Selon le calcul de l'AFP, le taux du livret A pourrait monter à 4% le 1er août, son plus haut niveau depuis 12 ans, sauf si le gouvernement décide de limiter la progression comme il l'avait déjà fait en janvier, en invoquant des « circonstances exceptionnelles ».

Le taux du livret A, sera calculé le 1er juillet sur la base des taux Euribor et Eonia du mois de juin et le taux d'inflation de mai. Si la formule automatique de calcul est respectée, il devrait atteindre 3,8825%, soit 4% arrondi au quart de point le plus proche.

Cette hausse théorique à 4%, contre 3,50% aujourd'hui, s'explique par la hausse de l'inflation et la remontée des taux d'intérêts à court terme En mai, l'inflation a atteint 3,3% sur un an, un niveau inégalé depuis 1991, sous l'effet de la flambée des cours du pétrole et de l'alimentation. L'Euribor 3 mois est passé de 4,36% en février à 4,94% en juin et l'Eonia, un taux moins volatil que l'Euribor, s'établissait à 3,9871% en juin, selon les données publiées par la Banque de France.

Selon la formule automatique, le rendement du Livret A aurait déjà dû monter à 4% au 1er février, mais le gouvernement avait évoqué « des circonstances excptionelles » et opté pour un relèvement à 3,50%, contre 3% auparavant. Il pourrait évoquer les mêmes raisons cet été pour éviter une hausse du taux du Livret A.

Le taux définitif du Livret A ne sera pas dévoilé avant le 16 juillet, date à laquelle doit être publié le taux d'inflation pour le mois de juin. Pour Cyril Blesson, directeur des Services Financiers et de la Macroéconomie au bureau d'études BIPE, « l'inflation du mois de juin sera probablement plus élevée qu'en mai. Cela renforcerait donc la probabilité de voir le taux monter à 4% ».

La Banque de France est chargée de calculer le taux du Livret A puis de le transmettre au directeur du Trésor. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, peut, lorsqu'il « estime que des circonstances exceptionnelles justifient une dérogation », transmettre ses « propositions de taux » au ministère de l'Economie, indiquent les textes réglementaires.

« Le gouvernement pourrait dire qu'on est dans une situation atypique sur les marchés monétaires pour ne pas appliquer la règle », remarque M. Blesson. « Mais la règle automatique deviendrait alors une règle purement discrétionnaire. » Bercy attend les recommandations de la Banque de France pour prendre une décision.

Les fonds du Livret A servent à financer la construction de logements sociaux. Une hausse du taux de rémunération des épargnants signifie donc un renchérissement du coût du crédit pour les organismes HLM.