Quand on parle de bourse, c’est rarement par les matières premières qu’on commence. Pourtant, ce marché – auparavant réservé aux traders professionnels – s’est largement démocratisé au cours des dernières années, grâce à de nouveaux produits d’épargne. Quelques précautions avant de vous lancer.

Quel est le point commun entre un ordinateur, un pont et une assiette de pâtes fraîches ? Réponse : ce sont des produits transformés. Pour les produire, il faut donc des matières premières. En finance, ces matières premières – ou commodities – sont une classe d’actifs à part entière, qui regroupe à la fois l’énergie (pétrole, gaz), les métaux (or, cuivre, etc.) et les produits agricoles (blé, orge, etc.).

A l’instar du médiatique bitcoin, le cours des matières premières est régi par la loi de l’offre et de la demande. Toutefois, ce marché présente plusieurs spécificités qu’il est important de connaître avant d’investir. Tout d’abord, à contrario d’autres actifs, la détention de matières premières ne procure ni des dividendes, ni des intérêts. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Warren Buffet, investisseur américain de renom, considère qu’il est inutile d’investir dans l’or : « Si vous conservez une once d'or pour l'éternité, vous aurez toujours une once à la fin ». Les seuls bénéfices que vous pouvez espérer proviennent de vos « trades » à proprement parler : vous achetez à un certain prix, en espérant revendre plus cher.

C’est là que les choses deviennent intéressantes. Car en économie, pour que les prix augmentent, il faut schématiquement que la demande soit supérieure à l'offre, ce qui tend à être le cas pour de nombreuses matières premières. De quoi leur conférer la caractéristique d'être des réserves de valeur.

Un marché rythmé par l’offre, la demande et la géopolitique

Du côté de la demande, les matières premières sont nécessaires pour la production industrielle. Sans matières premières, impossible de démarrer votre voiture, de remplir votre frigo, ou même de fabriquer le frigo en question. Ce caractère de nécessité impacte directement la demande sur le marché des matières premières : elle peut varier à la hausse comme à la baisse, mais ne se tarit jamais tout à fait.

Côté offre, les matières premières ont tendance à être rares. La rareté peut-être inhérente au métal précieux, comme pour l'or, ou construite. C'est-à-dire faire suite à une sur-extraction. Or, en économie de marché, la rareté fait la valeur. De plus, l’offre des matières premières est par nature très instable, ce qui entraîne une forte volatilité des cours. Qu’il s’agisse de la découverte de nouveaux gisements d’énergie fossile, de l’impact des aléas climatiques sur les productions agricoles, ou de décisions de nature spéculative, le cours des matières premières dépend d’une multitude de facteurs, tant humains que naturels.

La géopolitique n’est pas, non plus, étrangère à l’instabilité des prix, comme l’illustre l’actualité autour des terres rares. Ces matériaux, cruciaux pour l'électronique, sont extraits dans une poignée de pays dont la Chine qui est aujourd’hui le principal fournisseur du monde. Suite à la baisse de production en raison de la pandémie, mais surtout à une réglementation visant à mieux contrôler les exportations stratégiques de la Chine, le prix de certaines terres rares avait bondi fin 2020.

Acheter des matières premières avec du papier

C’est pourquoi, ce type d’investissement se destine aux investisseurs avertis qui s’intéressent à la macro-économie, au commerce international et aux rencontres sino-russo-américaines... Si c’est le cas, que la fluctuation des cours ne vous rebute pas, et que vous êtes déjà en possession d’une épargne confortable, il y a plusieurs manières d’investir dans les matières premières.

En acheter en direct n'est pas la solution la plus s'imple. Car, en pratique, s’il est possible de louer un coffre-fort en banque pour stocker un lingot d’or, pour du pétrole ou du gaz, c’est inenvisageable. Pour investir dans l’or noire, mieux vaut acquérir du papier, grâce par exemple au trading sur CFD.

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Les CFD – ou contrats sur la différence – permettent en effet de récupérer la différence entre le prix de l’actif au moment où le contrat est conclu, et son prix lorsque le contrat est clôturé. Ainsi, vous pouvez trader sur le marché des matières premières sans être obligé de détenir les actifs en question. Mais, comme tous produits dérivés, le risque de perte en capital est présent. Imaginons, par exemple, que vous achetiez un CFD à 3 mois sur le Brent à un moment où le baril vaut 64 dollars. Si 3 mois plus tard, le baril est valorisé 80 dollars, vous empochez les 16 dollars de différence. En revanche, s’il chute à 48 dollars, vous avez perdu 16 dollars.

Les ETF – ou fonds indiciels – sont également un canal intéressant pour investir dans les matières premières. Faciles d’accès et peu coûteux, les ETF reproduisent fidèlement les variations d’un indice, mais s’échangent comme des actions sur des places financières régulées. Ils peuvent être glissés dans vos enveloppes habituelles : compte-titres, PEA voire assurance vie. Les ETF pétroliers suivent par exemple le cours des marchés pétroliers, qu’il s’agisse du pétrole brut ou d’un panier de titres directement liés au cours du pétrole. De la même manière, il existe des OPCVM spécialisés dans les matières premières.

Dans une certaine mesure, l’autre stratégie pour vous exposer, indirectement, aux matières premières consiste à acheter des titres des sociétés cotées actives dans ces domaines, par exemple, pour le pétrole, des actions de Total ou du pétrolier britannique Shell. Avec là, la possibilité de recevoir des dividendes.

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Vers un nouveau « super-cycle » ?

Entre les raisons politiques et environnementales, il est particulièrement difficile pour un particulier de prévoir l’évolution des cours des matières premières. C'est pourquoi, les investisseurs doivent consulter les avis d'experts. Il y a quelques semaines, les analystes de la banque d'investissement Goldman Sachs se sont prêtés à l'exercice. Ils prédisent un cycle haussier pour la quasi-totalité du marché sur l’année 2021. A en croire leurs pronostics, l’indice des matières premières S&P/Goldman Sachs (GSCI) devrait ainsi croître de 28% sur les 12 prochains mois, porté par la hausse des métaux précieux (+17,9%) et des énergies (+42,6%). Le cours des produits agricoles, par contraste, devrait perdre -0,8%.

L’optimisme de la banque américaine s’explique par les nombreuses mesures budgétaires implémentées par les gouvernements et les banques centrales pour surmonter la crise sanitaire du Covid-19. « Vous avez tous les signes révélateurs d'un super-cycle », a confirmé Jeff Currie, responsable de la recherche sur les matières premières chez Goldman Sachs à Bloomberg TV. En ce printemps, les chiffres semblent pour l’instant lui donner raison : le cuivre vient de franchir la barre des 8 000 dollars la tonne, soit une hausse de 80% depuis mars, et le fer s’échange à 160 dollars la tonne, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 7 ans.

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