Toutes les banques traditionnelles ou presque proposent aujourd’hui un ou des produits solidaires. Selon Sophie des Mazery, directrice de Finansol, que nous avons interrogée, la crise n’a pas eu d’impact négatif sur ce type d’épargne, qui continue à progresser.

Pouvez-vous nous présenter Finansol ?

« Finansol est une association qui regroupe les différents acteurs de la finance solidaire : les réseaux bancaires, les acteurs qui bénéficient de l’épargne solidaire et des institutions comme la Caisse des Dépôts. Son objectif est de favoriser la solidarité dans la finance et dans l’épargne, et d’en suivre les évolutions et les tendances. Nous avons également une action de promotion du label Finansol, qui est attribué en fonction de critères de solidarité et de transparence : le client doit par exemple être informé de la constitution des produits ; il doit aussi savoir que son épargne est investie dans des entreprises ou des associations ayant un fort engagement environnemental ou social. Notre communication auprès du grand public se fait au travers de divers événements, comme la semaine de la finance solidaire, les baromètres publiés dans La Croix ou le Grand prix de la finance solidaire dans Le Monde… Nous cherchons également à faire en sorte que le cadre législatif et fiscal dans lequel évoluent les acteurs de la finance solidaire soit le plus favorable possible pour qu’elle puisse se développer. »

Le 15 décembre 2011, Finansol tirait la sonnette d’alarme sur les conséquences du budget 2012, qui prévoyait de réserver les réductions d’impôts au titre de la souscription au capital de PME aux petites entreprises en phase d’amorçage, de démarrage ou d’expansion. Avez-vous été entendu ?

« Oui, les entreprises solidaires ont pu continuer à bénéficier d’avantages fiscaux pour leurs souscripteurs personnes physiques. En effet, si la personne est assujettie à l’ISF, elle bénéficiera d’une déduction de 50% du montant de sa souscription et si elle est assujettie à l’impôt sur le revenu, sa déduction sera de 18% »

La crise financière a-t-elle eu un impact sur le nombre d’épargnants ou le volume de l’épargne solidaire ?

« Nous n’avons pas encore les chiffres exacts de 2011 mais l’encours et le nombre d’épargnants solidaires continuent à progresser. Nombreux sont ceux qui se posent la question du sens qu’ils souhaitent donner à leurs placements et y répondent grâce à la finance solidaire. Ce type d’épargne n’est donc pas un effet de mode mais bien un mouvement de fond. Depuis 10 ans, Finansol suit de près les chiffres liés à l’épargne solidaire. Elle a continué à se développer de façon significative, que l’on soit en période d’euphorie boursière ou de crise financière. En terme d’encours, on est passé de 1,6 milliards à 3,1 milliards d’euros entre 2008 et 2010. »

Existe-t-il un profil type d’épargnant solidaire ?

« Il est très difficile à établir. On peut dire qu’il s’agit plutôt de personnes soucieuses de leur environnement au sens large, ce qui se traduit notamment par une sensibilité aux problématiques sociales. Ce sont plutôt des CSP+, entre 40 et 65 ans, et qui ont de l’épargne. »

Quels produits propose-t-on à ces personnes ?

« On trouve majoritairement des livrets d’épargne, qui sont soit des livrets de partage soit des livrets d’investissement solidaire. Avec un livret d’épargne de partage, on donne entre 25 et 100% des intérêts à une ou plusieurs associations, proposées par la banque. Selon l’établissement considéré, le panel sera composé de 5-6 associations à près de 40 pour le Crédit Coopératif. Ces livrets sont sur-rémunérés, entre 0 et 0,5% au-dessus du Livret A. De plus, les intérêts donnés sont déductibles des impôts suivant la fiscalité applicable au don. Grâce à cela, les revenus des livrets d’épargne de partage sont quasiment équivalents à ceux servis par les autres livrets d’épargne. D’autre part, on trouve les livrets d’investissement solidaire. A l’inverse des livrets de partage, ils sont un peu sous-rémunérés car c’est cette fois l’encours qui permet le financement d’activités à forte utilité sociale ou environnementale. Les fonds collectés vont ainsi être utilisés par les banques pour offrir un prêt à taux réduit aux associations ou aux entreprises développant ce type d’activités. »

Dans l’épargne solidaire, on trouve aussi des assurances vie

« Aujourd’hui, il en existe très peu. On trouve notamment la Carac, mutuelle d’épargne et de retraite. Il s’agit principalement d’assurances-vie de partage, c’est-à-dire qu’il peut y avoir un partage entre le collecteur et les associations. En terme de fiscalité, pour l’instant, le don n’apporte rien, probablement car très peu d’assurance-vie solidaires existent. Il y a donc des possibilités de développer l’assurance-vie solidaire, soit sur des fonds en euros soit sur des fonds multi supports. C’est après tout le produit d’épargne préféré des français. »

Quelles sont les activités les plus aidées ?

« Lors de l’enquête annuelle que nous réalisons avec l’Ipsos, les Français déclarent vouloir financer par leur épargne les activités qui développent l’emploi (46%), le logement social (21%), l’environnement (21%), la solidarité internationale (moins de 10%). En réalité, le logement social mobilise un financement important car investir dans l’immobilier a un coût significatif. On retrouve ensuite les activités respectant l’environnement, puis l’emploi. En 2010, les livrets d’investissement solidaire ont permis la création et la consolidation de 34.000 emplois en France et le relogement de 2.500 familles. »