Contrairement à la presque totalité des placements, l'assurance-vie est sortie indemne du tour de vis fiscal du gouvernement français, un coup de pouce bienvenu pour un produit qui reste sur l'une des pires années de son histoire.

Revendiquant une démarche de justice fiscale et en quête de recettes supplémentaires, l'exécutif va désormais soumettre l'essentiel des revenus du capital au barème de l'impôt sur le revenu. Seuls ont sauvé leur tête le plan d'épargne en actions (PEA) et l'assurance-vie, qui continue de bénéficier de l'option du prélèvement forfaitaire libératoire, beaucoup plus avantageux pour les ménages imposables.

Pour Louis Godron, président de l'Association française des investisseurs pour la croissance (Afic), l'assurance-vie affirme son statut de « régime fiscal dérogatoire et exceptionnellement bon ». L'assurance-vie présente ainsi un taux de prélèvement libératoire de 7,5% à partir de 8 ans d'ancienneté du contrat quand les revenus d'autres placements (actions, obligations, livrets bancaires) peuvent être taxés jusqu'à 45% pour les ménages les plus aisés.

Alors que le candidat François Hollande brandissait, durant sa campagne, la menace d'un alignement sur le barème de l'impôt sur le revenu pour les contrats de moins de 8 ans, aucune modification n'est finalement prévue dans le projet de loi de finances 2013. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a même enfoncé le clou mardi en assurant, devant la commission des Finances du Sénat, que le gouvernement n'avait pas l'intention de modifier la fiscalité de ce produit, sauf à encourager éventuellement une détention plus longue qu'actuellement.

M. Moscovici a également affirmé que le gouvernement souhaitait favoriser le financement de long terme pour les entreprises. « A partir du moment où l'Etat réaffirme que sa priorité est le financement long, cela veut dire que la stabilité de l'assurance-vie fait partie de ses préoccupations majeures », a déclaré jeudi le président de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA), Bernard Spitz.

Pas de « boom » prévu de l'assurance-vie

Pour l'assurance-vie, c'est la première éclaircie après une année très difficile, marquée par onze mois de décollecte nette (retraits supérieurs aux versements) sur les treize derniers mois. « Il n'y a pas de mauvaise nouvelle, mais cela ne veut pas dire qu'il va y avoir un boom de l'assurance-vie. L'environnement reste compliqué », prévient Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants.

Les facteurs structurels qui handicapent l'assurance-vie, principalement le départ en retraite de la génération « baby-boom », vont continuer à peser, tout comme la préférence actuelle pour les placements de court terme, favorisée par la conjoncture économique et financière incertaine.

Dans ce contexte, le relèvement, lundi, du plafond du Livret A de 25% et le doublement de celui du Livret de développement durable (LDD), peuvent faire pencher encore un peu plus la balance en faveur de ces produits. D'autant que leurs taux d'intérêt sont maintenant quasiment identiques à ceux des contrats d'assurance-vie en euros (à capital garanti), une situation qui pourrait durer.

« L'assurance-vie et les enveloppes de capitalisation de façon plus générale sont les grands gagnants pour l'instant, mais attention à ne pas confondre assurance-vie et fonds en euros », pointe Meyer Azogui, président de la société de gestion privée Cyrus conseil. « L'enjeu pour les assureurs sera désormais d'avoir des contrats en unités de compte attractifs », prévoit M. Crevel, en référence aux contrats à capital non garanti, dont les rendements peuvent être nettement supérieurs à ceux des contrats en euros. Victimes de l'aversion au risque et de la déprime des marchés, ils ne pèsent plus actuellement que 13% environ des versements.