Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a affirmé mercredi qu'il était favorable, dans l'absolu, à l'application stricte de la formule de calcul automatique du taux du Livret A, à laquelle il a plusieurs fois dérogé depuis 2009.

C'est jeudi que doit être publié le chiffre de l'inflation pour juin en France, indicateur de référence essentiel dans la formule de calcul du taux du Livret A. Depuis le 1er juillet 2004, l'Etat a en effet fixé par arrêté une formule de calcul automatique du taux afin de dépassionner le sujet. Les éléments de la formule ont été modifiés début février 2008, mais son principe demeure.

Il existe quatre dates de révision possible du taux, les 1er février, 1er mai, 1er août et 1er novembre. La révision est théoriquement automatique début février et début août. Elle peut intervenir début mai et début novembre si est observée une variation « très importante » des indicateurs qui servent à son calcul.  A chaque date de révision automatique, le gouverneur peut choisir d'appliquer ou non la formule. S'il opte pour une application stricte, sa décision s'impose. S'il préfère déroger à la formule, il appartient au ministre de l'Economie de trancher.

Les dérogations ont fait gagner un milliard aux épargnants

Depuis janvier 2009, Christian Noyer a dérogé plusieurs fois à l'application stricte de la formule, la dernière fois début février. Il avait alors choisi de maintenir le taux à 2,25% alors que la formule l'aurait fait passer mécaniquement à 2,75%. A l'époque, cette décision avait été justifiée par la perspective d'un ralentissement de l'inflation prévu courant 2012, qui s'est ensuite vérifié.

« J'ai reçu un certain nombre de lettres qui m'ont fait de la peine », a expliqué mercredi le gouverneur. Elles lui reprochaient d'avoir engendré un « manque pour les épargnants » en refusant de laisser le taux remonter. Il a indiqué que depuis août 2008, « au total, les dérogations à la formule (avaient) fait gagner un milliard d'euros aux épargnants ». La ministre de l'Economie de l'époque, Christine Lagarde, avait notamment empêché, sur recommandation de Christian Noyer, le taux de tomber à 0% au 1er novembre 2009, le maintenant à 1,25%, qui était déjà le plus bas niveau de son histoire.