Sur Franceinfo, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est montré ouvert à une hausse du taux du Livret A le 1er août prochain, sans pour autant la confirmer. Ces derniers jours, les banques ont lancé, dans la presse, un début de lobbying contre cette hausse, malgré l'inflation plus forte que prévue.

Le taux du Livret A augmentera-t-il le 1er août prochain ? L'échéance est encore lointaine, mais le sujet est déjà sur la place publique. Interrogé sur le sujet sur Franceinfo ce mercredi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, n'a pas tranché la question. Mais il s'est montré plutôt ouvert à l'idée d'une nouvelle hausse. « Ma première responsabilité, c'est de protéger l'épargne des Français, surtout dans cette période de crise, c'est extrêmement important », a-t-il déclaré. « Si jamais la conclusion de la formule et du gouverneur de la Banque de France, c'est que comme l'inflation est très élevée, il faut continuer à augmenter la rémunération du Livret A, [alors] je suivrai la recommandation du gouverneur ».

Un taux porté à 4,3% ?

De fait, la hausse des prix est attendue, en avril, à 5,9%, soit un demi-point au-dessus des prévisions. En principe, la règle est la suivante : tous les 6 mois, au 1er février et au 1er août, le taux du Livret A est actualisé, à la hausse ou à la baisse, en fonction du résultat d'une formule de calcul intégrant deux variables, l'inflation et les taux interbancaires. Dans le cas présent, le résultat qui sortira de cette formule fait peu de doute : étant donné la hausse actuelle des prix et des taux, son application devrait accoucher d'un taux du Livret A autour de 4,3%, contre 3% actuellement.

Mais il y a un « mais ». François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, dispose d'un pouvoir de dérogation « en cas de circonstances exceptionnelles ». Ce dernier ne s'est pas encore exprimé et ne devrait pas le faire avant le mois de juillet. S'il décidait, en le justifiant, de ne pas appliquer la formule de calcul et de proposer un autre scénario de taux, c'est au ministre de l'Economie que reviendrait la décision. Donc à Bruno Le Maire.

Le lobbying anti-hausse déjà lancé

La sortie médiatique de Bruno Le Maire prend d'autant plus de poids que, ces derniers jours, un lobbying peu discret a débuté, en faveur du gel du taux du Livret A. Dans un article daté du 22 avril, Les Echos annoncent la couleur : « (...) En coulisse, les banques militent déjà pour que rien ne change. » Et de citer un « grand banquier » anonyme : « Tout le monde a intérêt à maintenir un taux à 3%. Les banques bien sûr, mais aussi la Caisse des Dépôts, qui finance le logement social, et tout l'écosystème économique français en réalité. »

Livret A : les banques veulent bloquer le taux à 3%

Egalement sur Franceinfo, le patron de la Caisse des Dépôts, Eric Lombard, faisait part publiquement de son point de vue, hier mardi : « L'inflation est transitoire, donc ce n'est pas la peine de faire du yoyo avec le taux du livret A. Je souhaite que ce taux de 3% reste installé un certain temps ». Rappel : c'est la Caisse des Dépôts qui centralise environ 60% de la collecte du Livret A et du LDDS et qui est chargée de prêter cette ressource, notamment, au secteur du logement social. Ce dernier, par la voix de l'Union sociale pour l'Habitat, a également réclamé un blocage. Logique : les taux des prêts accordés par la Caisse des Dépôts aux organismes sont indexés sur l'évolution du taux du Livret A.

Verdict final, pour l'évolution ou non du taux du Livret A au 1er août 2023 : mi-juillet, suite à la publication de l'indice d'inflation du mois de juin.