Cette semaine, les assemblées générales des actionnaires des banques françaises cotées ont approuvé la proposition de dividendes que leur ont soumise les conseils d’administration. Rapporté au prix actuel de l’action, le rendement du dividende oscille entre 6% et 9%.

De mi-avril à m-juin, les sociétés du CAC 40 convoquent leurs actionnaires en assemblée générale (AG). L’occasion pour eux d’approuver les comptes du précédent exercice, de questionner les dirigeants sur leur stratégie ou encore de valider la politique de distribution des dividendes. S’agissant de cette dernière résolution, les AG du Crédit Agricole, de la Société Générale et de BNP Paribas ont approuvé la proposition faite par les conseils d’administration.

Au titre de l'année dernière, le Crédit Agricole va distribuer un dividende de 0,69 euro par action, en hausse de 9,5% par rapport à l’année dernière. Au total, ce sont ainsi la moitié de ses bénéfices de 2018 qui vont aller tout droit dans la poche de ses actionnaires. Le paiement est prévu le 28 mai. BNP Paribas va, quant à elle, octroyer comme l’an passé 3,02 euros par titre, payés en numéraire le 31 mai. Comme le Crédit Agricole, la banque d’un monde qui change redistribue ainsi 50% de ses profits aux détenteurs de ses titres. Même partage des gains pour la Société Générale. Le 14 juin prochain, la banque rouge et noire va octroyer la moitié des bénéfices réalisés l’année dernière à ses actionnaires, soit 2,20 euros par action. Cette rémunération est également stable par rapport à l’an passé malgré la débâcle boursière de la Société Générale.

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Un dividende payable en actions pour Société Générale

Élément distinctif par rapport à ses consœurs, la Société Générale va laisser la possibilité à ses actionnaires d’opter pour le paiement en actions du dividende. En pratique, les actionnaires souhaitant ainsi acquérir de nouveaux titres doivent, entre le 29 mai et le 7 juin, en faire la demande auprès de leur établissement teneur de compte-titres. Leur prix est fixé à 22,31 euros, représentant ainsi une décote de 10% par rapport au cours du 23 mai de l’action.

Pour la Société Générale, l'objectif est ainsi de ne pas puiser dans ses réserves : « Le fait de proposer le réinvestissement en titre permet de ne pas altérer les fonds propres et donc, de renforcer le capital », souligne Frédéric Rozier, gérant de portefeuille au sein de Mirabaud France.

Sur la thématique des fonds propres, la banque est en effet attendue au tournant par les investisseurs et aussi par les régulateurs. En novembre 2018, les stress tests de la Banque centrale européenne avaient en effet conclu que la Société Générale était la banque la moins solide en France en cas de crise financière. Depuis, Frédéric Oudéa, son directeur général, tente de redresser la barre, cherchant à accroitre ses fonds propres pour améliorer son ratio de solvabilité (CET1). Cessions d’actifs et autres plans d’économies ont ainsi permis de faire grimper ce ratio de 0,5 point en un trimestre. Le CET1 de la Société Générale est ainsi passé de 11,2% fin décembre 2018 à 11,7% fin mars 2019, se rapprochant ainsi de l’objectif que s’est fixé la Société Générale d’atteindre 12% en 2020.

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Un rendement du dividende de 6% à 9% au 23 mai

Mais pour l’heure, ce redressement ne suffit pas à rassurer les marchés. L’action de la Société Générale s’est encore repliée de 10% depuis le début de l’année à près de 25 euros au 23 mai. Ce faisant, le taux rendement de son dividende – c’est-à-dire le montant du dividende par action divisé par le cours en bourse – atteint des sommets. Rapporté au prix de l’action au 23 mai, le rendement du dividende versé au titre de l’exercice 2018 atteint 9%, contre 7% pour BNP Paribas et 6% pour le Crédit Agricole, qui ont toutes deux repris des couleurs en bourse depuis le début de l’année.

De 6% à 9% au 23 mai, le rendement des dividendes des banques apparaît élevé au regard des autres sociétés cotées à la bourse parisienne. Airbus est à 1%, Vinci comme Danone à 3%, Sanofi à 4%. Au regard de ce seul indicateur financier, la politique de rémunération des stars du CAC 40, les entreprises du luxe, peut également paraître faiblarde. Le dividende par action validé en AG par LVMH et L’Oreal ne représente que 2% de la valeur actuelle de leur titre.

Est-ce que cela signifie que les investisseurs doivent se ruer sur les actions des banques ? Loin s’en faut ! Le contexte économique et monétaire appelle plutôt à la prudence. Le dividende rapporté au cours boursier n’est qu’un indicateur. Outre la part du bénéfice attribué aux actionnaires, l’autre déterminant de l’attractivité d’un titre est la plus-value qu’il génère à sa revente. C’est-à-dire l’écart entre son prix d’achat et son prix de revente. Problème, le contexte actuel - taux d’intérêt au plus bas en zone euro, pression concurrentielle dans un environnement réglementaire strict – pèse sur la rentabilité financière et les perspectives boursières des banques.

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