Exit la prime Macron version PEPA, bienvenue la prime Macron version PPV, pour prime de partage de la valeur. Potentiellement plus généreuse, et surtout pérenne, la nouvelle prime Macron vous a-t-elle privé d'une hausse de salaire plus durable fin 2022 ? L'Insee répond indirectement à cette question...

Nom de code : « prime de partage de la valeur ». Surnom : prime Macron. Montant moyen : 806 euros, en 2022, selon l'Insee. Bénéficiaires : « près de 5 millions de salariés », toujours selon l'Insee, qui se base sur les remontées statistiques de l'Urssaf.

D'un strict point de vue comptable, la prime Macron revue et corrigée au 1er juillet, prenant lieu et place de la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (PEPA), est un succès : le nombre de bénéficiaires rebondit et le montant de la prime versée explose par rapport aux primes Macron des dernières années.

La PEPA version 2019 avait profité à 4,8 millions de salariés, pour un montant moyen de 401 euros, la PEPA 2020 a été versée à plus de 6 millions de salariés, à nouveau pour 590 euros de bonus moyen, et la PEPA 2021 faisait légèrement moins bien avec 506 euros de prime moyenne pour moins de 4 millions de bénéficiaires.

La prime de partage de la valeur change la donne : le plafond a été triplé, passant de 1 000 à 3 000 euros, voire 6 000 euros en cas d'accord d'intéressement, et elle perd son caractère exceptionnel pour s'inscrire durablement dans la loi. Reste un caractère exceptionnel, en 2022 et 2023 : pour l'heure elle est totalement défiscalisée, aussi bien pour l'employeur que pour le salarié. En 2024, cette défiscalisation intégrale prendra fin. Comme pour la PEPA, cette prime reste toutefois facultative : c'est l'employeur qui décide ou non de la verser à ses salariés, la seule limite à l'avantage fiscal étant de réserver ce bonus ponctuel aux salariés gagnant moins de 3 fois le Smic.

De « potentiels effets d'aubaine »

« Les bénéficiaires représentent ainsi 30% de l'ensemble des salariés », constate l'Insee dans sa note de conjoncture trimestrielle, publiée ce mercredi 15 mars, dans laquelle un éclairage est consacré à la PPV. « Les montants versés par bénéficiaire sont, en moyenne, plus élevés dans la finance et dans certains secteurs de l'industrie et, à l'inverse, moins élevés dans les transports, le commerce et l'hébergement-restauration », observe notamment l'Insee.

La prime Macron version 2022 - dans la forme qui perdure donc en 2023 - a selon l'Insee contribué à « l'accélération du salaire moyen par tête », en comptant les 4,1 milliards d'euros de primes défiscalisées versées aux salariés. Mais ce bonus sans impôt ni cotisations sociales prend-t-il la place d'une véritable augmentation de salaire ? L'Insee ne répond pas directement à cette question... mais livre des indices parlants.

« La prime ne peut pas, en théorie, se substituer à des augmentations de rémunération ni à des primes prévues par un accord salarial ou par le contrat de travail, rappelle l'Insee. Cependant, l'analyse des dispositifs passés du même type montre qu'en l'absence de cette mesure, des employeurs auraient sans doute versé, sous une forme différente, une partie au moins du montant de la prime à leurs salariés. »

« A peu près 30% de cette prime se serait substituée à du salaire mensuel de base »

Lors de la conférence de presse de l'Insee, Julien Pouget, chef du département de la conjoncture, livre un autre élément d'analyse : « S'agissant du salaire mensuel de base, celui dont les évolutions conditionneront les évolutions à plus long terme, il a moins évolué au 4e trimestre 2022 que ce qu'il aurait pu évoluer sans la PPV. » Sous-entendu : les hausses du salaire net mensuel fixe auraient pu être plus importante.

« A peu près 30% de cette prime se serait substituée à du salaire mensuel de base, poursuit Julien Pouget. Pour parvenir à ce résultat, nous avons fait la différence avec ce qu'aurait dû être le salaire de base [et ce qui a effectivement été versé]. » Julien Pouget nuance tout de même l'impact sur le salaire fixe : « Attention, elle a pu se substituer à d'autres parties du salaire, comme une part variable par exemple. »

Prime Macron de la fin 2022
Secteur d'activité Montant moyen Nombre de bénéficiaires
Industries agroalimentaires 723 € 109 600 salariés
Cokéfaction et raffinage3 416 € 6 800
Biens d'équipement784 € 157 000
Matériels de transport 855 € 215 500
Autres branches industrielles795 € 574 900
Énergie, eau et déchets724 € 203 800
Construction815 €522 800
Commerce667 € 948 600
Transport 630 € 389 200
Hébergement et restauration 689 € 200 500
Information et communication924 € 203 900
Services financiers 1 242 € 362 000
Services immobiliers848 € 76 200
Services aux entreprises 876 € 795 900
Services aux ménages734 € 194 500
Ensemble806 €4 961 100

Source : données DSN provisoires, Urssaf Caisse nationale et traitements Insee.

Votre prime Macron va-t-elle vous priver d'une hausse de salaire ?