Cette année encore, les Français ont conservé des sommes faramineuses sur leur compte courant. Mais avec 6,2% d'inflation sur 1 an, cette mauvaise habitude risque de vous coûter plus cher que jamais.

Zéro. Nada. Que tchi. Peau de balle. Walou. Voilà, en somme, ce que vous rapporte l'argent que vous conservez sur votre compte courant. Et pourtant... Par négligence ou peut-être par peur de l'avenir, les Français ont pris le mauvais réflexe d'accumuler des sommes importantes sur ce produit bancaire non rémunéré.

Fin octobre, les ménages tricolores cumulaient ainsi plus de 528 milliards d'euros sous la forme de dépôts à vue, placés, pour l'essentiel, sur leurs comptes courants. Soit en moyenne 17 600 euros par ménage. Ou encore 9 430 euros par personne âgée de 15 ans et plus. Derrière ces montants moyens se cachent toutefois de fortes disparités.

Perte de pouvoir d'achat

Le phénomène n'est pas nouveau. Mais avec la flambée des prix, il devient plus pénalisant. Il y a 24 mois, renoncer aux 0,5% de rémunération du Livret A n'avait pas de réel impact sur votre pouvoir d'achat. D'autant que l'inflation était alors presque inexistante. Toutefois, la donne a changé.

En novembre dernier, les prix à la consommation ont ainsi augmenté de 6,2% sur 1 an, d'après les estimations de l'Insee. Voilà plusieurs années que de tels niveaux n'avaient pas été atteints en France et dans la zone euro. Et ce changement n'est pas sans conséquences pour vos finances.

Par exemple, un panier de produits et services représentatifs qui valait 1 000 euros en novembre 2021 coûte désormais 1 062 euros. Or si vous aviez déposé 1 000 sur votre compte courant le 1er janvier 2022, vous disposez aujourd'hui de... 1 000 euros. Vous avez par conséquent perdu 62 euros de pouvoir d'achat.

Voici le seul livret qui vous protègera de l'inflation en 2023 (et ce n'est pas le Livret A)

L'écart se creuse

Mais ce n'est pas tout. La plupart des taux des produits d'épargne réglementée sont calculés à partir de l'inflation ou des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE). Or, pour enrayer la flambée des prix, cette dernière a relevé ses taux à plusieurs reprises au cours des 6 derniers mois.

Depuis juillet dernier, l'augmentation cumulée des taux de la BCE s'élève ainsi à 250 points de base. Soit la plus forte progression enregistrée sur un laps de temps si court depuis la création de l'euro, en 1999. La conséquence ? C'est que les rendements servis par les produits d'épargnes réglementées ont augmenté eux aussi.

Le taux du Livret A, par exemple, est passé à 1% en février 2022. Puis, face à la forte inflation, la rémunération de ce livret a augmenté une deuxième fois en août 2022 pour atteindre 2% nets annuels. Et ça ne s'arrête pas là : la Banque de France a d'ores et déjà annoncé qu'une nouvelle hausse est prévue pour février 2023.

Le Livret A pourrait alors servir un rendement de 3,3%. Un rendement qui n'avait pas été atteint depuis 2008. Même son de cloche pour le Livret d'épargne populaire (LEP), dont le taux de rémunération est monté à 4,2% et pourrait même atteindre 6,2%. Idem pour le Plan d'épargne logement (PEL), qui devrait voir sa rémunération doubler pour atteindre 2% bruts à compter du 1er janvier 2023.

Autrement dit, l'écart se creuse. Le compte courant, non rémunéré, n'est pas conçu pour thésauriser, mais pour régler vos dépenses du quotidien. Et si certains particuliers semblent avoir oublié cette vérité au cours des dernières années, l'inflation devrait sous peu la rappeler à leur bon souvenir.

Car c'est un fait : en 2023, conserver davantage d'argent que nécessaire sur votre compte bancaire vous coûtera plus cher alors que l'inflation sur un an devrait atteindre 7% en janvier selon l'Insee. Mais alors, combien d'argent faut-il avoir sur son compte courant ? « Pas plus d'un mois de salaire », répondent généralement les experts. Auquel peut venir s'ajouter un petit matelas de sécurité pour éviter un découvert inopiné.

Combien d'argent garder sur votre compte courant ?