Pour doper votre assurance vie, vous souhaitez confier la gestion de votre contrat à un professionnel. Mais comparer les offres de gestion pilotée n’est pas si simple… Notre mode d’emploi.

1,40% net de frais de gestion : voilà ce que rapportent désormais, en moyenne, les fonds euros de l’assurance vie…. Pas assez à votre goût, si vous faites partie des 56% des Français à estimer que l’épargne sans risque devrait rapporter au moins 3% par an (1). Pour tenter de gagner plus, vous avez donc pris la décision de miser un peu plus sur les unités de compte. Mais comme vous n’avez ni le temps, ni l’envie de mettre les mains dans le cambouis, vous comptez confier cette mission à un gestionnaire d’actifs, en optant pour la gestion pilotée (aussi appelée gestion sous mandat).

La gestion pilotée de plus en plus accessible

La gestion dite « pilotée » s’adressait auparavant aux épargnants ayant plusieurs dizaines de milliers d’euros à placer. Mais ces dernières années, les courtiers web et les banques en ligne l’ont quelque peu démocratisée en abaissant le ticket d’entrée à la gestion sous mandat à 1 000 euros investis, voire moins.

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Pour passer en gestion pilotée, il est inutile de prendre rendez-vous avec une société de gestion (Amundi, Edmond de Rothschild et autres Lazard Frères). C’est l’un des gérants partenaires du contrat qui va s’occuper de votre assurance vie. Le plus souvent, il n’y en a qu’un. Parfois deux ou trois. Chacun propose et gère alors ses propres mandats. En revanche, vous aurez bien un choix à faire. Un choix d’apparence simple, qui peut finalement s’avérer cornélien… celui de sélectionner votre profil de gestion (aussi appelé mandat de gestion ou mandat d’arbitrage). Ce profil détermine le niveau de risque que peut prendre le gestionnaire avec votre argent. Plus concrètement, il indique notamment la répartition cible entre fonds euros et unités de compte (fonds actions, obligataires, monétaires, diversifiés, ETF…).

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Ne pas s’arrêter aux seules dénominations des mandats

En fonction du contrat et du distributeur, vous pouvez avoir accès à 1, 2 voire 10 profils différents. Dans les faits, le plus souvent, vous avez le choix entre 3 profils : « prudent », « équilibré » et « dynamique ». Mais ne vous fiez pas à ces seules dénominations. « Aucune grille, aucune norme ne définit aujourd’hui ce qu’est un profil prudent, équilibré, agressif ou dynamique », souligne Guillaume-Olivier Doré, fondateur de la plateforme d’épargne Mieuxplacer. Effectivement, sur la vingtaine de mandats examinés, les « prudent » - dont les variantes marketing peuvent être « modéré » ou « défensif » - peuvent contenir entre 20% et 60% d’unités de compte (sans garantie en capital).

« Aucune norme ne définit ce qu’est un profil prudent, équilibré, agressif ou dynamique »

Il ne faut pas non plus se baser seulement sur les informations, souvent succinctes, présentes sur les sites internet des banques et des courtiers, mais lire attentivement les conditions générales du contrat. Ce document contient notamment le descriptif des différents mandats d’arbitrage proposés. A la lecture de plusieurs notices, vous constaterez alors que certains mandats peuvent préciser non pas un pourcentage cible mais une fourchette par type de support. Une subtilité qui n’est pas anodine. « Donner la possibilité à la société de gestion d'investir jusqu'à 80% sur des unités de compte ou l'obliger à respecter a minima cette proportion sont deux approches très différentes. Et pourtant, dans les deux cas, les mandats associés s'appellent souvent “dynamique” », avertit Sébastien d’Ornano, président de Yomoni.

Regarder la note de risque associée au profil de gestion

A chaque profil de gestion est également associée une note de 1 à 7. Il s’agit d’un indicateur de risque, le SRRI. Plus celui-ci est élevé, plus la société de gestion va miser sur des fonds volatils mais à l’espérance de gains élevée. Pour faire simple, cet indicateur correspond à la moyenne des SRRI individuels de chaque fonds sous-jacent. Cette note a le mérite d’être synthétique… peut-être trop puisque deux profils peuvent avoir le même score de risque et pourtant contenir des fonds très différents. « Un gestionnaire peut par exemple placer la moitié de l’épargne sur un fonds euros et l’autre moitié sur des fonds actions très volatils et obtenir un SRRI de 4, quand une autre société de gestion sélectionnera un mix entre SCPI et diverses unités de compte toutes notées entre 3 et 4 », nuance Guillaume-Olivier Doré.

Un niveau d’information en libre accès disparate

Pour vous informer sur les assurances vie et les offres de gestion pilotée, votre réflexe est probablement de consulter les sites internet des banques, des assureurs et des courtiers en ligne. Mais, en fonction des enseignes, vous risquez de ne pas trouver beaucoup d’informations concrètes. « L'année dernière, nous avons mené une étude comparative du niveau d'informations délivré aux prospects auprès de plusieurs acteurs. Le résultat était assez dramatique. Dans certains cas, il fallait attendre d'être devant le conseiller, prêt à signer, pour obtenir une réponse à nos questions », nous explique ainsi Sébastien d’Ornano de Yomoni.

Dans son viseur, essentiellement, les banques traditionnelles. A l’inverse, les banques en ligne et les courtiers donnent plus d’informations directement sur leur site. Il y a toutefois des améliorations possibles. « Nous militons auprès de l'ACPR et de l'AMF [les régulateurs financiers, NDLR] pour que soient édictées des règles communes en termes d'informations à diffuser en amont aux prospects et en aval aux personnes déjà clientes : répartition par classe d'actifs, par exposition géographique, indicateurs de risque sur un à 3 ans ou encore la proportion des fonds créés par le gestionnaire dans les mandats qu'il gère », souligne le président de Yomoni.

Performances annuelles et frais pour évaluer la qualité du gestionnaire

Une fois que vous avez identifié le degré de risque acceptable pour vous et le type d’allocation correspondant, il est temps de comparer les rendements passés des contrats. Bonne nouvelle, les deux dernières années font figure de cas d’école ce qui va vous faciliter la tâche. En effet, en 2018, les marchés financiers étaient particulièrement chaotiques. Les rendements énoncés cette année-là vous permettent donc de juger de la capacité du gestionnaire à naviguer à contre-courant et à limiter la casse. En revanche, 2019 était une année d’euphorie boursière. Les performances doivent donc être, par contraste, très élevées, preuve que la société de gestion a rapidement réalisé les arbitrages nécessaires pour en tirer profit.

La chute en 2018, l'euphorie en 2019 : deux bonnes années pour juger un gestionnaire

Plus généralement, si d’une année à l’autre, vous constatez que les écarts de taux sont particulièrement importants, cela peut signifier que le mandat est volontairement investi sur des valeurs cycliques. Donc, si vous n’êtes pas prêt à voir la valeur de votre assurance vie faire les montagnes russes, ce profil n'est pas fait pour vous !

Les performances de la gestion pilotée vont évidemment de pair avec des frais supplémentaires. Car un taux de rendement faible peut provenir d’un contexte financier morose, mais aussi des frais venant rogner la rentabilité de l’assurance vie. Or, en optant pour la gestion pilotée, vous allez en payer un peu plus. Il faut donc se montrer particulièrement vigilant. Afin de rémunérer le gestionnaire d’actifs, les frais de gestion des fonds sont en effet majorés de quelques dixièmes de pourcentage. Et ils s’ajoutent aux frais inhérents au contrat, comme les frais sur versement. Les frais de gestion du mandat et du contrat doivent vous être communiqués précisément. A vous ensuite de comparer les diverses assurances vie à l’aune des frais. Vous pourrez alors sélectionner le contrat au rapport rendement-coût le plus favorable compte tenu de votre profil de risque.

Ce qu’il faut retenir

  • La gestion pilotée consiste à déléguer à la société de gestion partenaire du contrat le suivi de votre assurance vie. Celle-ci va réaliser à votre place la sélection des fonds et les arbitrages nécessaires en fonction du niveau de risque que vous êtes prêt à prendre.
  • Ce niveau de risque acceptable se matérialise dans le mandat de gestion que vous prenez. Attention, en fonction des courtiers et des gérants d’actifs, deux mandats qualifiés de « prudent » peuvent intégrer des supports très différents. D’où l’intérêt de lire attentivement le descriptif du profil de gestion.
  • Pour comparer les gestions pilotées, les performances passées et les frais facturés permettent de compléter votre analyse.

(1) Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement (janvier 2020)