Un accord sur le nouveau prix de l'électricité vient d'être signé avec EDF. L'Etat promet une « stabilité » pour les factures d'énergie des consommateurs. L'association de consommateurs CLCV dénonce une hausse à venir d'au moins 10% sur la facture d'électricité des ménages.

Les négociations ont abouti. Ce mardi matin, l'Etat a annoncé un accord avec EDF qui fixe les contours de la nouvelle régulation du prix de l'électricité.

Depuis une dizaine d'années, EDF doit vendre environ un tiers de sa production nucléaire au prix de 42 euros le MWh à ses concurrents fournisseurs alternatifs. Un tarif jugé insuffisant par EDF alors que le reste de l'électricité vendue sur les marchés se fait aujourd'hui à un niveau bien plus élevé. L'ancien patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, qualifiait même ce système de poison, privant EDF de ressources.

Des fournisseurs d'électricité ont-ils vraiment fait flamber votre facture en fraudant EDF ?

Un prix du MWh qui passe de 42 à 70 euros

L'accord dévoilé aujourd'hui fixe un niveau de prix moyen du MWh autour de 70 euros pour l'ensemble de la production d'électricité produite par EDF. Il entrera en vigueur à partir de 2026 et pour une durée de 15 ans. « EDF est une entreprise nationalisée », mais « EDF doit être rentable, nous ne sommes pas en Union soviétique », a indiqué le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui se refuse à voir le fournisseur historique vendre son électricité à « prix cassé ».

Selon le gouvernement, cette nouvelle organisation reposera sur « un mécanisme de plafonnement des prix pour protéger les consommateurs ». Il sera activé « dès lors que les prix d'EDF seraient significativement supérieurs au prix d'équilibre moyen de 70 euros le MWh ».

Ainsi, dès que le prix moyen dépassera les 78 à 80 euros le MWh, la moitié des revenus supplémentaires d'EDF au-delà de ce seuil iront « à la collectivité », donc aux consommateurs. Et si le prix moyen dépasse 110 euros, la captation de ces revenus excédentaires passera de 50% à 90%.

Ce nouveau dispositif permettra au consommateur une « protection permanente » sur les prix de l'électricité, aux entreprises de préserver leurs « atouts de compétitivité », et à EDF de « garantir le financement de ses investissements futurs, en particulier dans les nouveaux réacteurs nucléaires », a plaidé Bruno Le Maire.

L'Etat et EDF s'entendent sur le dos des consommateurs

Un optimisme qui tranche avec l'analyse de l'association de consommateurs CLCV. Elle estime que « l'Etat et EDF s'entendent sur le dos des consommateurs pour facturer un prix du nucléaire exorbitant ».

« L'État et EDF ont négocié le nouveau prix du nucléaire sans aucune consultation extérieure alors même que depuis le printemps les associations de consommateurs proposaient un débat approfondi sur la gestion du nucléaire. Ce procédé est inadmissible et produit un résultat qui augmentera injustement la facture des ménages de plus de 10% », estime la CLCV dans un communiqué.

Interrogé ce midi sur France Inter, François Carlier, délégué général de la CLCV, a enfoncé le clou : « C'est une mesure très préjudiciable pour le pouvoir d'achat. A partir du moment où on passe le prix du MWh de 42 euros à 70 euros, évidemment les factures vont flamber... En vitesse de croisière, cela va être une augmentation de 10 à 15% pour les ménages ».