Alors que le CAC 40 pulvérise tous les records, les actions des banques françaises enregistrent une croissance spectaculaire depuis le début de l'année. Pourquoi est-ce que la valorisation boursière de votre banque s'envole ? Est-il encore temps de profiter de la hausse ? On vous dit tout.

L'heure est à la fête pour les banques. L'indice Stoxx Europe 600 Banques affiche des performances impressionnantes : +38% depuis le début de l'année, contre +22% pour le marché européen dans son ensemble.

Les actions des banques françaises semblent également avoir retrouvé les faveurs des investisseurs, avec des plus-values pouvant aller jusqu'à +74% pour Société Générale, +39% pour BNP Paribas ou encore +30% pour le Crédit Agricole.

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L'heure du bilan

Il faut dire qu'elles en ont fait du chemin depuis 2008. Face au durcissement de la législation dans les années qui ont suivi la crise des subprimes, les banques ont déployé des efforts considérables pour nettoyer leur bilan des créances douteuses.

L'introduction de ratios de solvabilité, de liquidité et de nouvelles contraintes sur les fonds propres a longtemps grevé la rentabilité du secteur, déjà fragilisée dans un environnement de taux bas. Sans compter l'impact désastreux de la crise sur l'image des acteurs bancaires, longtemps boudés par les investisseurs.

Mais les efforts des banques semblent aujourd'hui payants. « Les banques ont solidifié leur bilan au cours des dernières années. Leur ratio de solvabilité et leurs fonds propres atteignent à présent des plus hauts historiques, ce qui rassure les investisseurs sur leur capacité à traverser les crises », explique Frédéric Garcia, responsable salle des marchés chez Bourse Direct.

A cela vient s'ajouter la réponse rapide des régulateurs face à la crise sanitaire. La politique monétaire accomodante des banques centrales - avec l'injection massive de liquidités sur les marchés et le maintien de taux d'intérêts faibles - a permis aux banques d'emprunter à moindre coût pour soutenir l'économie réelle.

Résultat ? « En 2008, les banques étaient à l'origine de la grande crise et de la récession qui a suivi. En 2020, elles ont été vues comme une solution. Elles se sont fait le relais de la politique monétaire et de la relance étatique », explique Thibault Douard, gérant de fonds de Tikehau Investment lors d'une interview pour Boursorama.

Par ailleurs, les banques se préparent à d'éventuelles pertes lorsqu'elles prêtent. Pour amortir ce risque, elles font des provisions dont le montant varie selon leur estimation des pertes attendues. Or, au début de la crise sanitaire, les banques avaient anticipé une explosion du taux de défaut. Elles avaient par conséquent renfloué leurs réserves.

Toutefois le coût du risque est finalement demeuré à des niveaux historiquement bas tout au long de la crise, en grande partie grâce aux massifs plans de relance des Etats. Par conséquent, les banques n'ont pas eu besoin de piocher dans leur bas de laine.

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Des résultats records

Autre signal fort pour les investisseurs : les banques ont publié leurs résultats financiers pour le troisième trimestre 2021 et les chiffres dépassent toutes les attentes, soutenus par la reprise économique mondiale. Société Générale, enregistre par exemple un bénéfice trimestriel record de 1,6 milliard d'euros.

« Le groupe Société Générale réalise un excellent trimestre avec des performances commerciales et financières élevées dans tous les métiers et une amélioration du coefficient d'exploitation », a commenté son directeur général Frédéric Oudéa.

Même son de cloche du côté de BNP Paribas, dont le résultat net s'établit à plus de 2,5 milliards d'euros, en croissance de 32,2% par rapport au troisième trimestre 2020. Du côté du Crédit Agricole, le bénéfice net a bondi de plus de 25% à plus de 2,2 milliards d'euros

La bonne nouvelle, c'est que les banques ont bien l'intention de partager ces bénéfices avec leurs actionnaires. Plusieurs enseignes ont d'ores et déjà annoncé des plans de rachat d'actions, parmi lesquelles on retrouve justement Société Générale (470 millions d'euros) ou encore BNP Paribas (900 millions d'euros). Suite à ces bonnes nouvelles, les analystes d'UBS viennent de réitérer leur recommandation d'achat sur le titre de la banque d'un monde qui change. Ils s'attendent à ce que BNP Paribas redistribue 60% de ses bénéfices à ses actionnaires dès l'année prochaine.

Dernier point, et non des moindres : le retour de l'inflation s'avère bénéfique pour le secteur. Les banques tirent en effet une partie de leurs revenus de la différence entre le taux auquel elles prêtent et celui auquel elles empruntent.

« Après avoir souffert des taux bas pendant plusieurs années, les banques sont aujourd'hui gagnantes sur les deux tableaux : les taux à court terme restent bas mais sont repassés en territoire positif, tandis que les taux longs remontent », observe Frédéric Garcia.

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La hausse peut-elle se poursuivre ?

Reste à savoir si l'envolée des valeurs bancaires est pérenne. Difficile à dire, bien qu'a priori, rien ne semble indiquer un risque de surchauffe pour l'instant.

« Le price to earnings ratio (1) des banques est habituellement équivalent à 75% du price-to-earning ratio des entreprises. En ce moment, il est plutôt à 50% », observe Thibault Douard. Pour l'expert, le secteur reste à ce jour sous-coté. La valorisation des banques vient seulement de renouer avec son niveau de 2009. Par contraste, le CAC 40 atteint depuis quelques jours des records absolus.

Une baisse n'est pas à exclure pour autant. Les aides d'Etat aux entreprises et aux particuliers vont disparaître progressivement, ce qui pourrait se traduire par un rebond du taux de défaut. Par ailleurs, les investisseurs devront garder un œil sur l'évolution de l'inflation. « Une remontée brutale des taux d'intérêt au cours des prochains mois impacterait négativement le marché dans son ensemble, y compris les banques », signale Frédéric Garcia.

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(1) Le price to earnings ratio (PER) est une méthode souvent utilisée pour évaluer la valeur d'une action.