Après des mois de suspense, maintenant que le visage du nouveau président américain est connu, la Bourse de Paris va, comme ses voisines européennes, entamer un nouveau chapitre au terme d'une semaine particulièrement chaotique.

La plupart des indices ont subi de forts remous la semaine écoulée, que peu d'analystes avaient prévus. Car la victoire à la présidence américaine du républicain Donald Trump, candidat jugé imprévisible par les marchés, a déjoué les pronostics.

« Tout le monde craignait l'élection de Donald Trump et anticipait, dans ce cas, une correction de l'ordre de 8 à 10% », relève ainsi Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud AM France. Pourtant, « l'élection est arrivée et a seulement entraîné un petit mouvement de panique le mercredi matin », poursuit-il. Rapidement, la Bourse de Paris a regagné des couleurs, tout comme Francfort et Londres, un mouvement qui était soutenu par Wall Street où le Dow Jones a même battu un record jeudi.

« Ce fut une surprise, peut-être encore plus dans la réaction que dans l'élection », observe ainsi auprès de l'AFP Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez Vega IM. Les investisseurs semblent en effet avoir décidé de se concentrer sur « le bon côté de l'élection, le discours du président Trump étant différent » de celui du candidat Trump, ajoute-t-il.

Mettant de côté pour le moment les craintes sur la politique protectionniste annoncée par le républicain durant sa campagne, le marché a préféré se focaliser sur les mesures de relance de l'investissement dans les infrastructures proposées par le 45e président des Etats-Unis.

« La baisse des impôts, le plan de relance des infrastructures, la remontée des salaires annoncés sont perçus comme positifs », remarque M. Bruzzo auprès de l'AFP. « Alors que depuis plusieurs mois les politiques monétaires semblent peu aptes à promouvoir une plus forte croissance, le marché a envie d'entendre parler de relance budgétaire », abonde Jean-Jacques Friedman.

Gagnants et perdants

Dans la foulée, une forte rotation sectorielle s'est produite sur les marchés. Parmi les gagnants, le secteur financier a bénéficié de la perspective d'une remontée de l'inflation se traduisant par une hausse des taux d'intérêt.

La dérégulation pour les banques évoquée par Donald Trump a également dopé les valeurs financières. « La loi Dodd-Frank imposant des mesures de régulation était très coûteuse en terme de mise en conformité, or Trump a indiqué qu'il comptait revenir dessus », explique M. Friedman.

Les valeurs pharmaceutiques ont également bénéficié de l'élection, la politique de Donald Trump étant perçue comme plus favorable au secteur que celle d'Hillary Clinton. A l'inverse, certains secteurs plus défensifs, comme l'alimentaire ou l'aéroportuaire, « risquent de souffrir », énumère-t-il.

Investissez dans la Bourse au meilleur prix ! 7 offres comparées

L'élection américaine a relégué au second plan tous les autres indicateurs cette semaine, en dépit de quelques bons résultats d'entreprises, notamment les publications jugées rassurantes de Legrand et Vivendi à Paris, ou de Munich Re à Francfort.

La semaine prochaine, quelques nouveaux résultats viendront animer les indices alors que la saison se termine doucement. A Londres, la compagnie aérienne EasyJet publiera mardi ses résultats annuels, après avoir prévenu il y a un mois que son bénéfice avant impôt aurait probablement baissé de 28% sur un an, dans un contexte difficile d'attentats et de volatilité des taux de change, après le référendum sur le Brexit. D'autres mastodontes publieront également leurs résultats, dont Bouygues à Paris et l'énergéticien RWE à Francfort.

Par ailleurs, les marchés pourront se recentrer sur quelques indicateurs clefs, dont le baromètre ZEW du moral des investisseurs en Allemagne ainsi que la première estimation du produit intérieur brut au troisième trimestre outre-Rhin.

Egalement à l'agenda, les chiffres de l'inflation en octobre aux Etats-Unis, en zone euro et au Royaume-Uni. A Londres, après une accélération à 1,0% sur un an, les analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendent cette fois à 1,1%. Néanmoins, face à « une telle nouvelle donne, les chiffres sont moins importants. Les marchés sont dans l'attente », résume M. Friedman.

Par Marie-Morgane LE MOEL