Les ETF, produits financiers utilisés pour reproduire par exemple l'évolution d'un indice boursier et qui fêtent leur 20 ans d'existence, connaissent un grand succès auprès des professionnels et des particuliers aux Etats-Unis, mais ont plus de mal à décoller en Europe.

Le principe d'un ETF (Exchange-Traded Fund), autrement apppelé « trackers », est de rendre accessible pour les investisseurs à travers un seul titre l'ensemble d'un indice –du type CAC 40– un panier de matières premières ou encore des secteurs d'activités. Ces titres s'échangent et sont cotés sur les principaux marchés boursiers au même titre qu'une action traditionnelle.

« Le marché mondial des ETF a surtout commencé sur les grands indices boursiers », avant de concerner l'ensemble des classes d'actifs à partir de la crise financière de 2007/08, a rappelé récemment lors d'une conférence de presse Olivier Paquier, responsable des ETF France chez SPDR (State Street). Le premier EFT a été lancé en 1993 par le gérant de fonds américain State Street sur l'indice de référence de la Bourse de New York, le Standard and Poor's 500. C'est aujourd'hui l'instrument financier le plus traité au monde avec 20 milliards de dollars échangés par jour. Par comparaison, 3 milliards d'euros sont négociés quotidiennement sur les valeurs du CAC 40 à Paris.

Les Etats-Unis conquis par les ETF

Au total, il existait fin 2012 3.329 ETF dans le monde, dix fois plus qu'en 2004 (330), selon des chiffres de Deutsche Bank. L'essor a été tel que parmi les 10 produits financiers les plus échangés au monde figurent 5 ETF. Leur encours s'établissait fin janvier à 1.300 milliards de dollars dans le monde, pour l'essentiel aux Etats-Unis. En Europe, le marché atteignait seulement 250 milliards d'euros.

Les plus grands acteurs du secteur sont américains, avec BlackRock (42% de parts de marché fin 2012), devant State Street (15,7%) et Vanguard (14%), selon Deutsche Bank. En Europe, BlackRock (42%) devance Deutsche Bank et Lyxor (groupe Société Générale). « La majorité des investisseurs en ETF sont des particuliers aux Etats-Unis. En Europe, c'est l'inverse, puisque les institutionnels sont prédominants », relève Pedro Fernandes, responsable des ETF en Europe chez l'opérateur boursier NYSE Euronext. Pour leur part, les Américains utilisent plus spontanément les ETF pour leur épargne, en particulier leur retraite, ce qui est beaucoup moins le cas en Europe.

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En France, « les ETF ont connu un certain succès quand ils ont été lancés il y a une dizaine d'années parce qu'ils étaient simples à comprendre et avaient des frais souvent moins élevés que les fonds actions », rappelle Benoît Gommard, directeur général du courtier Cortal Consors France (groupe BNP Paribas). Le marché reste toutefois réservé à une minorité de particuliers avertis, déjà familiers des produits boursiers. Ces derniers utilisent de moins en moins des ETF classiques pour leur préférer des ETF spéculatifs dont la durée de détention est moindre, de l'ordre de quelques jours ou semaines.

Il faut dire que si les ETF rendent accessibles à moindre frais à l'ensemble des investisseurs des produits exotiques ou qui nécessitent normalement une surface financière importante, ils ne sont pas dénués de risques, au même titre qu'une action. Si les créateurs d'ETF ont souvent les titres correspondants en portefeuille (par exemple toutes les actions du CAC 40 pour reproduire l'indice), ils peuvent parfois passer par des constructions plus complexes et risquées à travers des produits dérivés. L'autorité de régulation financière européenne (ESMA) a d'ailleurs émis en 2012 des recommandations sur le marché des ETF, afin d'assurer leur bon fonctionnement et leur sécurité pour les investisseurs qui en détiennent.