Le Haut Commissariat au Plan, piloté par le patron du MoDem François Bayrou, a rendu publique jeudi une note sur les retraites proposant plusieurs leviers dont un report de l'âge de départ et un allongement de la durée de cotisations.

Se basant sur les analyses déjà publiées par le Conseil d'orientation des retraites (COR), le Comité de suivi des retraites (CSR) et France Stratégie, M. Bayrou considère que l'avenir des régimes de retraite appelle « un débat ouvert afin que l'opinion publique puisse prendre position de façon éclairée », selon cette note publiée par Le Figaro jeudi, dont l'AFP a obtenue une copie. L'allié de la majorité a aussi demandé, lors d'un dîner mercredi soir à l'Élysée, de faire davantage de « pédagogie ».

Le détail de la réforme des retraites, qui sera présentée la semaine prochaine, se dessine : le gouvernement veut garder le cap sur un départ à 65 ans. Il envisage d'utiliser un texte budgétaire pour faire passer la réforme, ce qui lui permettrait d'éventuellement recourir à l'arme constitutionnelle du 49.3.

L'ensemble des syndicats y est hostile et menacent d'une grande journée de mobilisation en janvier. « Notre système de retraites risque de se voir de plus en plus fragilisé dans son équilibre financier et, en aggravant continuellement notre dette, de peser de plus en plus sur la capacité économique du pays et sur son indépendance », estime M. Bayrou.

Dans les 25 prochaines années, « sans perspective de réformes, l'évolution démographique des différents régimes de retraite conduit, avec les hypothèses économiques proposées par le COR (7% de taux de chômage et 1% de gain annuel de productivité), à un déficit moyen annuel de 2,1% du PIB », ce qui « poserait la question de la soutenabilité » des régimes, précise la note.

Les leviers du Haut Commissariat au Plan

Pour réduire ce déficit, le Haut Commissariat au Plan a évoqué plusieurs leviers, mais sans « interférer avec les concertations » avec les partenaires sociaux, qui se terminent vendredi. Il « n'intègre pas » de hausse ou de création d'impôts, et écarte aussi, comme le gouvernement, l'idée de baisser les pensions, « puissant facteur de désagrégation sociale ».

En revanche, un report de l'âge de départ -deux scénarios à 64 ou 64,2 ans sont cités- et un allongement de la durée de cotisation seraient « un puissant levier d'amélioration de l'équilibre financier des régimes », générant entre 10 et 20 milliards d'euros, qui représentent « environ un tiers du besoin » de financement annuel d'ici 2047.

Une autre piste consisterait à augmenter d'un point les cotisations patronales retraite, qui passeraient de 16,5% à 17,5% du salaire brut, apportant 7,5 milliards d'euros, soit environ 15% du besoin de financement. Enfin, aller vers le « plein emploi », avec 1,5 million d'emplois supplémentaires, produirait 10 milliards d'euros, soit 20% du besoin de financement.

Le Haut Commissariat suggère également d'augmenter le taux annuel moyen de gain de productivité à 1,3%, à condition de mettre en œuvre les propositions du Conseil national de productivité.