Hausse du tarif réglementé de l'électricité dès février, possible augmentation des prix d'acheminement du gaz en juillet... L'année 2024, marquée par la sortie progressive du bouclier tarifaire, ne s'annonce pas de tout repos pour les consommateurs. MoneyVox fait le point.

La fin d'une époque qui va être marquée par une hausse nette des factures d'énergie en 2024. La sortie progressive du « bouclier tarifaire », lancé à l'automne 2021, est en marche et va conduire les tarifs de l'électricité (tarif réglementé) et du gaz (prix repère) à grimper. Voici pourquoi.

Vers une double hausse du tarif réglementé de l'électricité

Les tarifs réglementés de l'électricité (TRV) concernent 23 millions de clients en France. Mauvaise nouvelle pour ces ménages, une augmentation de l'ordre de 10% est d'ores et déjà actée pour le 1er février 2024 car la fin de l'encadrement d'Etat, qui prend encore en charge « 37% de la facture », selon la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, induit une hausse du tarif bleu.

Plusieurs experts envisagent aussi une seconde hausse du tarif réglementé en août 2024. En 2023, des augmentations de 15% en février et de 10% en août avaient déjà été décidées par la Commission de régulation d'énergie (CRE) et Bercy.

Dans ce contexte, la CRE travaille sur une remise à plat de l'option « heures pleines et heures creuses » des tarifs réglementés de vente de l'électricité. Pas toujours assez avantageuses, elle connaît un regain de forme avec les offres dites d'effacement tarifaire.

C'est le cas, par exemple, du contrat Tempo d'EDF, qui occupe souvent la tête du Top 5 des offres pour les ménages qui se chauffent à l'électricité, réalisé chaque mois par MoneyVox. Le principe est le suivant : les tarifs varient selon les jours de l'année et les heures d'utilisation. EDF a défini des jours bleus (300 par an), des jours blancs (43 par an) et des jours rouges (22 par an) avec des écarts de prix de 1 à 5.

La promesse d'un gain pouvant atteindre 600 euros par an a séduit 500 000 clients en 2023. A date, une famille qui chauffe son logement et consomme 8 500 kilowattheures par an sera facturée 1 437 euros avec Tempo contre 2 075 euros au TRV, si elle respecte les baisses de consommation recomandées les jours où l'électricité est plus chère.

En décembre, le comparateur du médiateur de l'énergie recensait plus de 50 contrats de la part des différents fournisseurs. Et ces derniers rivalisent d'offres promotionnelles avant la hausse des prix pour recruter des nouveaux clients. Néanmoins, comme chaque changement de contrat, méfiez-vous des mensualités trop basses au premier abord.

Malgré tout, l'année 2024 devrait voir arriver de nouvelles règles pour protéger les consommateurs. Si vous avez quitté les TRV pour une offre de marché ou que vous voulez changer de fournisseur, vous pouvez le faire gratuitement et sans coupure. Malgré tout, des dérives existent. La CRE a présenté en décembre des aménagements pour empêcher les dérapages tarifaires constatés depuis deux ans et imposer un cadre plus contraignant aux fournisseurs d'énergie.

Avec les services du médiateur, il est notamment proposé de mettre en place une catégorisation des offres contractuelles. Trois catégories pourraient être créées : les offres à prix fixe, les offres à prix indexés sur une référence publique telle que les tarifs réglementés de vente d'électricité ou le prix repère du gaz, les autres offres liées aux évolutions du marché. De leur côté, les associations de défense des consommateurs attendaient mieux.

Une députée de la majorité Renaissance espère aussi voir adopter une proposition de loi qui vise « à protéger les consommateurs d'énergie. » Au menu : interdiction des coupures pour impayés, meilleure lisibilité des offres et protection du consommateur en cas d'évolution tarifaire sont au menu de ce texte qui n'est pas prévu à l'agenda pour le moment.

Par ailleurs, une réforme du marché est prévue. L'Etat et EDF ont signé un accord qui fixe des nouvelles règles pour le prix de l'électricité. Il prévoit un niveau de prix moyen autour de 70 euros le MWh pour toute l'électricité nucléaire produite par EDF à partir de 2026. Avec ce nouveau système, le gouvernement assure qu'il y aura une « protection permanente » du consommateur sur les prix de l'électricité.

Des perspectives sombres pour le prix du gaz

Bonne nouvelle côté gaz pour 12 millions de foyers qui en consomment ! Le prix repère du gaz, qui a succédé depuis juillet au tarif réglementé (TRV) depuis juillet dernier, est en repli, pour la première fois, au titre du mois de janvier. Depuis juillet, le prix repère a grimpé de 21,1% pour les petits consommateurs et de 27% pour les ménages se chauffant au gaz.

Données indicatives fournies par la Commission de régulation de l'énergie (CRE)

© MoneyVox

Le prix repère, qui a pris la suite du tarif réglementé cet été, est publié autour du 8 du mois précédent par la CRE. Les offres des fournisseurs de gaz ont tendance à suivre ce tarif indicatif. Et avec les fluctuations du marché de gros, des risques de hausses massives ne sont pas à écarter dans les mois à venir.

Et ce n'est pas tout. Le tarif d'acheminement, qui représente un tiers de la facture gaz totale des ménages, pourrait augmenter de 30% cet été. Cela correspond à une hausse des tarifs de 6,3% pour les clients utilisant le gaz pour se chauffer, et de 11,3% pour ceux qui usent ce combustible pour leur cuisine ou chauffe-eau.

Des estimations qui pourraient encore être revues à la hausse, selon le niveau de l'inflation. Ces augmentations sont proposées par la CRE mais c'est le gouvernement qui aura le dernier mot et validera, ou non, cette hausse qui s'applique pour 3 ans, minimum.