L'impact du coronavirus sur la croissance de l'économie française sera « sévère », a prévenu lundi le ministre des Finances Bruno Le Maire, en assurant que l'Etat ferait son maximum pour aider les entreprises et les secteurs touchés par l'épidémie.

« L'épidémie de coronavirus aura un impact sévère sur l'économie française, qui se chiffrera en plusieurs dixièmes de points de PIB durant l'année 2020 », a déclaré Bruno Le Maire lors d'un point presse organisé à l'issue d'une réunion avec les acteurs économiques à Bercy. Le ministre de l'Economie avait estimé mi-février que l'impact de l'épidémie de Covid-19 serait supérieur à 0,1 point de produit intérieur brut (PIB). Une fourchette largement revue à la hausse en raison de l'expansion du virus, qui perturbe désormais de larges pans de l'économie.

« Un certain nombre de secteurs sont d'ores et déjà très durement touchés », a souligné le ministre, évoquant des baisses de chiffre d'affaires de 30 à 40% en moyenne dans l'hôtellerie, de 25% pour les restaurateurs, de 60% pour les traiteurs et des baisses « très importantes » dans l'événementiel, touché par « des annulations en cascade ».

Interrogé un peu plus tôt sur France Inter, Bruno Le Maire avait précisé que la croissance française serait sans doute « inférieure à 1% » cette année, loin des 1,3% initialement prévus par le gouvernement. « Nous commençons à avoir les premières remontées du premier trimestre et ce que nous constatons, c'est que jusqu'à mi-février (...) les indicateurs étaient bien orientés. Et puis à partir du moment où l'épidémie se déclenche qu'effectivement, il y a un très brutal ralentissement », a-t-il détaillé.

Chômage partiel pour 15 000 salariés

Pour éviter une multiplication des défaillances d'entreprises, Bruno Le Maire a annoncé un nouveau renforcement des mesures de soutien aux sociétés en difficulté. « Toutes les entreprises confrontées à des difficultés pourront demander le report des charges sociales » par simple envoi d'un « mail », a détaillé le ministre. En parallèle, des dégrèvements d'impôts directs pourront être décidées « au cas par cas » pour les entreprises « menacées de disparition », a-t-il ajouté.

Le dispositif de chômage partiel, destiné à maintenir l'emploi dans les entreprises confrontées à des baisses d'activité, sera lui renforcé : l'Etat va ainsi porter de 7,74 euros à 8,04 euros, soit le niveau du Smic, l'indemnité horaire compensatrice versée aux employeurs ayant recours à ce dispositif. « L'accompagnement des entreprises et des salariés touchés par la crise prime sur l'aspect budgétaire », a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud, présente aux côtés de Bruno Le Maire lors de la réunion à Bercy.

Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, a demandé à ce que « les pouvoirs publics puissent dans certains cas prendre en charge la part de financement restant à l'employeur en cas de chômage partiel », selon un communiqué. Il a aussi plaidé pour la reconnaissance d'un « état de catastrophe sanitaire » qui permettrait de faire jouer auprès des assureurs une garantie perte d'exploitation aujourd'hui prévue pour les catastrophes naturelles. Une demande également formulée par l'Union des entreprises de proximité (U2P) qui souhaite que le gouvernement « envisage une prise en charge des pertes d'exploitation subies par les entreprises artisanales, commerciales et libérales, si besoin par l'intermédiaire des compagnies d'assurance ».

A ce stade, près de 900 entreprises touchées par la propagation du nouveau coronavirus ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel, pour environ 15.000 salariés. « Nous nous attendons évidemment à une importance beaucoup grande que cela, et nous ferons face », a prévenu Mme Pénicaud, jugeant indispensable de « préserver l'emploi ».