La prime Macron permet aux entreprises de verser une prime exonérée de prélèvements sociaux et fiscaux, en complément de votre salaire. Depuis sa création, en 2019, le dispositif a été reconduit chaque année sous des modalités différentes. Mais combien vous a-t-il réellement rapporté ?

Fin 2018, suite à la crise des Gilets jaunes, plusieurs mesures d'urgence économiques et sociales avaient été votées par le Parlement. Parmi celles-ci, l'emblématique « prime exceptionnelle de pouvoir d'achat » (Pepa), dite « prime Macron ».

570 euros de prime moyenne

En 2021, les entreprises pouvaient ainsi verser une prime exonérée de prélèvements sociaux et fiscaux jusqu'à 1 000 euros (voire 2 000 euros en cas d'accord d'intéressement) aux employés dont le salaire ne dépassait pas 3 fois le Smic annuel.

Le dispositif, quoique facultatif et laissé à l'appréciation de l'employeur, a suscité l'intérêt. Au total, 2 milliards d'euros ont été versés dans le cadre de la prime Macron en 2021. Pour les 3,7 millions de salariés concernés, la prime moyenne reçue en complément du salaire est de 570 euros par bénéficiaire, d'après les données de suivi de l'Urssaf.

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En l'absence de prime Macron... deux à six fois de primes en moins

Sans la prime Macron, ces 3,7 millions de salariés auraient-ils été privés de tout complément de rémunération ? Non, estime l'Insee : même en l'absence de ce dispositif, « certains employeurs auraient tout de même versé au moins une partie du montant de cette prime sous forme de prime salariale non exonérée ».

Selon les estimations du bureau des statistiques, sans prime défiscalisée, seulement 15% ou 40% des montants ainsi versés en supplément de salaire en 2021 auraient dans tous les cas bénéficié aux salariés. L'Insee avait souligné voici 2 ans déjà que les employeurs saisiraient l'effet d'aubaine de cette prime Macron, en profitant de ce bonus de rémunération sans « charges patronales » pour le subsituer dans certains cas à une rémunération qui aurait pu être versée sous une forme différente.

Un « cadeau » de l'Etat qui s'ajoute à celui de l'employeur

L'Insee tente aussi de chiffrer le « cadeau » que l'Etat fait aux salariés, en ne ponctionnant ni cotisations sociales ni impôt sur le revenu sur cette prime Macron. Si jamais tous les primes PEPA 2021 avaient été fiscalisées et soumises à cotisations, alors le Trésor public aurait prélevé en tout 170 euros par ménage concerné. L'Insee estime ainsi à 170 euros supplémentaires par ménage (en plus des 570 euros effectivement touchés par bénéficiaire en 2021) le gain en pouvoir d'achat généré par ce dispositif. Soit 460 millions d'euros d'exonérations sociales et fiscales au total.

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Plafonds revalorisés depuis juillet 2022

Ces montants pourraient augmenter à l'avenir puisque, suite à l'adoption de la loi pouvoir d'achat, en juillet dernier, le plafond de la prime Macron a été rehaussé à 3 000 euros, voire 6 000 euros en cas de dispositif d'intéressement ou de participation. Soit trois fois plus qu'auparavant.

La « prime exceptionnelle de pouvoir d'achat » ou PEPA a d'ailleurs changé de nom pour devenir la « prime de partage de la valeur », ou PPV. Et son montant atteint en moyenne « 710 euros » en 2022, selon Bruno Le Maire. En vigueur jusqu'à la fin décembre 2023, le dispositif sera sera ensuite pérennisé mais deviendra imposable à partir de 2024.

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