Alors que les marchés boursiers sont repartis à la hausse fin 2022, les actions ont-elles une chance de flamber en 2023 ? Entre risque de récession, retour de l'inflation et poursuite de la guerre en Ukraine, cette nouvelle année est pourtant semée d'embûches. Décryptage.

Neuf mois plutôt moroses. Des cours en dents de scie. Puis un rebond fulgurant. Depuis son plus bas du 29 septembre, à 5 676 points, le CAC40 a repris plus de 20%. Résultat : l'indice phare de la place parisienne a clôturé 2022 en repli de moins de 10% par rapport à décembre 2021, année à l'issue de laquelle il avait bondi de 28,85%. Il n'a pas à rougir de la comparaison avec d'autres places financières : aux Etats-Unis, le S&P 500 a baissé de près de 20%.

Pourtant, la fin d'année s'annonçait compliquée. « Le pessimisme des investisseurs a atteint son pic en septembre, avec un nombre de positions vendeuses record et des couvertures importantes sur les portefeuilles des gestionnaires de fonds », rappelle Nicolas Chéron, stratège et analyste boursier.

En cause : la politique zéro-covid des autorités chinoises, le retour de l'inflation, la guerre en Ukraine, la remontée des taux directeurs, la flambée des coûts de l'énergie et le risque de récession aux Etats-Unis. Autant de nuages noirs qui ont pesé sur le moral des investisseurs durant les trois premiers semestres de l'année.

Alors qu'est-ce qui a changé ? Pas grand chose, en réalité. « Les nouvelles ont tout simplement été moins mauvaises que prévu », indique Nicolas Chéron. L'économie américaine a par exemple créé 263 000 emplois en novembre, soit nettement plus que les 200 000 créations de postes que les analystes anticipaient.

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Le rebond peut-il durer ?

Reste à savoir si le rallye de fin d'année va perdurer en 2023. « Difficile à dire », répond Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse marché pour le courtier eToro. « Toutefois, je pense que les marchés ont déjà atteint leur point bas au mois de septembre de cette année. ». Et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, l'inflation commence à s'essouffler aux Etats-Unis. Pour preuve : en juin dernier, la flambée des prix sur 1 an dépassait 9%. Cinq mois plus tard, elle est retombée à 7,1%. « Si le pic d'inflation est passé, les banques centrales devraient ralentir leurs hausses de taux », observe Antoine Fraysse-Soulier.

Et justement, c'est LE signal que les marchés guettent avec impatience. Car depuis plusieurs mois, les banques centrales ont relevé leurs taux directeurs à un rythme soutenu. Si bien que les taux de la Fed oscillent aujourd'hui entre 4,25 et 4,50%. « Ces taux pourraient baisser dès mi-2023. A condition que l'inflation reste sous contrôle », note Nicolas Chéron.

Pour finir, les marchés pourraient également profiter de l'assouplissement des mesures de confinement en Chine. « Si Pékin renonce enfin à sa politique “zéro Covid”, la Chine pourrait redevenir un catalyseur de croissance pour l'économie mondiale », explique Antoine Fraysse-Soulier.

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Nuages noirs

Alors que le CAC 40 s'est adjugé plus de 2% depuis lundi à 6 623,89 points , faut-il pour autant s'attendre à une envolée des cours en 2023 ? Pas nécessairement. « Le marché a enfilé ses lunettes roses en cette fin d'année. Mais toutes les bonnes nouvelles ont désormais été “pricées”. Et le potentiel haussier au cours des prochains mois est par conséquent plutôt restreint », prévient Nicolas Chéron.

Sans compter que l'économie mondiale reste sous tension. La Banque de France anticipe par exemple une croissance du PIB français quasi nulle (0,1%) en 2023. Les Etats-Unis prévoient à peine mieux (0,2%). Et le FMI estime que la croissance mondiale pourrait tomber sous la barre des 2% pour la première fois depuis 2009.

Un risque que les marchés ont « déjà anticipé », selon Antoine Fraysse-Soulier. Mais ce ne serait pas la première fois que les instances dirigeantes se trompent dans leurs prévisions de croissance. Or si le ralentissement économique est plus marqué que prévu, les cours risquent de dévisser.

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Les secteurs gagnants de 2023

Autre point d'attention : la consommation des ménages. Car la bonne tenue des marchés en cette fin d'année est surtout due aux résultats solides des entreprises sur le troisième trimestre de l'année 2022. Mais ces performances pourraient ne pas durer. « Jusqu'à présent, les entreprises ont pu répercuter les hausses de coûts sur leurs prix. Toutefois, le pouvoir d'achat des ménages en pâtit aujourd'hui », constate Antoine Fraysse-Soulier.

« Le temps économique est un temps long », abonde Nicolas Chéron. « La consommation aux Etats-Unis est restée élevée au cours des derniers mois parce que les Américains avaient accumulé de l'épargne pendant le Covid. Désormais, cette épargne s'est évaporée. Et le nombre de crédits à la consommation explose ». Bilan ? La banque Goldman Sachs anticipe un ralentissement des bénéfices des entreprises de l'ordre de 7 à 10% l'an prochain. Or là encore : si ce ralentissement s'avère plus marqué que prévu, une correction des cours semble inévitable.

La prudence reste par conséquent de mise en 2023. « La volatilité devrait rester élevée, avec des variations de 10 à 15% », avertit Nicolas Chéron. Quelques secteurs pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu. « Les valeurs technologiques ont été massacrées au cours des derniers mois. Si le pic d'inflation est bel et bien derrière nous, le cours de ces actions pourrait remonter en 2023 », estime Antoine Fraysse-Soulier. « Quant aux secteurs du luxe et du tourisme, ils pourraient profiter de la réouverture des frontières chinoises ».

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