Quatre ans après son lancement, le Plan d'épargne retraite individuel semble trouver son public. Attention toutefois : attractif sur le papier, le PER est aussi un produit complexe et qui engage. Voici trois pièges potentiels à bien avoir en tête avant de signer.

1 - Attention aux frais !

De 0% à 5% sur les versements ; de 0,60% à 2% en frais de gestion sur les fonds euros et jusqu'à 1% sur les unités de compte... Les frais facturés sont le premier point de vigilance avant d'ouvrir un Plan d'épargne retraite (PER).

Tenter d'apprécier si le niveau de frais est cohérent et justifié par rapport au produit proposé, n'a rien de simple. La moyenne des frais de versement pour le PER est estimée à 3,18%, selon les derniers chiffres disponibles. Mais ils peuvent atteindre 5%.

Que ce soit pour l'épargne retraite ou l'assurance vie, ces frais ont un impact conséquent sur la rentabilité du contrat. Au-delà des frais de versements et de gestion, certains supports prévoient également des commissions de performance ou d'arbitrage. Mais ce n'est pas tout.

« Des frais sur versements à plus de 2% ou 3% me paraissent excessifs. Concernant les frais de transfert, je considère que la limitation des frais à 1% de l'épargne transférée durant les 5 premières années, puis 0% après, mise en place par la loi Pacte, est une mesure tout à fait satisfaisante, confie Gilles Belloir, directeur de Placement-direct.fr. Il reste encore cependant à rendre plus fluides les transferts entre compagnies. Les difficultés rencontrées actuellement par les épargnants qui souhaitent transférer leur épargne retraite constituent des barrières non tarifaires qu'il faut lever ».

L'épargnant a la possibilité et même tout intérêt à comparer les frais avant toute souscription à un PER. Depuis l'été dernier, les détails de ces frais sont accessibles sur les sites des assureurs via un tableau récapitulatif.

2 - Fiscalité : déduire ou non les versements ?

C'est une nouveauté du PER individuel par rapport à ses prédécesseurs, les Perp et Madelin : la déductibilité fiscale, c'est-à-dire la possibilité de déduire les sommes versées du revenu imposable, n'est plus une règle, mais une option, même si elle est activée par défaut.

Vous pouvez ainsi choisir de renoncer à cette « carotte fiscale » et de bénéficier à la place d'une fiscalité adoucie à la sortie. Attention ! Ce choix doit être indiqué au gestionnaire du PER à l'ouverture du contrat. Il s'appliquera alors automatiquement à tous les versements. Jusqu'à un éventuel contre-ordre, possible, mais qui ne concernera que les versements effectués ensuite.

Cela change pas mal de choses. Sur le papier, la possibilité de renoncer à la déductibilité sort en effet le PER du registre unique de produit de défiscalisation. Cela permet d'élargir la cible, en ouvrant le produit à des épargnants peu imposés, lesquels peuvent se constituer une rente viagère faiblement fiscalisée à la sortie, au moment du départ à la retraite.

Dans les faits toutefois, renoncer à la déductibilité a-t-il vraiment un sens ? « Pour les épargnants qui ne souhaitent pas obtenir une réduction d'impôt, la plupart du temps, l'assurance vie sera à préférer », estime Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct.fr.

Avantage de l'assurance vie sur le PER, notamment : la possibilité de récupérer sa mise plus facilement avant le départ à la retraite.

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3 - Votre argent bloqué jusqu'à la retraite

C'était déjà une caractéristique du Perp et du Madelin, elle n'a pas été remise en cause par le PER : une fois l'argent placé, il n'est pas possible de le récupérer avant le départ de retraite, sauf dans quelques cas précis : le décès du conjoint, une invalidité, un surendettement, une expiration des droits au chômage, une cessation d'activité suite à une liquidation judiciaire... Le PER en ajoute un : l'acquisition de la résidence principale.

Résultat : « Le produit continue à s'adresser surtout aux personnes qui peuvent se permettre de bloquer leur épargne pendant 15 ans ou plus », estime Gilles Belloir, le directeur général de Placement-direct.fr. « Pour les autres, il vaut mieux privilégier des supports plus liquides, comme l'assurance vie. »

C'est cette « illiquidité » qui cantonne le PER dans un rôle de produit de complément. « Dans la mesure où les fonds sont bloqués, le PER ne peut être le seul outil d'épargne ; l'épargnant doit prendre soin de garder des capitaux disponibles (de court terme et aussi de moyen terme dans le cas où celui-ci n'est pas proche de la retraite) », conclut Gilles Belloir.

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