Face à une inflation inédite depuis les années 1980, en particulier sur les prix de l'énergie et désormais sur les produits alimentaires, l'association Familles rurales a demandé ce mercredi au gouvernement de mettre en place une allocation mensuelle de 65 euros pour aider les ménages sous le seuil de pauvreté à manger sainement.

477 euros. C'est le montant minimum que doit débourser chaque mois une famille de 4 personnes (2 adultes et 2 enfants) pour s'alimenter sainement selon l'Observatoire des prix annuel de l'association Familles rurales, publié mercredi. Et encore, ce budget de 477 euros concerne selon Familles rurales uniquement un panier faiblement varié (au regard des préconisations du Plan national nutrition santé, et en achetant des produits de saison). L'inflation a ainsi fait grimper en 2022 de 27 euros le montant minimal du budget alimentation d'une famille de quatre personnes, à 477 euros mensuels contre 450 en 2021.

En variant mieux les produits, « le prix moyen mensuel de notre panier “varié” pour une famille de 4 personnes s'élève à 734 euros pour les premiers prix, 814 euros pour les marques nationales et 1 179 euros pour le bio ».

Or selon les estimations de Familles rurales, « il manque 65 euros aux 9 millions les plus précaires pour parvenir » à ce montant minimal de 477 euros. En faisant référence à 9 millions de « plus précaires », l'association pointe ainsi les familles vivant au niveau ou sous le seuil de pauvreté.

D'où l'idée, relayée dans une lettre au ministre de la Santé François Braun, de « consacrer une allocation de 65 euros mensuels pour les ménages modestes ». Son coût annuel est chiffré à 7,2 milliards d'euros, que l'association met en regard des « 20 milliards d'euros dépensés à soigner des pathologies qu'on pourrait éviter » en mangeant plus sainement.

L'inflation alimentaire a dépassé les 12% sur un an

Dans un contexte où l'inflation alimentaire a dépassé les 12% sur un an en 2022, avoir une alimentation équilibrée permet également de débourser moins, souligne Familles rurales, selon qui la hausse des prix des produits sains s'est limitée à 8,3%. « L'explication tient notamment au fait que les produits les plus sains pour notre santé sont généralement les aliments les moins transformés et dont la production nécessite un moindre nombre d'intermédiaires », souligne Famille rurales dans son étude.

Parmi les sept catégories de produits retenues, les légumes secs (+3,8%) ont connu la plus faible inflation et les matières grasses (+12,9%) les plus fortes hausses de prix. Les produits céréaliers et féculents se sont renchéris de 11,2%, le prix des fruits et légumes progressant de 10,7%.

(1) L'enquête a été réalisée sur quatre périodes (février, avril, juin et octobre 2022) dans 134 magasins par une équipe de 98 « veilleurs consommation » sur 37 départements. Les relevés ont porté sur 85 produits de consommation courante.