D'après une étude publiée par La Banque Postale, les hausses à venir du taux du Livret A pourraient amputer la collecte en assurance vie de plusieurs milliards d'euros. A moins que les assureurs ne décident de donner un coup de pouce à la rémunération 2022 de leurs fonds euros.

Forte inflation, hausse à venir des taux de la BCE : tout est réuni pour que le Livret A et ses cousins (LDDS, LEP, CEL) connaissent dans les mois à venir de fortes hausses de rémunération. Selon toute vraisemblance, le taux du Livret A sera porté à 1,5% dès le 1er août. La hausse actuelle des prix pourrait même justifier d'aller plus loin, mais une subtilité de sa formule de calcul limite l'écart entre 2 hausses consécutives à 0,5 point. Il pourrait en revanche s'envoler, début 2023, au-delà des 2%. Jusqu'à 2,3%, selon une récente étude de la Direction des études économiques (DEE) de La Banque Postale.

Quelle conséquence une telle hausse pourrait-elle avoir sur les arbitrages des Français entre épargne réglementée et assurance vie ? C'est la question que s'est posée la DEE. Pour y répondre, elle a regardé dans le rétroviseur. « Les données historiques tendent à montrer qu'une réduction de l'écart de rendement support Euro - Livret A pèse sur la collecte nette Euro de l'assurance-vie », note-t-elle dans son étude. « D'après les modèles développés (...), un resserrement de 100 pb \[points de base, NDLR] de l'écart de rendement Euro-Livret A (traduit par une hausse du Livret A de 100 pb) entraînerait ainsi une baisse de la collecte Euro de 11,5 milliards d'euros la même année, toutes choses égales par ailleurs (...).

Les assureurs sous pression

En 2021, le Livret A a rapporté 0,5% net et les supports en euros 1,3% en moyenne (1), selon France Assureurs. En 2022, l'écart devrait être beaucoup plus serré, voire inexistant. La DEE anticipe donc une forte baisse de la collecte, qui pourrait affecter également les unités de compte.

A moins que les assureurs ne décident d'accorder un coup de pouce à la rémunération des fonds euros, en s'appuyant sur le stock de provision pour participation aux bénéfices (PPB). « Nous pouvons (...) anticiper un scénario où les assureurs dévieraient de leur comportement moyen en matière de PPB afin de stimuler le rendement Euros de +0,4 pt en 2022 et +0,3 pt en 2023. Le rendement Euro s'établirait alors à 1,7% ces deux années(...). Cela permettrait d'inverser l'écart de rendement moyen entre les deux supports sur 2022 et de le réduire en 2023 », annonce la DEE, qui poursuit : « D'après les simulations des modèles (...) évoquées précédemment, un tel coup de pouce des assureurs sauvegarderait 4,6 milliards d'euros de collecte nette Euro en 2022 et 5,8 milliards en 2023, par rapport à un scénario sans coup de pouce sur le rendement (...). »

Assurance vie : le comparatif des offres

(1) Taux moyen net des frais de gestion, mais avant prélèvements fiscaux et sociaux.