Nouvelle menace sur les prix dans les rayons. En ce mois de mars, une nouvelle hausse importante est attendue dans les rayons des grandes surfaces. Quelle sera son ampleur et quels seront les produits les plus touchés ? Les réponses d'Emilie Mayer, experte des produits de grande consommation à l'institut Iri.

Emilie Mayer, Experte des produits de grande consommation à l'institut Iri.
Emilie Mayer
Experte des produits de grande consommation à l'institut Iri.
Quelle est l'ampleur de la hausse des prix sur les produits de grande consommation ?

Emilie Mayer : « La hausse s'accélère. Sur notre panel qui couvre plus de 100 000 références dans 20 000 points de ventes de grandes surfaces, nous avons enregistré une inflation de 12,6% en décembre 2022 (par rapport à décembre 2021), de 13,7% en janvier 2023 et elle devrait passer la barre des 14% en février. Mais avec les négociations annuelles sur les prix entre les industriels et les distributeurs qui se terminent le 28 février, nous anticipons des hausses de tarifs encore plus importantes. »

Faut-il craindre un mois de mars rouge, avec des hausses allant jusqu'à 40% ?

« Les discussions entre les industriels et les distributeurs ont débuté sur des bases très élevées avec des demandes qui peuvent atteindre 40% de hausse sur certains produits dont les prix n'ont pas été réévalués depuis l'an dernier. C'est le jeu de la négociation, mais vous n'aurez pas 40% de hausse d'un coup en mars. Elle sera progressive tout au long du printemps car ce sont d'abord les stocks anciens qui vont s'écouler. Il faut laisser le temps aux magasins d'appliquer les nouveaux prix. Mais il est certain que le mois de mars va marquer un nouveau palier avec des hausses supplémentaires moyennes, selon nos estimations, comprises entre 4 et 7% appliquées progressivement jusqu'en juin.

« Vous n'aurez pas 40% de hausse d'un coup le mois prochain »

Tout l'enjeu pour les distributeurs est de répercuter des hausses acceptables pour les consommateurs, qui ne risquent pas d'entraîner un effondrement des volumes de ventes. Le secteur de la grande distribution s'est construit sur une logique de forte volumétrie pour compenser une marge faible sur chaque produit vendu. D'après nous, la hausse des prix devrait se tasser cet été. »

Quels sont les produits les plus touchés par les hausses de prix ?

« Tous les produits dont le pourcentage de matière agricole qui le compose est élevé souffrent d'une forte hausse des prix, en raison de l'envolée des cours des matières premières. Sur la viande, le lait, les pâtes, le riz ou les œufs, les hausses de prix tournent autour de 20 à 30% sur un an par exemple. Les produits dont la fabrication nécessite une consommation d'énergie élevée sont également très touchés avec, là encore, des augmentations de 30% environ pour les mouchoirs, les essuie-tout ou encore le papier toilette.

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La nouvelle hausse des prix de 4 à 7% que nous anticipons suite aux négociations commerciales va toucher l'ensemble des produits, même ceux qui jusqu'ici étaient relativement peu impactés. Elle s'explique par les augmentations de salaire accordées depuis le début de l'année, et surtout par la poursuite de la hausse des coûts de l'énergie. »

Comment les consommateurs arbitrent-ils leurs dépenses ?

« Les Français achètent moins de produits frais, comme la viande et le poisson, et ils se détournent du bio, des produits labellisés ou équitables qui coûtent plus chers. Ils descendent en gamme pour se diriger davantage vers les marques distributeurs. Celles-ci sont aujourd'hui 26% moins chers, en moyenne, que les grandes marques nationales. Mais les Français n'hésitent pas non plus à changer d'enseigne pour choisir celle avec le meilleur rapport image/prix, comme Lidl ou Leclerc par exemple. »

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