En l’espace d’une semaine, le CAC 40 a cédé 12% fin février ! Il est retombé à son plus bas niveau depuis août dernier et perdu la moitié du gain record de l’année 2019. La faute, évidemment, aux incertitudes liées à l’épidémie de coronavirus. Faut-il d’ores et déjà revoir et sécuriser tous vos placements ?

Vous avez une assurance vie intégrant une poche d’actifs risquée ? Ou quelques deniers investis sur des fonds ou actions sur un Plan d’épargne en actions ? Si c’est votre cas, vous avez – très probablement – vu votre portefeuille s’envoler en 2019. Pour retomber brusquement la semaine passée, les indices boursiers ayant plongé fin février face aux incertitudes économiques liées à la propagation rapide du nouveau coronavirus, plus précisément le Covid-19.

Un « choc » plus qu’un « krach »

Une chute de 12% en une semaine, avec un CAC 40 démarrant la semaine passée à près de 6 030 points pour la terminer à moins de 5 310 points : un krach ? « On parle de krach à partir de -20%, corrige l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. C’est un choc financier. Les marchés ont atteint un sommet fin 2019-début 2020 : on sentait que quelque chose pouvait provoquer une chute. C’est donc cette crise sanitaire, dont on ne mesure pas encore bien les conséquences sur l’économie. »

Depuis le début de la semaine, le CAC 40 s’est légèrement redressé, revenant à hauteur de 5 500 points, sans compenser la perte de la fin février. Mais l’incertitude demeure…

Des épargnants qui ne cachent pas leur inquiétude

Quand la bourse chute, les épargnants s’interrogent… « Les arbitrages ont fortement augmenté » sur les unités de compte (les fonds sans garantie en capital) de l’assurance vie, reconnaît l’assureur Apicil. « Depuis une dizaine de jours, nous avons une inflation du nombre d’appels », confirme Stellane Cohen, directrice générale du courtier en épargne Altaprofits. « Nous sommes là pour rassurer nos clients. »

« Nous avons une inflation du nombre d’appels »

Le réflexe, défensif, est souvent de vendre les actions (pour un PEA) ou d’arbitrer des unités de compte (UC) vers le fonds en euros qui protège lui le capital investi (pour l’assurance vie). Comme l’a déjà détaillé le régulateur bancaire, l’ACPR, dans une étude, les Français ont ainsi l’habitude de revoir leurs placements au rythme des évolutions du CAC 40 : sécuriser ses avoirs quand la bourse baisse, investir quand elle monte…

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Tout vendre sous l’effet de la panique ? A méditer…

En agissant ainsi en réaction aux soubresauts des cours bousiers, les épargnants français sont-ils des investisseurs avisés ? « Il vaut mieux éviter d’être un mouton et jouer à contre-courant », conseille Philippe Crevel. « Par exemple, pour les actions Accor ou Air France [qui ont très fortement chuté depuis la mi-février, NDLR], ce serait plutôt le moment de prendre des positions, maintenant qu’elles sont au plus bas. »

« Il ne faut pas céder à la panique »

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau appelle à « ne pas surréagir par rapport à une volatilité financière ». Il estime que la situation est aujourd’hui « très différente » de la crise des subprimes en 2008, marquée alors par la « perte de confiance des certains acteurs financiers ». « Il ne faut pas céder à la panique, confirme le directeur du Cercle de l’épargne, Philippe Crevel. Bien sûr, si l’on préfère sécuriser son épargne, il est possible d’investir sur un fonds en euros, dans le cas d’une assurance vie. Il est aussi possible de revoir une partie de ses investissements, en privilégiant des valeurs sûres et résilientes en cas de crise, comme l’agroalimentaire par exemple. » L’économiste cite aussi le secteur pharmaceutique, « si l’on croit à une crise sanitaire de longue durée » dans le contexte bien particulier du coronavirus.

Mots d’ordre : patience et diversification !

Tous les experts financiers interrogés invitent toutefois plutôt à la modération, et d’éviter de réagir trop brusquement… pour le regretter plus tard comme l'explique sur Twitter le responsable de la recherche marchés de Binck.fr, Nicolas Chéron, alors que le CAC 40 a gagné 1,3% ce mercredi.

Sous-entendu : ceux qui ont tout vendu ou tout miser sur le fonds en euros le week-end dernier ont, finalement, fait une mauvaise opération financère.

« Vendre au son du canon est rarement un bon conseil »

« Le danger, c’est l’irrationnel », insiste directrice générale d’Altaprofits Stellane Cohen. « Vendre au son du canon est rarement un bon conseil… Aujourd’hui, quand les clients nous demandent, nous répondons plutôt : n’arbitrez pas, car cela peut aussi bien continuer à chuter que remonter. Nous sommes dans une période d’extrême volatilité et d’incertitude. » Stellane Cohen rappelle ainsi que « l’assurance vie est un produit d’épargne longue ». Un conseil qui vaut aussi pour le PEA, le gendarme boursier, l’AMF, ayant pour sa part publié une étude montrant que les actions ont rapporté en moyenne 5% par an sur les trois dernières décennies, malgré les crises mais à condition de conserver sur le long terme.

Pour limiter les risques, le mot d’ordre de tous les conseillers financiers reste le même, en cas de crise comme quand la bourse est orientée à la hausse : « ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier » selon l’expression consacrée. Bref : diversifier, en misant sur de nombreux fonds et/ou actions différentes, sur des secteurs d’activité et pays différents. Et échelonner vos versements sur plusieurs semaines ou mois, afin d'éviter les secousses ponctuelles.