Le private equity, ou capital-investissement, revient à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées en bourse. Cette classe d'actifs pourrait bientôt être intégrée aux fonds en euros des assurances vie et PER.

Le private equity, ou capital-investissement, revient à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées en bourse dans l'optique de réaliser une plus-value lors de la revente de ces parts sur un marché secondaire.

Ce placement, autrefois réservé aux investisseurs institutionnels, le private equity s'est démocratisé. Cette classe d'actifs est désormais accessible au sein de plusieurs contrats d'assurance vie. Les rendements sont particulièrement alléchants. Sur les 15 dernières années, le private equity a généré un retour sur investissement moyen de 12,1% par an, selon l'association France Invest, soit deux fois mieux que le CAC40.

Mais attention, deux bémols. Le premier, les fonds investis sont souvent bloqués pour une durée de 8 à 10 ans. Le second, il s'agit d'un placement très risqué. « Près de 90% des startups font faillite, dont 10% dès la première année », a expliqué à MoneyVox Claude Calmon, fondateur du cabinet Calmon Partners.

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Du private equity dans les fonds en euros ?

Et les épargnants vont être de plus en plus exposés à ce risque. Le 24 octobre prochain, la loi sur l'industrie verte entrera en vigueur. Au-delà de la création du Plan Épargne Avenir Climat (PEAC) qui remplacera le PER pour les mineurs, la loi prévoit de flécher une partie de l'épargne détenue dans les contrats d'assurance vie et de plans d'épargne retraite (PER), vers des fonds principalement investis (directement ou indirectement) en actifs non cotés. Concrètement, ces fonds investis seraient intégrés aux unités de compte (UC) incorporées dans les mandats de gestion.

Bien que le lien entre le private equity et la transition énergétique ou la réindustrialisation ne soit pas explicitement mentionné dans la loi, l'infrastructure, y compris le financement des équipements énergétiques, est une thématique importante du non-coté.

Ce fléchage ne suscite pas l'enthousiasme, notamment du côté de la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (Faider), rapportent Les Échos. Elle critique le manque de prise en compte des préférences des investisseurs individuels et souligne les différences de traitement entre les particuliers et les institutionnels en matière d'investissement dans le non-coté.

Une idée qui dérange

« On s'apprête à demander à un particulier, qui ne maîtrise pas le non-coté, d'y allouer une partie potentiellement importante de ses versements, alors que les institutionnels, qui n'ont pas de contraintes en la matière, y investissent moins de 2% de leurs actifs », fustige Guillaume Prache, président de la Faider.

D'après les projets d'arrêtés consultés mi-janvier par Les Echos, « les gestions pilotées, à l'exception des profils prudents des assurances-vie, contiendraient des unités de compte (UC) exposées au non-coté. S'agissant du PER, ce sont toutes les gestions pilotées dites « à horizon », soit les mandats réglementaires et par défaut, qui seraient concernées par une dose de private equity. Cette dose serait amenée à décliner à l'approche de la retraite. »

A ce stade, « l'épargnant ne souhaitant pas s'exposer au private equity devrait opter pour une gestion libre ou, si c'est possible, pour un mandat de gestion sans obligation d'investissement », ajoutent Les Echos.

La présidente de France Assureurs, Florence Lustman, a suggéré une alternative aux UC : intégrer ces actifs dans le fonds en euros, sécurisé et garanti en capital. « Le contrat en euros est un produit sécurisé et liquide pour les épargnants. Ce sont les raisons de son succès. Mais il est aussi suffisamment diversifié dans son actif général pour pouvoir y intégrer des actifs qui, eux-mêmes, sont risqués », a expliqué la présidente de France Assureurs lors s'un point presse le 24 janvier dernier, sans mentionner explicitement le non-coté. Affaire à suivre.