Une bataille de sièges et de micros, en prélude à la bataille par amendements : les députés ont afflué lundi en commission pour l'examen du très contesté projet de réforme des retraites.

Les élus de l'alliance de gauche Nupes sont venus en nombre, à tel point que certains ont dû s'installer entre LR et RN, faute de places à gauche. « On est nombreux à vouloir co-construire », a lancé l'insoumis Hadrien Clouet, suscitant des rires dans la salle de la commission des Affaires sociales.

L'ambiance est quelque peu dissipée et les orateurs ont peiné à se faire entendre. « Si vous voulez, j'ai un mégaphone », suggérait un élu Nupes, à la veille d'une deuxième journée nationale de mobilisation des opposants.

Le socialiste Arthur Delaporte a d'emblée demandé des « jours supplémentaires » d'examen, alors que quelque 7000 amendements ont été déposés - dont 6000 par la gauche - et que la commission achèvera ses travaux mercredi soir. Mais 28 heures au total en commission, c'est « un temps considérable », a rétorqué la présidente de commission Fadila Khattabi (Renaissance).

« Impossible de venir à bout des amendements »

« Nous avons très envie de travailler » mais cela va être « extrêmement compliqué » de venir à bout des amendements « voire impossible », a déploré Sylvain Maillard (Renaissance), un des chefs de file de la majorité présidentielle. Quoi qu'il en soit, le projet de réforme, qui prend la forme d'un budget rectificatif de la Sécu, sera examiné dans l'hémicycle à partir du 6 février, pour deux semaines.

« Chacun sait ce qui se passera, y compris en séance publique », a soufflé Charles de Courson (groupe Liot). Le gouvernement pourra transmettre le texte au Sénat au bout de ces deux semaines même si l'Assemblée ne l'a pas adopté. « C'est un total détournement de procédure », a déploré l'élu centriste. Au total, le Parlement dispose de 50 jours pour se prononcer.

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Le compteur tourne à chaque prise de parole, limitée à deux minutes. Seuls la soixantaine de députés membres de la commission peuvent voter, mais tous les présents peuvent s'exprimer. Les députés LR ont défendu en vain un premier amendement, pour ajouter un volet sur « la valeur travail dans notre pays » à ce projet de loi jugé « étriqué ».

L'écologiste Sandrine Rousseau a opposé « un droit légitime au temps libre », sous les exclamations de la majorité. Alors que le ton montait, après l'adoption d'un amendement contre l'avis de la majorité macroniste, Mme Khattabi intimait : « On ouvre les chakras et on se tait ».