Plusieurs annonces du chef de l’Etat dimanche soir touchent directement votre pouvoir d’achat, à commencer par le niveau des impôts. Et, pour certains, les promesses annoncées ne sont pas toujours au rendez-vous.

Elle était très attendue. L’allocution du chef de l’Etat dimanche soir a été suivie par plus de 23,5 millions de téléspectateurs. Emmanuel Macron a annoncé une accélération du déconfinement après 3 mois bouleversés par l'épidémie de coronavirus. Il en a profité pour se féliciter des « 500 milliards » déjà mobilisés pour parer à la crise économique qui frappe le pays.

Mais qui devra payer cette somme vertigineuse ? Et les dispositifs mis en place comme le chômage partiel vont-ils se poursuivre ? Au-delà des propos du locataire de l’Elysée, les membres du gouvernement se relaient dans les médias depuis ce matin pour en préciser les contours. Voici ce que l’on sait pour l’instant.

Des hausses d’impôts à prévoir ?

Qui va régler la note de la crise ? Emmanuel Macron a écarté toute augmentation d'impôt dans un pays parmi ceux où « la fiscalité est la plus lourde ». Enfin, pour l’instant. De nombreux économistes pensent, qu’un jour ou l’autre, il faudra bien finir par actionner ce levier. Thomas Piketty a même estimé ce lundi que, contrairement à l'engagement du président Emmanuel Macron de ne pas alourdir la fiscalité, une hausse d'impôts avait déjà eu lieu avec la prolongation d'un prélèvement destiné à rembourser la dette sociale. « Ce qui m'embête, c'est tous les non-dits. [Emmanuel Macron] nous dit, par exemple, je ne vais pas augmenter les impôts. Sauf qu'en fait, on les a déjà augmentés », a martelé l’économiste sur France Inter.

Des jours de congés supprimés ?

Pour le chef de l’Etat, la réponse ne se trouve pas dans les hausses d’impôts mais dans le fait de « travailler et produire davantage pour ne pas dépendre des autres ». Mais que signifie vraiment travailler plus ?

« Il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire », estimait, en avril, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dans un entretien accordé au Figaro. Une proposition qui a fait bondir les syndicats, mais pas que. « Enlever un jour de congé pour booster la croissance, c'est un peu une fausse bonne idée qui réapparaît en France après chaque crise et qui équivaut à une baisse de salaire déguisée », répondait alors auprès de l'AFP Grégory Claeys, économiste à l'institut Bruegel à Bruxelles.

Ce lundi matin, les ministres en charge de Bercy ont précisé les intentions du président de la République. Sa demande de « travailler et produire davantage » signifie qu'il faut « travailler tous » et non pas demander aux salariés d'abandonner des jours de congés, a estimé sur Franceinfo Bruno Le Maire. « Il faudra trouver un emploi pour les jeunes qui vont entrer sur le marché du travail dans quelques mois, (...) il faudra faire attention à ce qu'on ne licencie pas massivement des personnes de plus de 50 ans par solution de facilité », a-t-il précisé.

Son collègue, Gérald Darmanin, le ministre du Budget, a souligné au même moment qu'il n'était pas question de « décider du temps de travail des Français ». Interrogé sur BFMTV, il a exclu une réforme des 35 heures au niveau national.

Baisse de l’indemnisation de chômage partiel ?

Cafouillage au sommet de l’Etat. Toujours sur BFMTV, Gérald Darmanin a laissé entrevoir une nouvelle baisse de la prise en charge du chômage partiel, à partir du 1er juillet, pour passer en salaire brut à « 60% au lieu de 70% » actuellement. Selon lui, les salariés « ne verront sans doute pas la différence » puisqu'il « appartient aux chefs d'entreprises de compenser les 10 ou 15% que l'Etat ne mettra plus ». Rétropédalage dans la foulée du gouvernement. Le ministère du Travail assure que la règle reste la même le 1er juillet. Aucune baisse de l'indemnisation du chômage partiel pour les salariés ni diminution de sa prise en charge pour les entreprises n'aura lieu à cette date. « L'information selon laquelle l'indemnisation des salariés en activité partielle passerait à 60% du brut au 1er juillet est inexacte. Il n'y aura aucun changement d'indemnisation pour les salariés en activité partielle au 1er juillet », a précisé le ministère dans un message à la presse.

Une baisse de la TVA ?

C’est une des pistes régulièrement glissée pour pousser les Français à consommer davantage : baisser la TVA. C’est ce que vient de faire l’Allemagne par exemple. En France, Les Républicains ont proposé d’alléger la TVA sur la restauration en la faisant passer de 10% à 5,5% C’est « niet » pour le gouvernement. Bruno Le Maire explique qu’il existe déjà « beaucoup de taux réduits sur des produits » et qu’il n’est donc pas question de revenir sur les taux actuels, surtout à l'heure où le pays va enregistrer un déficit budgétaire record en 2020.