Depuis la sortie de ChatGPT, les marchés financiers s'affolent. Et les valorisations des entreprises du secteur de l'intelligence artificielle (IA) ont explosé. Tendance de fond, opportunité d'investissement ou nouvelle bulle spéculative ?

Le 30 novembre dernier, ChatGPT a fait son apparition. Puis tout est allé (très) vite. Si bien qu'à peine deux mois plus tard, cette intelligence artificielle (IA) conversationnelle enregistrait déjà plus de 100 millions d'utilisateurs actifs journaliers. Un record absolu.

Depuis, pas une semaine ne passe sans nouvelles annonces à propos de l'intelligence artificielle. Google a par exemple lancé son propre robot conversationnel, baptisé Bard. Ce dernier est aujourd'hui disponible dans 180 pays (mais pas en France).

Amazon n'est pas en reste. La firme de Jeff Bezos a, elle aussi, rejoint la course à l'intelligence artificielle avec le lancement de Bedrock. Une plateforme qui permet à ses utilisateurs de générer des images ou du texte. Voire même déployer leur propre Chatbot.

Partout, l'IA est présentée comme une révolution. « L'intelligence artificielle est l'un des points les plus importants sur lesquels l'humanité est en train de travailler. C'est plus profond que l'électricité ou le feu », estime Sundar Pichai, PDG de Google.

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Flambée des cours

De quoi aiguiser l'appétit des investisseurs. « Il n'a pas fallu longtemps pour que Wall Street s'empare du sujet », observe Antoine Fraysse-Soulier, analyste marché pour le courtier eToro. « Tout le monde est à la recherche du prochain Spotify ou Airbnb ».

Résultat ? Depuis le début de l'année, beaucoup de sociétés en lien avec la thématique de l'IA ont vu leur valorisation s'envoler. C'est notamment le cas de Soundhound (+90%), C3.ai (+103%) ou encore Bigbear.ai (+243%).

En parallèle, plusieurs start-ups du secteur ont réalisé des levées de fonds records. 100 millions de dollars pour Eleven Labs, une start-up sur l'IA et la voix. Idem pour Humane. Et jusqu'à 150 millions de dollars pour Character AI.

Les big techs ne sont pas en reste. Après une année 2022 plutôt morose, la valorisation de Microsoft, par exemple, a flambé de 500 milliards de dollars depuis que l'entreprise a investi 10 milliards de dollars dans OpenAI, la société à l'origine du phénomène ChatGPT.

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Risque de bulle

L'euphorie des marchés est-elle fondée ? Ou sommes-nous en train d'assister à l'apparition d'une nouvelle bulle, comme celle d'internet, au début des années 2000, où il suffisait d'ajouter « .com » derrière le nom d'une entreprise pour que sa valorisation s'envole ?

« Lorsqu'on voit des valorisations multipliées par 3, par 4 ou par 5, on peut effectivement se demander si nous sommes dans une bulle. Cela dit, l'enthousiasme des investisseurs pour l'IA me semble justifié », estime Antoine Fraysse-Soulier.

Et pour cause : le marché de l'intelligence artificielle pesait 200 millions de dollars en 2015. Mais il pourrait atteindre 90 milliards de dollars d'ici 2025. Et même culminer à 16 000 milliards de dollars à l'aube de 2030, selon PwC.

« Toutes les entreprises du secteur ne vont pas réussir. Il y aura sans doute de la casse. Il y en a toujours. Mais le potentiel de croissance de l'IA est immense. Et les opportunités d'investir ne manquent pas. Le tout, c'est de savoir les repérer », sourit Antoine Fraysse-Soulier.

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Investir dans l'IA

Si vous souhaitez miser sur le développement de l'intelligence artificielle, plusieurs options s'offrent à vous. Il y a d'abord les géants de la tech, comme Microsoft, Google, IBM, Baidu, Tencent ou encore Meta, aujourd'hui en tête de la course à l'IA.

Toutefois la prudence reste de mise. « Les big techs ont commencé à intégrer l'IA dans certains de leurs produits, mais pour l'instant ils n'ont pas tous encore trouvé comment en tirer des revenus supplémentaires », prévient Antoine Fraysse-Soulier.

Autre possibilité : miser sur les fournisseurs de services cloud, tels que Amazon Web Service ou Azure. Ainsi que sur les fabricants de puces, comme Qualcomm, Intel ou Nvidia, dont le cours a bondi de 118% depuis janvier. Car l'IA est très gourmande en puissance de calcul.

Vous pouvez également regarder du côté des entreprises de service du numérique (ESN), comme Accenture, Capgmemini ou encore Cognizant. « Les clients de ces sociétés auront besoin d'être accompagnés pour déployer l'IA », décrypte Antoine Fraysse-Soulier.

Et si vous ne savez pas sur quelle action miser ? Dans ce cas, il existe plusieurs ETF, ou fonds indiciels, positionnés sur la thématique de l'IA. Le fonds Xtrackers Artificial Intelligence and Big Data UCITS ETF 1C a par exemple pris +27% depuis le début de l'année.

À l'inverse, d'autres secteurs semblent menacés par l'arrivée de l'IA. « ChatGPT a fait sa première victime en Bourse », note Antoine Fraysse-Soulier. « Il s'agit d'une société de soutien scolaire, Chegg, dont le titre s'est effondré de 50% parce que les élèves se tournent vers l'IA ».

D'autres pourraient suivre. « Certaines professions sont directement menacées par l'IA. À commencer par les avocats. ChatGPT a récemment passé l'équivalent américain du barreau. Et l'IA s'est placée dans le top 10% des candidats », observe Antoine Fraysse-Soulier.

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