Moins souple dans son fonctionnement que le livret d’épargne, l’assurance vie est plutôt utilisée pour se constituer, à moyen ou long terme, un complément de revenus ou un capital à transmettre. Toutefois, la généralisation des produits sans frais de versements permet d’élargir son usage à la gestion de son épargne de précaution, et de profiter ainsi d’une fiscalité plus avantageuse et, potentiellement, d’une meilleure rémunération. Explications.

Traditionnellement, dans le bas de laine des épargnants français, les rôles sont bien répartis. D’un côté, les livrets d’épargne, et en premier lieu le Livret A, pour l’épargne de précaution, celle qu’on veut pouvoir mobiliser rapidement en cas de coup dur ; de l’autre, l’assurance-vie, pour se constituer un patrimoine pour soi ou pour transmettre, ou un complément de revenus pour la retraite.

Ces usages correspondent aux caractéristiques des deux produits d’épargne. Le livret cumule trois avantages : l’absence de frais d’entrée et de gestion, la disponibilité de l’épargne investie et l’absence d’aléas sur la rémunération. L’assurance-vie, quant à elle, affiche des perspectives de rendement supérieures. En 2012, dans un contexte pourtant très défavorable, les fonds en euros, qui garantissent le capital investi, ont encore rapporté en moyenne près de 3% nets de frais, quand le rendement moyen des livrets fiscalisés se situait, fin 2012, autour de 1,8%. Elle bénéficie aussi d’un régime fiscal avantageux, avec une quasi-exonération des revenus au-delà de la huitième année de détention. Idéal pour un placement à moyen ou long-terme.

Le frein des frais d’entrée

Paradoxalement, c’est cette fiscalité privilégiée qui semble freiner l’extension des usages de l’assurance-vie. Nombre de Français pensent en effet que leur argent y est quasiment bloqué pendant huit ans, c’est-à-dire tant que la fiscalité n’est pas optimale. Ce qui n’est pas le cas. Les rachats partiels sont toujours possibles. Plus ils sont effectués tôt après l’ouverture du contrat, plus la part d’intérêts compris dans le rachat sera faible, et avec elle la fiscalité due. Ainsi, dès la première année d’existence du contrat, les retraits seront soumis à l'impôt, mais que sur la base de cette part d'intérêts, et pourront être intégrés à la déclaration des revenus, ce qui est favorable aux épargnants dont le taux d’imposition est bas. Pour les autres, sur option, l’assurance-vie bénéficie toujours du prélèvement forfaitaire libératoire, certes assez élevé au cours des quatre premières années d’existence du contrat (35%), mais qui baisse à 15% dès la cinquième année.

Il existe toutefois un autre frein à l’extension de l’usage de l’assurance-vie pour une épargne à court-terme : les frais d’entrée, qui peuvent atteindre les 5% sur certains produits. Toutefois, les contrats d’assurance-vie sans frais d’entrée se multiplient, l’émergence d’internet comme canal de distribution permettant aux compagnies de faire l’économie du commissionnement de leur réseau.

Le cas du « Livret Vie »

Dans ce contexte, certains assureurs n’hésitent pas à mettre l’accent sur la souplesse d’utilisation de leurs contrats. C’est le cas, notamment, de Mutavie, filiale d’assurance-vie de la Macif. Celle-ci commercialise un produit nommé « Livret Vie ». Tout est dit dans son slogan : « L’épargne assurance-vie simple comme un livret ». Livret Vie, ainsi rebaptisé en 2007, existe depuis 1987 sous le nom d’Actiplus 2. Il est donc un des premiers contrats d’assurance-vie sans frais d’entrée en France. Mutavie a depuis creusé ce filon, en ne fixant pas de seuil de versement à l’entrée, en ne pénalisant pas les rachats en cours d’année et en raccourcissant les délais de traitement des demandes de rachats. « Pour la Macif, cette souplesse est un élément différenciant », explique ainsi Isabelle Delannoy, responsable développement et partenariats de Mutavie. « Certes, elle facilite les retraits, mais elle est aussi un facteur de fidélisation, car les clients sont contents de pouvoir en bénéficier. »

C’est en observant les usages de ses clients que Mutavie a décidé de renommer son produit, et d’utiliser la souplesse comme argument commercial. « Nous avons tous besoin, au quotidien, d’un support d’épargne très liquide. En France, le Livret A correspond à ce besoin », poursuit Isabelle Delannoy. « Ensuite, nos clients utilisent le Livret Vie pour se constituer une épargne plus conséquente, mais facilement mobilisable pour faire face à certains gros aléas, comme le remplacement d’une voiture. Ils épargnent pour le moyen ou le long-terme, retire éventuellement en cas de coup dur, puis se remettent à épargner. »

Attention à l’impact sur le rendement

Toutefois, cet usage a des limites, selon le spécialiste de l’assurance-vie Cyrille Chartier-Kastler. « Effectivement, si le contrat a plus de huit ans et qu’il n’y a pas de frais, on peut s’en servir comme un livret, mais aux dépens du rendement », estime le créateur du site Good Value for Money. Cela dépend, en fait, du contrat : certains pénalisent les sorties en cours d’année, en ne les rémunérant qu’au taux minimum garanti. « Soit 1,25% ou 1,50% avant prélèvements sociaux », complète Cyrille Chartier-Kastler. D’autres, comme le Livret Vie, complètent la rémunération de ces rachats a posteriori, au moment de la publication du rendement définitif du fonds en euros. Il s’agit donc, pour ceux qui veulent utiliser leur assurance-vie comme un livret, de bien choisir leur contrat.