Porté par l’association d’épargnants Asac-Fapes, le fonds cantonné Asac/Allianz reste parmi les meilleurs du marché. Une performance qui s’explique par une approche à contre-courant : frais limités et stratégie anti-marketing !

Année après année, les classements se suivent et se ressemblent. Il a beau avoir été lancé en 1977, le fonds euros cantonné Asac/Allianz continue de truster les places d’honneur. En 2018, son rendement net de 2,48% le place en 6e position de l’ensemble du marché. Un résultat dans la lignée des années précédentes : 2,58% nets en 2017, 2,80% en 2016 et 3,02% en 2015. Pas mal, pour l’un des plus anciens produits d’assurance vie toujours commercialisés !

Des marges faibles

Porté par un réseau associatif fondé en 1951, le fonds euros cantonné a réussi à se faire une place dans un marché compétitif. Accessible par les contrats Épargne Retraite 2 Plus (multisupport) et les monosupports Épargne Retraite 2 et Épargne Handicap, il compte près de 100 000 adhérents, et pèse 3,4 milliards d’euros.

Comment justifier sa performance ? « Cela s’explique par notre ADN associatif, revendique Thomas Delannoy, directeur général d'Asac-Fapes. Notre association est totalement indépendante : la stratégie de gestion financière est décidée de façon autonome, en lien avec Allianz. » L’argument étayant cette indépendance : la faiblesse des marges. C’est l’un des rares contrats à distribuer 100% du produit financier annuel, contre 85 à 90% pour beaucoup de concurrents.

Pourtant, ce fonds n’a rien d’exotique : sa poche d’obligations dépasse les 90%. Mais contrairement à ses concurrents qui justifient souvent la baisse des performances par un marché obligataire en souffrance, la Fapes y voit plutôt une « chance » ! « Par le passé, le portefeuille a pris des obligations aux coupons généreux », soutient Thomas Delannoy. Un avantage des « anciens » contrats : ils surfent encore sur des bons aux rendements énormes, dépassant les 3%, quand les coupons actuels ne dépassent plus les 2%.

Une gestion proactive

Mais cet héritage historique n’explique pas tout : l’association se montre active pour anticiper l’avenir. « Chaque trimestre, nous faisons un point sur la gestion, pour programmer notre diversification, assure le directeur général. Ces derniers temps, nous avons ainsi opté pour des programmes d’infrastructures, et des obligations corporate high yield, plus risquées mais bien plus rémunératrices. » Des tickets corporate qui représentent désormais près du tiers de la poche obligataire. Avec une gestion qualifiée de « tactique » : « On va chercher dans les détails, pour identifier chaque trimestre de nouvelles pépites, qui rapporteront des centimes de performance. » La poche bénéficie donc d’une « certaine inertie », avec une érosion annuelle estimée à 10 points de base par an. « On voit tout l’intérêt d’un actif cantonné, juge Thomas Delannoy. Cela permet une gestion très suivie, dans l’intérêt des épargnants. »

Cette approche active a d’ailleurs permis à la poche actions (10% de l’encours) de s’en tirer à bon compte, malgré une année 2018 tourmentée. « Nous avons eu de la chance dans nos paris de gestion. Nous avons misé sur plusieurs points bas du marché, et cela se ressent dans la performance nette. » De quoi limiter la baisse du taux à 10 points de base, malgré la mise en provision de 0,11 point de performance.

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Comment expliquer, alors, ce paradoxe : malgré 200 millions d’euros de nouveaux versements, la collecte nette a été « légèrement négative » en 2018 ! Un signe de désamour ? « Pas du tout, répond Thomas Delannoy. Quand on reçoit 200 millions d’euros sur un an, on peut parler de dynamisme ! » Pour lui, l’explication tient plutôt à… l’âge du fonds. « De nombreux contrats datent des années 80. On arrive dans une phase de désépargne, pour des personnes qui puisent dans leur bas de laine. »

Une approche « anti-marketing »

Reste alors ce taux de 2,48%. Comme en 2017 (2,58%) ou en 2015 (3,02%), l’association semble fâchée avec les arrondis ! Est-ce stratégique ? Thomas Delannoy s’en amuse. « Sans doute que chez Asac-Fapes, on n’aime pas forcément les chiffres ronds… Le marketing n’a jamais été notre priorité. Nous avons une approche de gestionnaire, qui tente de faire un travail honnête de collecte d’épargne. » Un discours résumant une approche « anti-marketing » : « Il aurait été techniquement possible de livrer 2,50, mais cela ne correspondait pas à nos choix. 2,48, on l’a constaté plus qu’on ne l’a décrété ! »

Pour les prochaines années, la structure mise sur la prudence, anticipant la fameuse « remontée progressive des taux souverains. Nous estimons que le pire est peut-être derrière nous. » L’association tient donc à « accompagner » cette remontée et bénéficier des rendements à venir.

Quid de 2019 ? Sauf choc de marché, Thomas Delannoy imagine une « baisse relative, autour de 0,10 ou 0,15 », modulée par la performance de la poche boursière. En l’absence de grosses provisions (qui représentent 0,7% de l’encours), tout heurt important dans les marchés sera complexe à neutraliser. « Mais une chose est sûre : cette provision, nous comptons la redistribuer bien avant le délai de 8 ans. »

Un écosystème associatif

ASAC-FAPES est une marque appartenant à la Fapes, Fédération des Associations de Prévoyance et d’Assistance. Souvent surnommée « reine des associations d’épargnants », elle réunit quatre structures « totalement indépendantes des assureurs et des banquiers » : Asac (épargne/prévoyance), Audience (finance/handicap), Apprur (retraite et prévoyance des salariés) et GMPA. La Fapes est l’actionnaire unique du cabinet de courtage Fapes diffusion, qui diffuse les contrats en exclusivité.