Dominique Fabre, secrétaire générale de la CFDT Retraités, ne mâche pas ses mots concernant la promesse d'une pension minimale proche de 1 200 euros, en brut : « Il ne faut pas laisser croire aux gens de telles contre-vérités ».

« Parler d'une retraite minimale à 1 200 euros brut pour une carrière complète est loin de correspondre à la réalité. Il ne faut pas laisser croire aux gens de telles contre-vérités », déclare Dominique Fabre, secrétaire générale de la CFDT Retraités, dans le magazine de la CFDT et sur le site de la CFDT Retraités. Relancée sur l'expression « contre-vérité », lourde de sens, elle insiste : « Je l'assume totalement. C'est catastrophique, car cela décrédibilise la parole publique et fait le jeu des partis extrêmes. »

Pourquoi cette promesse, gage de « justice sociale » logée dans le projet de réforme des retraites, est-elle trompeuse selon elle ? « La pension de beaucoup de retraités n'atteindra pas ce montant car le mécanisme qui a été imaginé se fonde sur des estimations de retraites complémentaires, lesquelles ne reflètent pas la réalité. Les femmes qui ont travaillé à temps partiel n'atteindront pas les 1 200 euros, par exemple. »

1 200 euros, avant CSG et CRDS... pour qui ?

Après les ambiguïtés des premières heures, mi-janvier, les conditions pour profiter de ce « minimum » ont été précisées par le gouvernement, et en partie détaillées dans le projet de loi et dans le rapport annexé. En résumé, voici ce qu'il faut retenir :

  • Cette retraite minimum sera d'environ 1 200 euros, et durablement indexée à 85% du Smic net.
  • Ce minimum est une pension en brut, avant CSG (variable selon les retraités) et CRDS, soit jusqu'à 9,1% de cotisations sociales.
  • Les près de 1 200 euros (en brut) s'obtiennent par l'addition de la pension de base et de la retraite complémentaire.
  • Ceux qui sont déjà à la retraite profiteront d'une augmentation du « minimum contributif » (minimum pour la pension de base du régime général), à hauteur de 25, 75 ou 100 euros selon les cas. Cela permettra à certains de s'approcher des 1 200 euros de pension brute.
  • Pour bénéficier pleinement de ce minimum, il faut nécessairement justifier d'une « carrière complètement cotisée au Smic ».
  • Ceux qui ne justifient pas d'une carrière complète verront leur pension (actuelle ou future) augmenter légèrement, au prorata.

Petite retraite : pourrez-vous profiter de la pension minimum de 1 200 euros ?

« 1,8 million de retraités » concernés ?

Dominique Fabre rappelle « que la revendication de la CFDT est qu'un salarié au Smic pendant toute sa carrière doit pouvoir prétendre à une pension au niveau du Smic et non à 85% de celui-ci. Alors que le minimum vieillesse a été fortement revalorisé (961 euros aujourd'hui), on voit bien que le minimum contributif n'a pas suivi. Il faut donc relativiser ce que le gouvernement annonce comme une grande avancée pour les petites pensions, car cela va faire un paquet de déçus. »

« C'est en dessous du minimum retraite voté en 2003 qui prévoyait déjà un minimum à 85% du SMIC mais n'a jamais été appliqué », lit-on par ailleurs du côté de la CGT.

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Le gouvernement annonce « entre 180 000 et 200 000 » nouveaux retraités profitant de la mesure chaque année, et « 1,8 million de retraités » : dans les deux cas, ces chiffres font référence à l'ensemble des petites retraites bonifiées grâce à la mesure, et non pas au nombre de retraités futurs ou actuels qui approcheront de 1 200 euros bruts. Enfin, Franceinfo a révélé fin janvier que les actuels « poly-pensionnés » concernés ne pourront probablement pas profiter de cette hausse dès septembre 2023, faute de pouvoir tous les identifier.