestations. » L'experte rappelle qu'il ne faut pas se contenter d'un seul essai. « La situation évolue. On peut, à un moment donné, obtenir des droits pour un trimestre. Cela peut être d'une grande aide. »

On le sait moins, mais il existe aussi des aides dites « exceptionnelles ». « Beaucoup d'organismes peuvent les attribuer : les centres communaux d'action sociale des grandes villes, la CAF... » Certaines communes disposent de fonds d'urgence pour les familles ou les jeunes. Et il ne faut pas oublier l'action sociale des mutuelles et caisses de retraite ! « Elles proposent des aides financières et d'autres actions. Cela peut aider à se sortir d'un mauvais pas », souligne Soisic Rivoalan. De quoi souffler un peu, même si ces aides ne pourront pas suffire en cas de « déficit budgétaire structurel ».

6 - Repenser son budget

Planifier les dépenses du mois peut semble complexe. Du côté de l'Unaf, on suggère donc de tester le « budget à la semaine ». « En calculant ainsi, les choses sont plus simples à envisager. C'est plus concret », constate Soisic Rivoalan. Et si l'on a un petit « souffle », comme une prime ou prestation inattendue, cela peut être l'occasion d'améliorer les choses, par exemple en remboursant un crédit en anticipation.

« On peut aussi penser à la microépargne, propose Soisic Rivoalan. Il n'y a pas besoin de gros montants. Cela peut permettre de faire face à des dépenses inattendues, comme des réparations. » Elle plébiscite notamment le Livret d'épargne populaire, dont le rendement actuel (6,1%) dépasse l'inflation. « On parle du Livret A, mais moins du LEP. Son plafond est de 7 700 euros, c'est déjà bien ! 18 millions de personnes sont éligibles et pourraient en profiter. » Au-delà de constituer une réserve de secours, les intérêts servis peuvent « alléger un peu la fin d'année ».

7 - Assumer le surendettement

Quand la situation devient critique, on peut envisager la procédure de surendettement. « On a tendance à penser qu'elle concerne de gros volumes de dettes. En réalité, si sa structure de budget est déséquilibrée, cela peut être utile même si les montants ne sont pas importants », explique Soisic Rivoalan.

Mais le dispositif fait peur. « On milite pour qu'il soit renommé « procédure de désendettement, ce qui serait plus positif », poursuit l'experte : car monter un dossier peut permettre de sortir la tête de l'eau « faire face à des problèmes financiers qui commencent à s'ancrer. Dans 40% des cas, cela aboutit à un effacement des dettes. » Ouvrir cette procédure, c'est aussi éviter le stress des conflits avec les créanciers, des recours en justice... « En fait, c'est une procédure qui sert à protéger la famille. » Un dernier recours qui peut changer la vie.

8 - Trop dur ? Les Points conseil budget sont là !

Conditions contractuelles, grilles tarifaires, appels aux services clients... Beaucoup de situations demandent expertise et technicité. Si l'on ne se sent pas armé, on peut se tourner vers les Points conseil budget (PCB).

Gratuits et accessibles sans condition, ces services labellisés par l'État sont répartis sur tout le territoire. Le réseau Udaf en anime près de la moitié. « Les conseillers sont neutres, sans intérêt commercial, signale Soisic Rivoalan. Ils sont tenus à la confidentialité et ne sont pas là pour juger les personnes sur leurs choix et leurs priorités. Le seul intérêt est celui de l'individu, du ménage. »

Experts, ces conseillers sont à même d'analyser les factures, les relevés de compte. Ils peuvent proposer des conseils budgétaires, aider à une résiliation, accompagner des demandes d'échelonnement de créances, vérifier les aides publiques. « Ce n'est pas un lieu d'accompagnement social au long cours. On est dans une aide plus ponctuelle. » On peut s'y rendre en cas de difficultés, mais aussi pour anticiper les risques. Il ne faut pas hésiter à les contacter !

Bonus : contrôler sa fiche de paye

Le chiffre fait froid dans le dos. Selon plusieurs études, un tiers des fiches de paye des Français contiendraient des erreurs ! Cotisations sociales inexactes, prélèvements surévalués (notamment pour l'impôt à la source), calculs des titres-restaurants, de la part mutuelle, des jours de congés ou d'absence, primes oubliées...

Les problèmes peuvent être nombreux, et souvent involontaires de la part de l'employeur. On a donc tout intérêt à vérifier si tout est en ordre, y compris dans le passé, car la loi prévoit un délai de trois ans pour réclamer son dû. Mais comprendre ce document n'est pas aisé.

La première solution, c'est de comparer avec ses collègues. Il est également possible de contacter les représentants du personnel. Ou même, en cas d'erreur manifeste, de solliciter les services RH, qui trouvent souvent des solutions. En dernier recours, on peut se tourner vers les services juridiques des syndicats.

Pour des sommes plus importantes, on peut saisir les avocats spécialisés en droit du travail et les experts-comptables. Car même si le service est alors payant, le gain de temps et d'argent peut améliorer grandement son budget !

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