La société Debory Eres vient de réaliser une étude portant sur l’épargne affectée à la retraite, mêlant notamment produits dédiés, comme le Perp, et livrets défiscalisés. L’assurance-vie mobilise sans surprise la majeure partie de l’encours mais cette hégémonie tend à s’éroder au profit de l’épargne salariale et de l’épargne retraite « pure ».

La plateforme d’épargne salariale et retraite Debory Eres a livré hier une analyse innovante de son secteur. Alors que les études sur l’épargne retraite se limitent généralement à des statistiques éparses ou à des sondages, Debory Eres s’est intéressé à l’ensemble de l’offre, en classant les différentes familles de produits selon l’encours et les versements qu’ils mobilisent. Pour y parvenir, Debory Eres a recoupé les chiffres de la Banque de France, de l’Insee, de l’Association française de la gestion financière (AFG) et de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Le cabinet, qui possède une activité de conseil et une activité de gestion de supports de placements, a ainsi choisi de mêler dans son étude les produits dédiés à la retraite et les placements qui ne sont utilisés que partiellement dans une optique d’épargne retraite (1), comme le Livret A.

Sans surprise, l’assurance-vie apparaît comme le premier support en 2012 avec 45% de la répartition de l’épargne affectée à la retraite. En deuxième position émargent les valeurs mobilières (24%), y compris celles détenues via un PEA. Suivent l’assurance retraite collective (13%), l’assurance retraite individuelle (8%) et l’épargne salariale (6%). Les livrets défiscalisés ne mobilisent eux pas plus de 4% de cette épargne affectée à la retraite.

675 milliards d’euros d’épargne affectée à la retraite

Suivant cette méthodologie, l’épargne retraite des Français s’élève à 675 milliards d’euros fin 2012, en hausse de 39% par rapport à l’année 2003. Si l’enveloppe globale a augmenté, la part de l’épargne financière que les Français consacrent à la retraite a diminué en 9 ans, passant de 26% en 2003 à 22%.

Paradoxalement, les Français font de plus en plus confiance aux supports d’épargne retraite « purs », à en croire l’étude de Debory Eres. L’encours de produits tels que le Madelin, le Perp, le Perco, le Préfon ou encore le Plan d’épargne retraite entreprise (PERE) a plus que doublé entre 2003 et 2012. La proportion d’économies affectées à la retraite placées sur ces supports a fortement augmenté : 13% en 2003, 22% en 2012.

Dans le détail, Debory Eres constate qu’en l’espace d’une décennie, trois familles de produits ont fortement élargi la place qu’elles occupent dans la répartition de l’épargne affectée à la retraite. La part de l’assurance retraite collective (2) est passée de 9% à 13%, celle de l’épargne salariale est passée de 4% à 6% et celle de l’assurance retraite individuelle (Madelin, PERP, etc.) a vu sa part doubler, de 4% à 8%.

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Principale cause de cette évolution selon Debory Eres : « la part de l’assurance-vie affectée à la retraite a fortement chuté, de 36% à 21% » entre 2003 et 2012, les Français utilisant plus ce placement pour sa rentabilité que pour son aspect prévoyance. Conclusion du cabinet : « On peut anticiper que dans le futur la part de l’assurance-vie va baisser au profit de l’épargne collective et de l’épargne retraite pure. »

(1) Pour établir la part dédiée à la retraite dans les différents produits d’épargne, Debory Eres s’est basé sur les enquêtes de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur le patrimoine des ménages. Les statistiques d’encours et de versements proviennent de la Banque de France, de la FFSA et de l’AFG.

(2) Par exemple les contrats collectifs d’assurance-vie, souscrits dans le cadre d’une entreprise, de type « article 83 », « article 39 », etc.