Le coronavirus se propage à la vitesse grand V. Et l'économie est désormais frappée de plein fouet avec des conséquences concrètes pour les particuliers. La preuve en 5 chiffres.

Les cours de l’or noir chutent de 25%

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, Moscou en tête, n'ont pas réussi à s'entendre vendredi sur des coupes supplémentaires dans leur production pour faire face à la baisse de la consommation mondiale d'or noir en raison de l'épidémie du nouveau coronavirus. Résultat, l'Arabie saoudite, premier producteur mondial de brut, a décidé de casser les prix en augmentant sa production. Ce qui va lui permettre au passage d’augmenter ses parts de marché.

« La combinaison d'une production pétrolière plus élevée et d'une demande plus faible due au coronavirus rend un effondrement des prix inévitable. On va vers un bain de sang », prédisait ce week-end Bill Farren-Price, du centre de recherche Petroleum Policy Intelligence, interrogé par l’AFP. Il avait vu juste. Ce plongeon des cours du pétrole est en passe d’être le plus important en une séance depuis la première guerre du Golfe en 1991.

Le baril de Brent frôle désormais les 36 dollars. Il ne serait pas surprenant qu’il atteigne très vite son plancher de 2016 sous les 30 dollars. Si « la chute du pétrole menace les finances des pays producteurs », écrit Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC, c’est une bonne nouvelle pour les automobilistes avec une baisse des prix à la pompe. « Ils doivent se répercuter, j’ai déjà eu l’occasion de le dire aux compagnies pétrolières, le plus rapidement possible », a indiqué le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, interrogé sur France Inter lundi matin. Visiblement, c'est le cas. Selon les statistiques du ministère de la Transition écologique et solidaire, la semaine dernière, le litre de gazole était vendu à 1,36 euro en moyenne, soit une baisse de 3 centimes sur une semaine. Repli identique pour le SP 95 à 1,45 euro le litre et pour le SP98 à 1,52 euro.

Le CAC 40 dévisse : -7,42%

C’est l’autre effet spectaculaire de ce lundi noir. Les indices boursiers continuent leur baisse entamée depuis la mi-février. Et le phénomène s’accélère avec le plongeon des prix du pétrole. A 13h30, l'indice CAC 40 dégringolait de 7,42% à 4.757,12 points. Vendredi, il avait déjà plongé de 4,14%.

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« Les marchés actions démarrent la semaine sur un mouvement colossal de ventes », constate Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. « On a fait moins 20% sur l'indice CAC 40 en deux semaines et demi. C'est d'une violence absolue », renchérit Alexandre Baradez, analyste à IG France, interrogé par l'AFP. Sur Twitter, Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés chez Binck.fr va dans le même sens.

« Les investisseurs craignent toujours par ailleurs que la propagation du coronavirus soit sous-estimée par les économistes et les entreprises », indique John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.

Sur le CAC 40, le secteur des matières premières subissait de plein fouet le décrochage des cours du pétrole. TechnipFMC dégringolait de 18,74% à 9,18 euros, Total plongeait de 12,17% à 32,65 euros, CGG (-35,1% à 1,28 euro) et Vallourec (-22,1% à 1,08 euro). Les bancaires poursuivaient leur descente aux enfers : BNP Paribas (-10% à 34,67 euros), Crédit Agricole (-9,44% à 8,42 euros), Société Générale (-14,13% à 18,33 euros) et Natixis (-13,70% à 2,69 euros).

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Des dixièmes de points de PIB en moins pour la croissance

« L'épidémie de coronavirus aura un impact sévère sur l'économie française, qui se chiffrera en plusieurs dixièmes de points de PIB durant l'année 2020 », a déclaré ce lundi Bruno Le Maire. Résultat, la croissance sera sans doute « inférieure à 1% » cette année, loin des 1,3% initialement prévus par le gouvernement. « Un certain nombre de secteurs sont d'ores et déjà très durement touchés », a souligné le ministre, évoquant des baisses de chiffre d'affaires de 30 à 40% en moyenne dans l'hôtellerie, de 25% pour les restaurateurs, de 60% pour les traiteurs, et des baisses « très importantes » dans l'événementiel, touché par « des annulations en cascade ».

Dans ce contexte, la Banque de France a revu à la baisse sa prévision de croissance de l'économie au premier trimestre à 0,1%, contre 0,3% précédemment. Selon elle, l'épidémie affecte l'économie française via la rupture des chaînes d'approvisionnement impliquant la Chine et la baisse de la demande en provenance de ce pays, berceau du Covid-19.

15 000 salariés en chômage partiel

A ce stade, près de 900 entreprises touchées par la propagation du nouveau coronavirus ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel, pour environ 15 000 salariés. « Nous nous attendons évidemment à une importance beaucoup grande que cela, et nous ferons face », a prévenu Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, jugeant indispensable de « préserver l'emploi ». En attendant, le dispositif de chômage partiel, destiné à maintenir l'emploi dans les entreprises confrontées à des baisses d'activité, sera lui renforcé : l'Etat va ainsi porter de 7,74 euros à 8,04 euros, soit le niveau du Smic, l'indemnité horaire compensatrice versée aux employeurs ayant recours à ce dispositif.

Pour éviter une multiplication des défaillances d'entreprises, Bruno Le Maire a annoncé un nouveau renforcement des mesures de soutien. « Toutes les entreprises confrontées à des difficultés pourront demander le report des charges sociales » par simple envoi d'un « mail », a détaillé le ministre. En parallèle, des dégrèvements d'impôts directs pourront être décidés « au cas par cas » pour les entreprises « menacées de disparition ».