Le gouvernement met 45 milliards d’euros sur la table et prévoit une récession cette année. Résultat, les finances de l'Etat vont plonger dans le rouge.

« Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte ». Voici ce qu'a promis Emmanuel Macron. On en sait désormais plus sur le plan de bataille de l’Etat pour sauver l’économie française, paralysée par l’épidémie de coronavirus.

Un plan à 45 milliards d’euros

« Il y a une guerre économique et financière. [...] Elle sera durable, elle sera violente, elle doit mobiliser toutes nos forces », a martelé Bruno Le Maire sur RTL, au lendemain de la déclaration de « guerre » d’Emmanuel Macron contre le Covid-19. Pour limiter les dégâts, notamment des faillites en cascade d’entreprises, trop fragiles pour encaisser un arrêt total de leur activité pendant des semaines, le gouvernement va dégainer un arsenal immédiat de 45 milliards d’euros. L’essentiel - 32 milliards d’euros - passera en report ou annulation de charges sociales et fiscales.

Les dispositions de chômage partiel pour les salariés contraints de cesser de travailler coûteront 8,5 milliards d’euros sur deux mois, a précisé Bruno Le Maire lors d’une conférence téléphonique avec la presse. « Si nous mettons autant d’argent maintenant sur la table, c’est pour aider (l’économie) à redémarrer rapidement », une fois que l’épidémie sera vaincue, a justifié Bruno Le Maire.

Ce dernier a également annoncé la mise en place d’un fonds de solidarité d’environ 2 milliards d'euros de dépenses publiques sur deux mois. Il concerne les entreprises dont l'activité a été fermée - comme les restaurants - ; mais aussi l'ensemble des très petites entreprises, avec un chiffre d’affaires inférieur à un million d’euros, qui auraient perdu 70% de chiffre d'affaires entre mars 2019 et mars 2020.

Et aussi :

  • Tous les nouveaux prêts bancaires contractés par les entreprises pour traverser la crise seront garantis par l'Etat à hauteur de 300 milliards d'euros.
  • « Tous les moyens » à disposition seront utilisés « pour protéger les grandes entreprises françaises », a insisté Bruno Le Maire, y compris des opérations de « nationalisations si nécessaire ».

Une croissance de -1%

Le gouvernement, qui doit présenter « dans quelques heures » un projet de loi de finances rectificatif, inscrira « comme prévision de croissance en 2020 -1%, c'est-à-dire une croissance négative », a affirmé le ministre ajoutant que ce chiffre était « provisoire ». A l’origine, le gouvernement tablait sur une hausse de l’activité de 1,3%.

L'expansion du virus sur le territoire a conduit l'exécutif à instaurer à partir de ce mardi de strictes restrictions de déplacement pour les Français, mettant de fait l'activité économique au ralenti, tandis que de nombreuses entreprises souffraient déjà depuis des semaines des répercussions de l'épidémie.

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La dette publique s'envole au-dessus des 100% du PIB

Conséquence logique de cette mobilisation massive de l’Etat et de la baisse de la croissance, qui aura un impact directe sur la rentrée des recettes fiscales dans les caisses de Bercy : le déficit public devrait bondir à 3,9% du PIB cette année, contre une projection initiale de 2,2%. Mais il s’agit là d’une première estimation fournie par Bercy aux Echos, mais qui pourrait encore s’aggraver.

En effet, si la crise du coronavirus perdure, le plan de 45 milliards d’euros pourrait encore s’étoffer. « Avec ce déficit accru, la France va voir automatiquement son endettement grossir et franchir la barre symbolique des 100% du PIB. Le chiffre exact n'est pas connu, et devrait être précisé d'ici à la mi avril », explique le quotidien économique.